En cette fin de saison culturelle, Ghaya Gallery, à Sidi Bou Saïd, crée l'événement pictural en organisant depuis le 4 et jusqu'au 19 juin une exposition personnelle du doyen de nos artistes plasticiens tunisiens Jellal Ben Abdallah. Sous le titre de «Dans l'atelier de Jellal Ben Abdallah», l'exposition, mise en place par Amin Bouker auteur du livre «Jellal Ben Abdallah, sous l'artifice, la simplicité», annonce d'emblée son originalité dans la mesure où l'artiste ouvre pour la première fois son atelier au public. Jellal Ben Abdallah dévoile, en premier, l'album resté secret de son enfance à travers des pages de ses cahiers d'écolier lorsqu'il griffonnait en cachette des dessins et des esquisses à la mine de plomb. Cela se situe entre 1929 et 1934. Mais les esquisses de portraits au crayon annonçaient déjà le style du dessinateur. Ce dernier choisira la miniature, dès son installation à Sidi Bou Saïd, en 1936, pour devenir le maître incontesté de cette expression. La reconstitution de l'atmosphère de l'atelier de Ben Abdallah nous révèle la genèse de l'œuvre, voire la glaise de la création. Car Jellal Ben Abdallah nous a fait aimer cette expression artistique qui annonce la douceur et le raffinement, le goût du parfait et l'amour de la vie. Le regard subjectif nous emporte, car l'œuvre de cet artiste nous séduit. Cette exposition réveille en nous moult souvenirs. Dans ses expositions personnelles ou avec le groupe de l'Ecole de Tunis à la galerie municipale des arts, rebaptisée galerie Yahia (après la mort du grand Yahia Turki), à la galerie de l'Information et à l'ancienne galerie Gorgi, à Mutuelleville, on courait voir les tableaux de Jellal Ben Adallah comme sortis d'un conte de fées. Ses œuvres se mettaient en évidence parmi celles d'autres ténors de notre peinture, à l'instar de Zoubeir Turki, Abdelaziz Gorgi, Ali Bellagha, Hédi Turki, Hassen Soufy...Dans cette exposition rétrospective, qui a lieu dans le fief de l'artiste, les travaux en petits formats côtoient ceux en formats moyen et grand. Témoin de son époque Mais le trait caractéristique de Ben Abdallah est toujours présent, sacrifiant aux envies et à la liberté d'expression plastique de l'artiste. Dans son texte de présentation de l'exposition, Lyes Annabi, enseignant d'histoire de l'art, dit, en substance, « A l'occasion de cette rétrospective, une partie non négligeable de cette matière brute apparaît pour la première fois au grand jour. Elle prend la forme de factures, de techniques et de supports multiples embrassant une période allant du premier Ben Abdallah, celui de 1936, jusqu'à l'actuel...Ben Abdallah nous convie au spectacle d'une gestation artistique pour autrui, à un exercice de génétique où les chromosomes mâles de la réflexion le disputent aux chromosomes femelles de l'affect, ceux de l' « anima » au sens bachelardien du terme. » Jellal Ben Abdallah révèle l'inépuisable beauté avec des traits simples sans trop philosopher la vie. Il est le témoin de son temps, mais aussi et particulièrement des êtres et des choses qui l'entourent qui lui font aimer la vie. Son œuvre s'inscrit dans une démarche évolutive qui a toujours épousé son époque.