Le directeur exécutif du mouvement de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, a convoqué, dimanche, une réunion intitulée « Journée parlementaire de Nidaa Tounes ». A l'issue de cette rencontre, le chef du gouvernement actuel, Youssef Chahed, a été désigné président du comité politique du Nidaa, succédant ainsi à Ridha Belhadj qui avait démissionné du même poste en mai dernier. Cette décision a provoqué la révolte de plusieurs dirigeants du mouvement dont certains, à l'instar du ministre de l'Education nationale, Néji Jalloul, ont même mis terme à leur participation à ladite réunion et s'en sont retiré bien avant sa fin. Après son retrait, Néji Jalloul aurait même menacé de présenter sa démission du mouvement et d'organiser une conférence de presse durant laquelle il dénoncerait toute la vérité sur les réelles conditions avec lesquelles est géré le Nidaa. Quelques heures plus tard, Boujemaâ Rmili, Moncef Sellami, Faouzi Meaoui, Ridha Belhadj, Faouzi Elloumi, Naceur Chouikha, Khemaeis Kssila, Sofiene Toubel et Nabil Karoui ont publié un communiqué dans lequel ils ont dénoncé la nomination de Youssef Chahed tout en qualifiant la réunion du dimanche d'une tentative de putsch organisée par HCE. Les signataires du communiqué ont appelé à la tenue d'une réunion de sauvetage le lendemain afin de mettre terme à ces pratiques putschistes. Contacté par Le Temps, l'ancien président du comité politique de Nidaa Tounes, Ridha Belhadj, a déclaré que la réunion du lundi rassemblera tous les cadres du mouvement qui se pencheront sur un nouveau dispatching des tâches dans la cuisine interne du Nidaa. Expliquant que le mouvement vit une période de stagnation sans précédent depuis que Caïd Essebsi junior est à sa tête, Belhadj a annoncé que le comité politique se réunira aujourd'hui même (mardi) afin de prendre les décisions qu'il faut. « Hafedh Caïd Essebsi a volontairement fait intégrer le chef du gouvernement et les ministres dans toute cette affaire afin de les intimider et afin de mettre encore plus la pression. Il est en train d'utiliser l'Etat et ses institutions afin de fortifier son pouvoir au sein du mouvement », a ajouté le dirigeant du Nidaa. Répondant à HCE – qui avait déclaré, au cours de la matinée du lundi, qu'il n'avait pas été convoqué à la réunion du comité politique – Ridha Belhadj a envoyé une invitation publique au concerné afin qu'il y assiste. De son côté, l'ancien directeur exécutif de Nidaa Tounes, Boujemaâ Rmili, a estimé que, depuis la tenue du controversé congrès de Sousse, la direction de Nidaa Tounes n'a rien apporté au mouvement. De ce fait, Rmili estime qu'il est temps de changer la direction exécutive afin que Nidaa Tounes puisse enfin tenir son congrès électif (qui était prévu, rappelons-le, pour le mois de novembre prochain). Notre interlocuteur, l'un des fondateurs du mouvement, nous a confié que la désignation de Youssef Chahed survient dans le cadre d'une tentative de sauvetage de Nidaa Tounes. L'intéressé nous a expliqué qu'actuellement, le mouvement détient la présidence de la République, celle du gouvernement et celle de l'Assemblée des représentants du peuple. De ce fait, et comme dans « tous les partis politiques démocratiques », il est tout à fait normal que le président du mouvement majoritaire soit impliqué dans l'une des présidences suscitées. En ce qui concerne la réaction du clan de Ridha Belhadj, notre interlocuteur a juste tenu à rappeler « que ce clan a lui-même aidé dans l'ascension de HCE au niveau partisan... c'est les mêmes qui ont organisé les congrès de Sousse et de Djerba quand nous dénoncions l'héritage et l'absence de démocratie » ! Afin que toutes les versions soient prises en compte, nous avons tenté de contacter le directeur exécutif du Nidaa, Hafedh Caïd Essebsi, qui n'a, comme d'habitude, pas donné suite à nos appels. Il est vrai que dans les régimes parlementaires, le chef du gouvernement doit nécessairement être, en même temps, chef de la majorité et c'est bien là que réside l'erreur de Nidaa Tounes : si le mouvement avait choisi, au lendemain des élections de 2014, de placer l'un de ses dirigeants (surtout qu'à l'époque, et avant la scission de 2015, Nidaa Tounes avait réellement la possibilité d'occuper les postes qui lui revenaient grâce à ses résultats électoraux) à la tête du pouvoir exécutif, tout cela aurait pu être évité à temps. Maintenant, placer Youssef Chahed à la direction du mouvement après qu'il ait été désigné à la présidence du gouvernement peut en effet laisser certains faire des conclusions assez négatives. En attendant, et si les deux clans n'arrivent pas à trouver un terrain d'entente, il est très probable que Nidaa Tounes revive l'avalanche de démissions que celle qu'il a vécue au cours de l'année dernière.