Quand et de quelle manière la Tunisie doit-elle être présente au festival de Cannes. Une série d'interviews vidéo précédées par un communiqué expliquent la raison d'être de la campagne «Tounsi fi Cannes». La Fédération tunisienne des ciné-clubs, présidée par Ramzi Laâmouri, a lancé cette action qui pose des questions relatives à la représentativité du cinéma tunisien au festival de Cannes, dont la 69e édition qui s'est déroulée du 11 au 22 mai 2016. «Cannes, une occasion pour offrir notre plus beau sourire sous les projecteurs internationaux, de fêter 50 ans du cinéma tunisien avec le monde entier, et de susciter la curiosité des cinéphiles tunisiens à connaître des films nationaux, dont la plupart est ignorée», stipule le communiqué. Dans la ligne de mire, le pavillon qui représente chaque année la Tunisie à Cannes, une constante bureaucratique qui ne reflète pas de vision ou de politique cinématographique claire, selon les membres de la fédération qui, de par son historique, a joué un grand rôle dans la formation de générations de cinéastes tunisiens et dans la naissance des journées cinématographiques de Carthage en 1966. La parole a justement été donnée à certains de ces cinéastes et comédiens. La première vidéo de Tounsi fi Cannes a été diffusée le 15 mai. Abdelmoneem Chouaïet y raconte des anecdotes sur son expérience avec Cannes et d'autres festivals qui ont ponctué son parcours. Les trois autres vidéos sont dans le même esprit avec Moncef Dhouib, Fatma Ben Saïdane et Ahmed Hafiene qui racontent chacun un scénario, imaginaire ou inspiré de la réalité, où ils abordent la participation tunisienne à Cannes sur un ton ironique. «C'est une manière d'attirer l'attention et de remettre en question des notions comme le pavillon et la délégation», nous explique Yasmine Bhar, la chargée de communication de la Ftcc. «A l'approche du cinquantenaire des JCC, rien ne change dans la politique cinématographique adoptée par le centre national du cinéma et de l'image», continue-t-elle. Quant et de quelle manière aller au festival de Cannes et quelle est la pertinence du pavillon tunisien. Des questions que les jeunes de la Ftcc posent dans la campagne «Tounsi fi Cannes», qui vise également à attiser la curiosité d'autres jeunes sur des œuvres du cinéma tunisien. «Devant le constat du manque aberrant de documents officiels qui retracent l'histoire du cinéma local, nous avons choisi sept films que nous voulions mettre en valeur, dont L'homme de cendres de Nouri Bouzid et Les silences du palais de Moufida Tlatli, et qui sont évoqués dans les vidéos de notre compagne », décrit Yasmine Bhar. Tounsi fi Cannes n'a jusque-là pas eu de feed-back du Cnci et du ministère de la Culture. «Cela fait quatre mois que nous essayons de rencontrer la ministre de la Culture Sonia Mbarek, en vain», affirme notre interlocutrice. L'action de la fédération ne s'arrête pas à cette campagne, et prévoit des projets comme une cinémathèque et des ciné-clubs dans les écoles, les collèges et les lycées, qui tardent à se réaliser à cause du manque de financement. Quant à «Tounsi fi Cannes», son prochain volet, un documentaire qui rassemble les témoignages des quatre interviewés, sera projeté lors de la nuit du cinéma, organisée par la Ftcc et annoncée pour le 24 juin.