Les événements s'accélèrent en début de cette semaine après qu'Habib Essid ait annoncé sa décision d'aller vers l'Assemblée des représentants du peuple afin de présenter le bilan de son équipe. Avec cette annonce, Essid a marqué le début de la seconde étape de l'initiative présidentielle. Faisant partie de ceux qui mènent les concertations du palais de Carthage, le coordinateur général du Mouvement Projet Tunisie, Mohsen Marzouk, est revenu, dans cette interview qu'il a bien voulu nous accorder, sur sa vision concernant la formation d'un gouvernement d'union nationale et sur les derniers préparatifs du congrès constitutif de son nouveau parti. -Le Temps : Est-ce que la décision d'Habib Essid d'aller vers le vote de l'Assemblée des représentants du peuple a été une surprise pour vous ? Mohsen Marzouk : Non puisqu'il l'avait annoncé depuis deux semaines. J'aurais toutefois souhaité de le voir aller vers une solution plus rapide puisque la crise politique s'installe et le pays est en train de perdre du temps. Nous aurions aussi pu appeler à la démission du gouvernement et non pas uniquement à celle du chef du gouvernement. L'équipe gouvernementale n'est plus homogène, la scission s'y est installée et le chef du gouvernement n'a plus d'autorité sur son équipe. Par solution plus rapide je pense au fait qu'il ait pu au moins présenter sa prédisposition pour démissionner dès que les concertations de Carthage débauchent sur des solutions concrètes. Il aurait aussi pu dresser son bilan à l'opinion publique ce qui aurait pu nous aider à y voir plus clair afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs. -En parlant d'erreur, que faut-il faire selon vous afin que le prochain gouvernement ne soit pas un gouvernement à connotation partisane ? Il est très probable que le futur gouvernement soit un gouvernement partisan. Il faut que l'on instaure un régime de quota contrôlé : le chef du gouvernement doit lui-même choisir les ministres selon les compétences. Cela veut dire que s'il ne trouve pas le profil qu'il cherche au sein de l'un des partis de la coalition au pouvoir, il peut très bien dépasser les partis en question en vu de trouver le profil qu'il lui faut. Dans ce sens, nous avons proposé d'appeler ce processus « union nationale autour du gouvernement » et non pas gouvernement d'union nationale. Il faut savoir que certaines personnes définissent le gouvernement d'union nationale par le taux de représentation des partis qui y participent et cela est faux. Le système des quotas partisans n'a pas marché et la preuve est devant nous aujourd'hui. -Quel est le profil du prochain chef du gouvernement contre lequel le MPT pourrait émettre un veto ? Nous demandons juste à ce que le successeur d'Habib Essid soit une personne qui peut gérer une équipe, qui a une certaine audace, qui connaît les rouages de l'Administration, qui maîtrise ses dossiers et qui a une capacité de communication parce que la communication représente 50% de la performance d'un gouvernement dans une phase de transition. -Les dirigeants de Nidaa Tounes expriment leur souhait de voir l'un des leurs au poste de chef du gouvernement et assurent que cela aurait dû être fait depuis les élections de 2014. Partagez-vous cet avis ? Oui il fallait le faire depuis le début. Maintenant, un parti qui voudrait nommer un chef du gouvernement parmi ses dirigeants, il lui faudrait d'abord une certaine homogénéité et une certaine solidarité. Je ne sais pas si ces éléments existent aujourd'hui au sein de Nidaa Tounes. Aujourd'hui, je suis plutôt pour la nomination d'un chef du gouvernement qui ne représente aucun parti politique. Je crois que nous avons besoin d'un chef d'équipe qui soit solide. -A quelques semaines de la tenue du congrès constitutif du MPT, le bloc d'Al Horra perd quelques-uns de ses députés. Pourquoi ? Ces députés n'ont jamais appartenu au bloc d'Al Horra et ils ont quand-même démissionné du bloc d'Al Horra: cela est un miracle tunisien! Cela n'arrive qu'en Tunisie, le pays truffé de marabouts. En revanche, il existe d'autres députés qui ont été remerciés d'Al Horra. En somme, Al Horra n'a connu qu'une seule démission qui a eu lieu il y a deux semaines de cela. Donc, dire que l'on est en train de perdre des députés à quelques semaines de notre congrès est tout simplement faux. Al Horra est un bloc parlementaire bénéficiant de son propre statut interne. Le nombre n'est pas important ; ce qui compte c'est que cela soit une équipe homogène réunie autour d'une éthique qui fait malheureusement défaut dans la vie politique tunisienne dans plusieurs cercles. -Pour finir, où en êtes-vous avec les préparatifs du congrès électif du MPT ? Nous avons pratiquement achevé les préparatifs. On a organisé un volet politique électoral qui nous a permis d'élire tous les cadres du MPT dans une atmosphère de transparence répondant aux normes internationales. Cela est une source de fierté pour nous parce que c'est unique dans l'histoire des partis politiques tunisiens. Les représentants régionaux ont élu, à leur tour, des délégués au Conseil national. Nous avons aussi lancé un processus de préparation des motions qui vient d'être finalisé. Maintenant, on mène les derniers préparatifs. L'inauguration du congrès aura lieu le 23 juillet à Tunis à la Coupole d'El Menzeh à partir de 18 heures et les travaux du congrès auront lieu dans la ville d'Hammamet les 24 et 25 juillet. Le statut du parti ainsi que les motions y seront validés. Par la suite, le Conseil national du MPT se réunira pour élire les bureaux politique et exécutif.