Malgré la complexité de la tâche, beaucoup d'intéressés espèrent que la Consultation nationale sur la Recherche scientifique prévue pour les 19 et 20 novembre 2007, au Parc des expositions du Kram, dans la banlieue nord de Tunis, réussira, enfin, à imprimer au secteur l'élan nécessaire à son décollage tant attendu. A cet égard, Mr Raouf Bennaceur, nouveau président de la Société Tunisienne de Physique (STP), enseignant chercheur à la Faculté des sciences mathématiques, physiques et naturelles de Tunis, et expert associé à la préparation de ces Assises nationales de la Recherche , nous a fait part de son optimisme concernant leur aboutissement à des résultats encourageants , grâce à l'effort sérieux déployé depuis l'annonce de leur organisation afin d'assurer les conditions propices à leur réussite, en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes.
réalisations et problèmes Il a signalé, dans ce contexte, la tenue d'assises inter- régionales, tout au long du mois d'octobre dernier, en prélude à ces Assises nationales, organisées par le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie, et qui ont permis d'élaborer des rapports de synthèse étoffés sur les axes de réflexion fondamentaux inscrits à l'ordre du jour de cette Consultation nationale, à savoir la politique de recherche, l'état des lieux du secteur et ses orientations futures en fonction des objectifs convenus. Cette évaluation préliminaire a, notamment, mis l'accent sur les nombreuses réalisations accomplies, dans ce domaine, et illustrées par l'allocation de 1,25% du PIB au secteur et la mise en place d'un dispositif institutionnel impressionnant composé de 140 laboratoires et 630 Unités de recherche répartis entre une quarantaine de Centres de recherche spécialisés et près de 200 établissements d'enseignement supérieur, dans l'ensemble du pays, et employant une masse critique de 16 mille chercheurs, environ, parallèlement à l'ambitieux programme en cours d'exécution tendant à la création de 12 technopoles dans les différentes régions dont 3 sont opérationnelles. Cependant, le secteur de la Recherche scientifique, en Tunisie, n'est pas, encore, parvenu au niveau performant atteint, en la matière, par des pays émergents de la taille de la Tunisie , notamment en Asie. Selon notre interlocuteur, outre les nombreux problèmes d'ordre technique qui continuent de handicaper quotidiennement le travail des chercheurs tunisiens et liés à la pesanteur des procédures administratives et au manque d'équipements et de locaux appropriés, le secteur de la Recherche scientifique, en Tunisie, souffre, toujours, de l'absence d'une stratégie politique globale à même de fédérer réellement les activités de recherche autour de choix clairs. Les activités de recherche restent dispersées bien que l'idée de fédération soit reconnue et essayée à travers le lancement de plusieurs projets de recherche fédérés (PRF), dans des domaines jugés prioritaires comme l'eau, la santé, l'énergie, l'environnement. D'autres chercheurs présents à la rencontre dont MM. Abdelamlek Youssef Bizid, vice-président de la STP et Habib Zengar, professeur à la Faculté des sciences et ancien doyen, ont, ainsi, signalé le manque de salles dites blanches et autres installations similaires indispensables pour effectuer des manipulations et des mesures dans des domaines et disciplines pointus comme ceux des télécommunications et micro-ondes.
Et la performance ? L'acquisition d'une salle blanche pour le compte de la technopole de Borj Cédria est projetée. Les locaux abritant les laboratoires et les unités de recherche sont pour la plupart inadéquats et même insalubres, tandis que la gestion des crédits alloués aux activités de recherche pâtit, encore, de la lourdeur de la comptabilité publique. Pourtant, malgré cet environnement sous-développé, beaucoup de laboratoires tunisiens se positionnent et se développent. D'où l'importance accordée à la question de l'amélioration de l'environnement de la Recherche dans les débats prévus, à cette occasion. D'autant qu'il est envisagé de promouvoir les Unités de recherche en autant de laboratoires pour assurer l'intégration du Système national tunisien de recherche dans des réseaux régionaux et internationaux plus vastes susceptibles de l'enrichir par les échanges à l'échelle mondiale. Dans cet esprit, Mr Raouf Bennaceur a insisté sur la nécessité de renforcer la connexion entre la formation et la Recherche d'une part et la Recherche et les entreprises de production et l'environnement économique et social, en général, d'autre part. Notre enseignement semble favoriser, encore, la formation de têtes bien pleines plutôt que des têtes bien faites capables de raisonner par elles mêmes et pouvant accéder, de plain - pied, au vaste champ de l'invention, de l'innovation et de la création. Aussi, comme nous l'avaient affirmé, auparavant, plusieurs chercheurs, il ne peut y avoir de Recherche scientifique performante sans un enseignement supérieur performant, ce qui justifie le rattachement de la recherche scientifique aux ministères chargés de l'enseignement supérieur dans plusieurs pays du monde dont dernièrement la Tunisie , après des expériences de séparation. En effet, c'est la performance scientifique et créatrice des laboratoires qui compte aux yeux des entreprises économiques de production et non pas leur statut juridique. Les nouvelles technologies et les nouvelles idées sont demandées là où elles sont disponibles. C'est, donc, en donnant la mesure de sa créativité et de son efficacité que le secteur peut être un facteur d'entraînement, sous toutes les formes possibles qu'il peut revêtir, y compris la libéralisation, tant qu'il est mis au service du développement dans son acception totale et globale, économique, social, scientifique et culturel. Car, une telle option accorde la place qui sied, autant à la recherche appliquée au service immédiat du développement qu'à la recherche fondamentale génératrice de savoir et de nouvelles connaissances. C'est aussi grâce à une telle orientation que toutes les forces vives constituées indifféremment des chercheurs, ingénieurs et simples ouvriers, peuvent être mises à contribution, car l'innovation qui consiste à améliorer ce qui existe, peut, très bien, être l'œuvre de simples ouvriers. A ce sujet, MM. Bennaceur et Bizid ont évoqué le rôle dévolu aux Sociétés savantes comme la STP , dans ce domaine. S'inspirant de cette conception globaliste, la STP a saisi son dernier congrès tenu en juin pour mettre en œuvre un programme d'actions prêtant un intérêt égal à la formation, et aux activités de recherche dans leur volet tant fondamental qu'expérimental. Elle a converti le concours national de physique qu'elle organisait, auparavant, tous les deux ans, à l'intention des élèves de la sixième année secondaire en un concours annuel , et ce avec le soutien du ministère de l'éducation et de la formation, créé une Olympiade de physique expérimentale à l'intention des étudiants , un forum des thésards en Physique, et ce parallèlement à plusieurs autres activités similaires nouvelles et anciennes , parmi lesquelles le traditionnel Colloque national de recherche en Physique qu'elle organise tous les deux ans et dont la 9ème édition est prévue du 17 au 20 mars 2008.