Les préparatifs du prochain congrès de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) seront au centre des débats lors de la réunion de la commission administrative de l'organisation prévue aujourd'hui à Hammamet. Cette réunion se penchera, en premier lieu, sur la fixation de la date et du lieu du congrès. Selon les bruits de couloirs qui circulent à la Place Mohamed Ali, l'intérêt se porte dans ce cadre sur la date du 20 janvier 2017, qui coïncidera avec la célébration du 71ème anniversaire de l'Organisation. S'agissant du lieu, les régions de Tunis et de Nabeul ont présenté des demandes pour abriter les travaux du congrès Les travaux de la commission administrative devraient aussi aboutir à un accord sur le mode du choix des délégués et la composition des commissions qui seront chargés d'élaborer les projets des motions. Outre l'adoption de nouvelles motions qui traceront les priorités de la centrale syndicale durant les cinq années à venir (révision du modèle de développement, réforme des régimes de sécurité sociale, réforme de l'éducation, amélioration du taux des syndiqués dans le secteur privé etc.) et l'élection d'un nouveau Bureau exécutif, le congrès doit adopter le projet de restructuration et d'amendement des statuts de l'organisation ouvrière. Ce projet, adopté lors du conseil national tenu en mai 2015 à Tozeur, prévoit notamment l'élargissement de la composition du Bureau exécutif à 15 membres contre 13 actuellement à condition que le nombre de retraités parmi ces membres ne dépasse pas les quatre. Les membres du Bureau exécutif sont élus au vote secret lors du congrès pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. La discrimination positive en faveur des femmes à travers la mise en place de quotas bien déterminés garantissant une bonne représentativité de la gent féminine au sein des diverses structures et instances dirigeantes de l'organisation figure aussi parmi les principaux amendements proposés. Le projet de restructuration préconise aussi la limitation du nombre des mandats des secrétaires généraux de fédérations à deux seulement et le renouvellement obligatoire du tiers des membres des bureaux exécutifs des fédérations ayant achevé deux mandats. Il prévoit également de fusionner les structures sectorielles ayant des activités semblables et qui ne répondent pas aux conditions exigées en termes de nombre d'adhérents. Le projet instaure, d'autre part, la limitation des mandats des présidents des commissions sectorielles du contrôle financier à deux seulement en vue de renforcer les règles de transparence et de bonne gouvernance ainsi que la création d'un centre d'études stratégiques et de recherches ayant pour mission d'élaborer des études relatives aux questions socio-économiques d'intérêt national tels que les régimes de sécurité sociale et les régimes de retraite. Le 23ème congrès de l'UGTT sera un événement de portée nationale dans la mesure où la centrale syndicale est un acteur incontournable de la scène politique tunisienne. L'organisation, fondée le 20 janvier 1946 par le leader syndicaliste Farhat Hached, a joué un rôle important dans la lutte pour l'indépendance, avant de s'unir avec le Néo-Destour dans le cadre d'un «Front national», regroupant aussi l'UTICA (patronat) et l'UNA (Union nationale des agriculteurs) pour rafler la totalité des sièges à l'Assemblée constituante chargée d'instituer la première République. Plusieurs personnalités issues de l'UGTT sont ainsi devenues ministres. Sous le règne de Bourguiba, le syndicat historique a oscillé entre soumission au parti-Etat et velléités d'indépendance. Après l'accession de Ben Ali au pouvoir, la direction de l'UGTT s'est progressivement inféodée au pouvoir. Cette tendance s'est poursuivi jusqu'aux derniers jours avant la chute du régime de Ben Ali. Au début des manifestations contre le chômage et la marginalisation à Sidi Bouzid , l'Organisation avait soumis timidement le mouvement avant d'appeler, sous la pression de ses cadres radicaux, à des grèves générales à Sfax le 12 janvier 2011 et à Tunis. Bien qu'il ait été relativement tardif, ce soutien a redoré le blason terni de la centrale syndicale et en a fait un interlocuteur incontournable de la transition démocratique qui impose sa cadence lors des négociations visant à trouver des issues aux crise politiques et économiques que traverse le pays depuis la révolution.