« Bribes d'histoires » est une rubrique hebdomadaire qui traite chaque mois d'un thème unique sous différents angles. Pour cette troisième série d'articles, Dame Nature est à l'honneur. Pollution de l'environnement, réchauffement climatique, émission de gaz à effet de serre... Vieille de 4,54 milliards d'années, la Terre est malade de ces maux, usée et déformée et cela ne va pas en s'arrangeant, bien au contraire ! Mais heureusement qu'un peu partout dans le monde, de super-écolos veillent au grain et tentent de sauver la planète ou du moins de limiter les dégâts. En Tunisie, si le comportement irresponsable de certains, vis-à-vis de la nature, est tout simplement affligeant et révoltant, d'autres citoyens font chaque jour preuve d'un sens aigu de responsabilité et d'une citoyenneté exemplaire. Car protéger l'environnement et veiller à la propreté de son quartier, de sa ville et des milieux naturels, c'est aussi ça la définition du patriotisme. Pour tenter de comprendre ce que serait Tunis sans son Belvédère, il faudrait imaginer un corps sans poumons. Tranchant avec le brouhaha de la ville et l'austérité des bâtiments, ce parc offre un refuge serein aux adeptes de la nature, du moins par endroits. Officiellement inauguré en 1910, il est érigé sur une colline recouverte par une ancienne oliveraie d'une centaine d'hectares. Ses allées verdoyantes touffues et denses sont plantées de multiples espèces de végétaux tels que des ficus, des pins, des peupliers, des oliviers, des eucalyptus et de nombreuses autres plantes. De même, des arbres centenaires y trônent et interpellent la curiosité de tous les passants dont certains n'hésitent pas à faire une halte pour se prendre en photo à côté de ces joyaux de la nature. Qui peut résister au charme de ce coin paisible? Sûrement pas les membres de l'Association des Amis du Belvédère (AAB) qui ont fait de la sauvegarde de cet écrin naturel leur cheval de bataille. Fondée le 10 mars 1989 suite à un préjudiciable projet d'autoroute qui allait diviser le parc en deux moitiés, cette Association regroupe depuis toujours en son sein des citoyens engagés, soucieux de préserver cet espace naturel unique grâce à son héritage historique et à son potentiel écologique. De qui, de quoi le protège-t-on ? De la pollution, des déchets, de l'insouciance de certains mais aussi des projets d'urbanisation et des hommes d'affaires véreux qui ne se soucient guère du caractère vital de ce parc, véritable ballon d'oxygène, pour la ville de Tunis et qui, comme à l'époque de Ben Ali, voulaient raser une partie de ce jardin naturel pour y bâtir des chalets et un hôtel panoramique. En effet, le 15 janvier 2011 et n'eut été la révolution et la chute du régime Ben Ali, un conseil municipal de la capitale se serait réuni et aurait approuvé le projet de cession du parc, réparti en trois lots, lesquels étaient destinés à accueillir des projets immobiliers au bénéfice de la belle-famille de l'ancien président. Parmi les édifices qui auraient été détruits, le siège de l'Association des Amis du Belvédère situé en plein cœur du parc. Lors de la création de l'Association il y a plus de 25 ans, les membres se sont accordés sur trois axes de travail. Il s'agit d'abord et avant tout de sauvegarder le parc, son patrimoine naturel et son équilibre écologique, tout en répondant aux besoins de ses visiteurs. Deuxième objectif, animer le parc en intégrant des activités ludiques et éducatives et en élaborant des campagnes de sensibilisation visant les grands et les petits. Enfin, l'idée est d'œuvrer pour la multiplication d'espaces verts et de parcs urbains tels que celui du Belvédère dans d'autres villes de Tunisie. Durant les vacances, l'Association AAB organise plusieurs événements dont des semaines vertes, dédiées aux enfants de 6 à 12 ans, durant lesquelles les coachs leur font découvrir la richesse de la faune et de la flore du parc du Belvédère mais aussi leurs proposent des jeux éducatifs et des activités manuelles et scientifiques, le tout dans la joie et la bonne humeur. Les animateurs sont tous de jeunes volontaires de Tunisie et d'ailleurs, tels que ceux de l'organisme France Volontaires, issus d'horizons divers, au contact facile avec les enfants et formés à cet effet. L'Association des Amis du Belvédère organise également des sorties écologiques de découverte et d'exploration du parc, grand d'une centaine d'hectares mais dont de multiples parties sont totalement ignorées par le public. En effet, pour beaucoup, le parc du Belvédère se limite au zoo qu'il abrite et à la cafétéria le jouxtant. Trop nombreux sont ceux qui ignorent que le parc se compose également de plusieurs édifices dont l'ancien Casino, la Maison des Arts, la Kobba et la Midha, d'un club équestre ou encore d'un parcours de santé. De même, l'AAB organise à longueur d'année des sorties « nature&découverte » au profit de ses membres telles que des randonnées, des journées dans des fermes écologiques avec dégustation des produits du terroir ou encore des sorties d'observation ornithologique à El Haouaria. Le 27 août prochain et à partir de 17h, l'Association des Amis du Belvédère organisera, à l'instar d'une trentaine d'autres pays, la Nuit Internationale de la chauve-souris. Comme tous les ans et pour la 5ème année consécutive, toujours sous la coordination d'Eurobats, secrétariat de l'accord européen relatif à la protection des Chiroptères, l'AAB fera découvrir les mœurs des chauves-souris, leurs techniques de chasse au sonar, leurs cris mais aussi le danger qui plane sur leur tête et menace cette espèce. Au programme : conférences, diaporamas, sorties nocturnes, jeux et déguisements. Toutes ces animations seront proposées gratuitement par des spécialistes bénévoles.