Dans un communiqué daté d'hier, le Conseil national de l'Ordre des médecins a dénoncé ce qu'il a appelé ‘le harcèlement des autorités et des médias contre le corps médical'. Dans le premier paragraphe du document, le CNOM donne en exemple de ces campagnes diffamatoires, l'incident d'un professeur de médecin, doyen de la faculté de médecine de Tunis, qui a été appelé à comparaître devant une cour pénale de Tunis et ce suite à une plainte déposée par une étudiante. Selon le communiqué, l'étudiante en question a vu sa demande de mutation de la faculté de Monastir vers celle de Tunis rejetée par la commission d'étude des mutations, le rectorat et le ministère de l'Enseignement supérieur. Suite à ce rejet, la jeune fille a décidé de se diriger vers la Justice. Un acte ordinaire dont dispose, en tant que droit, tout citoyen tunisien. Toutefois, il s'agit là d'un ‘scandale' pour le CNOM qui se dit choqué par ‘la légèreté avec laquelle la justice tunisienne traduit en pénal un doyen de faculté de médecine élu par ses pairs comme un accusé de droit commun'. Il faudrait rappeler ici aux auteurs du communiqué que comparaître devant un tribunal ne veut en aucun dire que l'on est accusé et qu'il demeure du droit élémentaire du citoyen de se diriger, quand il estime que la situation le demande, vers la justice. Sur un autre volet, le CNOM condamne fermement le traitement médiatique des accidents médicaux. Selon le communiqué, les médias auraient en effet une tendance à toujours pointer du doigt la faute médicale et à accuser, directement, les médecins. Le CNOM assure que ‘cette approche commence à produire ses effets néfastes' tout en appelant les médias ‘à plus d'humilité dans le traitement des accidents médicaux'. Il est vrai que nous avons toujours dénoncé le corporatisme qui cause beaucoup de torts en ce moment. Toutefois, appeler les journalistes à plus d'humilité dans leur travail revient à leur donner des leçons alors qu'un médecin n'est pas journaliste et un journaliste n'est pas un médecin ! Par ailleurs, le CNOM est revenu à la fameuse affaire des stents périmés : cette affaire qui continue à alimenter la polémique et le débat général à cause de l'ampleur de sa gravité a aussi été contestée ! Tout en sanctionnant tout médecin ayant commis ‘une infraction au code de déontologie médicale', le communiqué explique en effet que cette ‘affaire d'Etat' ne doit pas être renvoyée vers les médecins et rappelle que le ministère de la Santé publique, la Caisse nationale de l'assurance maladie, les importateurs de matériel médical, les établissements privés et publics de santé et le personnel médical et paramédical' sont tous concernés par cette affaire. Pour finir, le CNOM exprime ‘sa détermination à lutter par tous les moyens légaux contre tous ceux qui tentent de bafouer la dignité du médecin tunisien et appelle les jeunes confrères à ne pas désespérer et à ne pas quitter le pays'. On aurait tant aimé lire un communiqué d'une virulence pareille dans l'affaire du médecin qui a touché de l'argent pour procéder à l'accouchement d'une femme dans l'un des hôpitaux régionaux. En attendant, il faudrait réellement que l'on songe à la dimension que prend le corporatisme en Tunisie...