Le parti islamiste controversé Hizb Ettahrrir s'apprête à tenir son congrès annuel. Pour cette année, le parti a choisi de faire les choses dans les règles de l'art : réservation du Palais des Congrès, mise en ligne d'invitation avec effets sonores et tout ce qui va avec et maquettes annonçant le thème général du congrès qui n'est autre que ‘le prochain califat sauvera le monde'. ‘Comment Hizb Ettahrrir accèdera au pouvoir', ‘comment instaurer le califat pour faire face aux forces mondiales comme les Etats-Unis d'Amérique, la France ou la Russie' et beaucoup d'autres questions, qui vont, bien évidement, dans le même sens, seront les principales problématiques auxquelles répondront les dirigeants de Hizb Ettahrrir le 4 juin prochain. L'année dernière, le parti avait organisé son congrès annuel à la Coupole d'El Menzah en nous offrant un spectacle digne du Moyen-âge. Hizb Ettahrrir, ce parti qui a refusé de participer aux dernières élections de 2014 sous prétexte que ces dernières vont à l'encontre de la chariâa, expose au grand jour ses idéaux extrémistes dans un Etat possédant une Constitution qui stipule, clairement, son caractère civil. Pourtant, et lors de sa rencontre avec des rédacteurs en chef de quelques médias tunisiens au cours du mois d'avril dernier, le chef du gouvernement, Habib Essid, avait assuré que l'Etat avait déposé trois plaintes à l'encontre de Hizb Ettahrrir. L'une de ces trois plaintes comprend une demande de dissolution du parti en question. Essid avait fait cette annonce lors des événements de l'île de Kerkennah en assurant avoir en sa possession des éléments qui prouvent l'implication de Hizb Ettahrrir – et du Front populaire d'ailleurs – dans les incidents de violence. Depuis cette annonce, nous n'avons vu aucune procédure se concrétiser. Par contre, on ne cesse de constater que Hizb Ettahrir et ses dirigeants sont dans une dynamique de provocation et d'entêtement par rapport à l'Etat, à ses lois et, surtout, à sa Constitution. Malheureusement, ce rapport de forces semble aller dans le mauvais sens ; tandis qu'Ettahrir continue dans son « élan », le gouvernement semble revenir sur sa décision en ne donnant aucune suite quant aux plaintes qu'il est supposé avoir déposées depuis maintenant plus d'un mois. Hizb Ettahrir avait déposé une première demande d'autorisation en mars 2011 : à l'époque où Béji Caïd Essebsi était chef du gouvernement provisoire, cette demande avait été refusée par le gouvernement qui avait appliqué la loi du 3 mai 1988 organisant les partis politiques. Toutefois, la deuxième demande d'autorisation a été validée en juillet 2012, à l'époque du premier gouvernement de la Troïka. Aujourd'hui, et après leur avoir donné la possibilité d'exercer leurs activités ‘légalement', les dirigeants du mouvement d'Ennahdha semblent avoir tourné le dos à Hizb Ettahrrir : lors de leur dixième congrès, les Nahdhaouis ont adressé des invitations à toutes les tendances politiques en exceptant Hizb Ettahrir. Face à cette ‘marginalisation', l'ancien porte-parole du parti en question, Ridha Belhadj, avait adressé une lettre ouverte aux dirigeants d'Ennahdha où ‘il leur a rappelé leur historique avant qu'ils ne commencent à faire de la politique'. Indépendamment de l'historique et des promesses non-tenues, le gouvernement est aujourd'hui dans l'obligation d'agir face à cette provocation sans nom de Hizb Ettahrir. Dans le cas contraire, Habib Essid devrait nous dévoiler le sort des trois plaintes dont on nous a si souvent parlées.