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Pour tous les publics? Pour toutes les bourses?
Publié dans Le Temps le 28 - 06 - 2016

Avec un budget de 2,4 millions de dinars, le festival de Carthage s'impose comme l'une des manifestations les plus importantes dans notre paysage culturel. Quelles sont les têtes d'affiche de cette nouvelle session? Quelles sont les lignes de force de cette édition et ses caractéristiques principales? De Maître Gims à Ziad Gharsa, de Najwa Karam à Kadhem Essaher, de Khaled à Jason Derulo, demandez le programme!
La traditionnelle conférence de presse du festival international de Carthage (FIC) aura lieu ce soir, mardi 28 juin, à l'Acropolium et donnera l'occasion à Mohamed Zinelabidine, directeur de cette 52ème édition de présenter aussi bien la programmation de cet été que la nature de ses choix artistiques.
En attendant ce rendez-vous, nous pouvons d'ores et déjà révéler à nos lecteurs de nombreux aspects du programme du FIC qui se déroulera cette année du 13 juillet au 25 août. Cette session du festival proposera 33 soirées au total dont cinq cinématographiques et huit qui se dérouleront à l'espace Saint-Cyprien avec des artistes tunisiens dans les domaines de la musique et de la danse.
Les lignes de force (et de fracture) de cette 52ème édition sont simples à relever car le programme pèche par un déséquilibre entre les soirées dites internationales et le reste qui fait la part trop belle aux chanteurs arabes de tous horizons.
Ainsi, il semble que le FIC a décidé de suivre les tendances du public actuel, évitant ainsi de se retrouver face à des gradins dégarnis mais perdant au passage un pan fondamental de l'identité culturelle du festival. Pas de jazz ni de chanson française, pas de présence italienne, aucun ballet digne de ce nom, aucune grosse pointure internationale...
Toutefois, le festival de cette année aura vraisemblablement les qualités de ses défauts. En effet, l'occasion est belle pour les artistes tunisiens de briller et ils le feront! En effet, la production nationale sera présente surtout en ce qui concerne la musique et les stars arabes qui fouleront la scène sont en général plébiscitées par le grand public. Dès lors, pour que la fête populaire qui s'annonce soit totale, il est fondamental de bien étudier les prix car la majorité des propositions du festival s'adressent au même public qui pourrait être vite saturé par l'avalanche.
Nous n'en sommes pas là pour le moment même si nous pouvons dès à présent déceler quelques axes importants dans le programme, nonobstant le pourquoi de ces choix de la direction qui devraient être expliqués aujourd'hui en conférence de presse.
Stars en demi-teinte
et avalanche
de crooners arabes
La musique va régner sur le FIC avec un nombre important d'artistes arabes et tunisiens qui se succéderont sur la scène du Théâtre antique. Au programme, des stars adulées par le public populaire à l'image de Samira Said, Najoua Karam, Kadhem Essaher, Saad Lemjared ou Melhem Baraket. Tous ces chanteurs dont la venue a dû coûter des sommes astronomiques si on en juge le budget du festival se produiront en l'espace de 15 jours, entre le 15 juillet pour Samira Said et le 2 août pour Melhem Baraket. Le public pourra-t-il suivre le rythme? Nous le verrons bientôt.
Les chanteurs tunisiens ne seront pas en reste même si leur nombre ne sera pas pléthorique et que certaines pointures que l'on attendait (Lotfi Bouchnak, Soufia Sadok) ne seront pas de cette session. Seulement trois galas tunisiens! Le premier avec Ziad Gharsa qui pour l'occasion invitera Dorsaf Hamdani et le second avec Saber Rebai qui chantera à l'occasion de la fête de la Femme le 13 août. Enfin, Yosra Mahnouche qu'on annonce comme une révélation aura l'honneur de clôturer le festival dans un concert qui promet une découverte alors qu'il aurait été plus judicieux d'assurer avec une véritable tête d'affiche.
La portion congrue du festival revient cette année à la variété internationale avec cinq spectacles seulement. Si Khaled devrait logiquement faire le plein, le public devrait aussi réserver une ovation à Maître Gims dont les tubes sont repris en refrain par les jeunes et largement diffusés par les radios. Autres artistes présents, Jason Derulo, Low Deep T et le reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly devraient drainer des publics spécifiques mais là encore attention, car à force de diluer, on perd et le projet artistique qui structure le festival et le public qui ne se déplacerait pas nécessairement en masse.
En fait, le défaut de la cuirasse du festival est d'une évidence palpable: cette programmation qui prétend tourner le dos au culturel proprement dit pour caresser dans le sens du poil le grand public pourra-t-elle parvenir à ses fins? Autrement dit, est-ce que le seul critère du FIC est devenu l'affluence du public? Ou bien la qualité artistique des invités internationaux compte-t-elle encore?
Le bonus aux démarches musicales contemporaines
Le point fort du festival, son identité culturelle, il ira la puiser cette année dans les soirées musicales conceptualisées. En effet, elles seront nombreuses et finement choisies. Ces spectacles musicaux se doublent d'une démarche intellectuelle et de véritables projets artistiques et même si elles ne draineront pas de public pléthorique, elles renseigneront sur l'état des lieux de la créativité.
Dès la soirée d'ouverture, le ton sera donné avec l'Orchestre symphonique tunisien qui se produira le 13 juillet avec l'Orchestre de la radio ukrainienne, le groupe orchestral de Mohamed Koubaa et le groupe des Voix de l'opéra de Tunis. Cette soirée devrait donner toute la mesure de la culture musicale classique en Tunisie et également celle des passerelles qui existent actuellement entre le bel canto et les artistes arabes qui, virtuoses sur leurs instruments, rêvent de participer pleinement aux courants contemporains.
Cette tendance du festival à structurer autour de la musique sera confirmée par "Ouhebou el bilad", un spectacle musical de la Troupe nationale de Musique qui saluera à sa manière la République tunisienne, le 25 juillet prochain. Cette soirée sera également l'occasion pour Nasreddine Chalbi de présenter son oeuvre "Fellaga", elle aussi conceptualisée et sous-tendue par un projet artistique.
Mouna Amari sera aussi présente au FIC avec "Je chante pour la paix" alors que le duo tuniso-yéménite formé par Marwa Griaa et Oussama Mahboub présentera "Rencontre". Cette seconde soirée thématique renseigne sur l'esprit des organisateurs du festival qui ont ouvert un champ appréciable aux créateurs non-conventionnels, c'est à dire ceux qui, forts d'une démarche, développent une oeuvre en dehors des lois du marché de la musique de variétés.
Ce choix est à saluer et constitue l'articulation de l'ensemble du programme de l'espace Saint-Cyprien qui offrira à de nombreuses valeurs sûres et montantes de participer au FIC sans subir les aléas d'un théâtre vide. Ainsi, Khaled Slama, Fakher Hakima, Raoudha Abdallah, Yasmine Azaiez ou Chadi Garfi seront au rendez-vous dans un espace plus réduit et face à leur public. Il s'agit d'une sorte de festival off qui - le paradoxe est cruel - constitue bel et bien l'étoffe culturelle du FIC. C'est dire les exercices d'équilibrisme auxquels doivent s'astreindre les animateurs de Carthage pour satisfaire à la fois le public populaire et le public culturel...
Ces soirées conceptuelles prendront aussi la forme d'un hommage qui sera rendu à Dhekra Mohamed qui aurait eu cinquante ans en 2016. L'artiste disparue sera honorée par la grande famille culturelle en cette soirée du souvenir et de la musique qui aura lieu le 9 août prochain.
Enfin, Jean-Pierre Hadida sera également présent avec sa comédie musicale "Madiba", un hommage à Nelson Mandela, précédé d'une réputation d'excellence.
Le septième art retrouve
des couleurs estivales
Sur un autre plan, le cinéma fera son grand retour à Carthage avec un cycle qui se déroulera du 22 au 25 août, prolongation cinématographique du festival après que les lampions de la musique se soient éteints.
En prélude à ce cycle de quatre films récents, la projection de "Suicide Squad" de David Ayer signera les retrouvailles du FIC avec le cinéma. Elle sera suivie par celle de "Chouf" de Kamel Dridi puis celle de "Moi Daniel Blake" avec lequel Ken Loach remportait la palme d'or du Festival de Cannes en mai 2016.
Un autre film primé à Cannes sera à l'affiche. Il s'agit de "Baccalauréat" de Christian Mangiu, prix de la meilleure mise en scène, au printemps dernier. Enfin, "La fille inconnue" des Frères Dardenne complète ces écrans carthaginois qui interviennent à la veille de la nouvelle saison cinématographique marquée par le cinquantième anniversaire des JCC.
Le programme général du FIC 2016 est complété par du théâtre. Lotfi Abdelli présentera une reprise de son stand-up à succès et le Théâtre national tunisien sera sur scène avec "Violences", la dernière création de Fadhel Jaibi et Jalila Baccar.
Telles sont donc les grandes lignes de la 52ème édition du festival international de Carthage qui, avec un budget de 2,4 millions de dinars est la plus importante manifestation culturelle de l'été tunisien. Dans ce contexte de crise, il importe de souligner que le budget du festival reste stable et conjugue harmonieusement la dotation du ministère et les apports du sponsoring. Toutefois, la stabilité recherchée du budget va-t-elle diluer l'identité artistique d'un festival qui se contente de juxtaposer des soirées avec la hantise de ne pas drainer la foule?
Que serait Carthage sans ce grain de folie qui a toujours accompagné les coups d'éclat du festival? Vaste question...


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