Evoquée lors du dernier congrès du mouvement Ennahdha, la candidature de Rached Ghannouchi à la présidentielle de 2019 se précise. L'ex- ministre des Affaires étrangères et dirigeant du parti islamiste, Rafik Abdessalem, a confirmé mardi lors d'un débat diffusé sur la chaîne Attasia que le président-fondateur d'Ennahdha envisage de briguer la magistrature suprême lors des prochaines joutes électorales. «Rached Ghannouchi a le droit de se présenter à la prochaine élection présidentielle et le règlement intérieur d'Ennahdha ont été amendé dans ce sens lors du dernier congrès du parti », a-t-il déclaré en réponse au philosophe Youssef Seddik, qui a révélé récemment qu'Ennahdha a l'intention de présenter son président Rached Ghannouchi à la présidentielle de 2019 en vue de tenter de copier le modèle de gouvernance turc mis sur pied par Recep Tayyip Erdogan. Rafik Abdessalem a cependant démenti le fait qu'Ennahdha cherche à reproduire le modèle de l'AKP turc. « Je rappelle qu'Ennahdha n'a jamais voulu être une copie du Parti de la justice et du développement turc (AKP), nous sommes totalement différents», a-t-il affirmé, indiquant que la formation islamiste tunisienne est «un parti issu de la pensée réformiste de Kheireddine Ettounsi et ceux qui lui ont succédé». Lors du congrès d'Ennahdha tenu du 20 au 22 mai dernier, un amendement a été introduit dans le règlement interne du parti pour permettre à son président de se présenter à la présidentielle de 2019, sans devoir obtenir l'aval des instances du parti. Cet amendement n'a pas été alors très médiatisé puis qu'une grande agence internationale de communication grassement payée a veillé à ce que les médias communiquent uniquement sur la mue de l'ex-Mouvement de tendance islamique (MTI). D'ici 2019, Rached Ghannouchi sera âgé de 78 ans, soit 8 ans de moins que l'actuel président de la République Béji Caïd Essebsi, lorsque ce dernier a accédé au Palais de Carthage. Le chef historique du mouvement Ennahdha a, par ailleurs, multiplié les voyages à l'étranger. Le 22 juin dernier, soit moins d'un mois après le congrès de son parti, il s'est envolé pour Paris où il a célébré son 75è anniversaire énoncé sa célèbre formule «Ennahdha sort de l'Islam politique pour entrer dans la démocratie musulmane». Fin août, Rached Ghannouchi a conduit une délégation de son mouvement, composée d'Abdelfattah Mourou, et de Rafik Abdessalem en Turquie, où ils ont rencontré le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le chef du gouvernement, Binali Yıldırım, et son prédécesseur, Ahmet Davutoğlu. Le chef d'Ennahdha a félicité le président turc de l'échec du putsch militaire contre la démocratie, louant le courage du peuple turc qui est descendu sur les places publiques, «uni avec ses différentes sensibilités et appartenances pour faire face aux putschistes et défendre la démocratie». Plus récemment, Rached Ghannouchi s'est envolé vers la Mecque pour effectuer les rites du hajj à l'invitation du roi d'Arabie saoudite. Au terme du hajj, il a fait partie des personnalités présente lors d'une cérémonie au palais royal de Mina en l'honneur des hôtes du roi Salmane Ben Abdelaziz, ce qui marque une normalisation des relations avec le régime saoudien. Ces tournées s'inscrivent, selon les observateurs avertis, dans le cadre d'une stratégie visant à redorer l'image de l'homme fort d'Ennahdha qui nourrit l'ambition de contrôler l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le Palais de Carthage lors des prochaines élections en même temps à l'issue des prochaines élections.