Au cours du premier semestre 2014, cinq sociétés ont fait leur entrée à la BVMT. « Nous ambitionnons d'atteindre, fin 2014, 85 sociétés cotées et de porter ce nombre à 100 en 2015 » Sporadiquement, la Une des journaux annonce en grand pompe l'entrée d'une nouvelle société à la Bourse de valeurs mobilières de Tunis (BVMT). Alors que 12 sociétés ont fait leur introduction au cours de l'année 2013, cette année l'on mise sur 85 sociétés, pour une bourse qui en comptait 73 au 1er janvier 2014. Ces entrées sont-elles synonymes de bonne santé économique de la Tunisie ? Ou alors un simple leurre pour une économie agonisante dont l'on l'entrée en bourse d'une entreprise est utilisé comme pseudo sédatif afin de créer une lueur d'espoir chez les citoyens déjà agonisés qui à proprement parler n'y comprennent rien du tout ? Au cours du premier semestre 2014, cinq sociétés ont fait leur entrée à la BVMT. Ce sont SAH TUNISIE (Lilas), MPBS, SOTEMAIL, CELLCOM et SOTIPAPIER, pour un montant levé total de 208 MD. Ce deuxième semestre sera marqué par l'introduction de trois nouvelles entreprises dont l'une a déjà fait son entrée, la TAWASOL Group Holding le 28 avril dernier, les prochaines étant les sociétés MSF et la toute première société de communication à faire son entrée en bourse, la MIP (Maghreb International Publicité) active d'affiche urbain dont l'introduction est prévue pour ce mois de mai. A partir du mois de juin prochain, on prévoit les entrées sur le marché principal de la BVMT trois autres entreprises dont la société spécialisée dans la fabrication des produits laitiers Délice (Groupe Meddeb), une holding du groupe agroalimentaire Slama et la société Software Productivity GROUP. Tout cela est plutôt encourageant pour une place boursière ou plutôt une cela présage d'une certaine ascension pour ces sociétés qui aspirent à une meilleure cotation tant sur le plan national qu'international. « Nous ambitionnons d'atteindre, fin 2014, 85 sociétés cotées et de porter ce nombre à 100 en 2015 » déclarait Monsieur Mohamed BICHIOU, directeur général de la BVMT dans une interview accordée à notre confrère de Tunisie Agence Presse (TAP) en janvier dernier. Une action pas trop comprise par tous les responsables d'entreprise Cependant, en s'intéressant de prêt à ce phénomène des temps modernes pour les entreprises européennes, on serait tenté de savoir comment une société fait son entrée dans le milieu boursier en Tunisie, ou alors qu'est-ce qui amène une société à décider de faire une aventure dans le milieu de la bourse. Autant cela soit une « chose » plutôt normal dans les entreprises occidentales qui ont vite fait de décider de leur entrée en bourse une fois que les activités de leurs entreprises sont au beau fixe, autant il est claire que la plupart des responsables d'entreprises tunisiennes même les plus prospères ne perçoivent pas la réelle portée d'une telle initiative, considérant cela encore comme un certain « luxe ». D'ailleurs même pour ces sociétés occidentales, cela est plutôt une habitude quasi ancrée chez les entreprises anglo-saxonnes que les entreprises françaises. Que dire du commun des citoyens pour qui cela relève de la pure fiction. Néanmoins, nombre sont ces chefs d'entreprises là qui décident de se lancer dans l'aventure et profiter pleinement des opportunités économiques que cela offre. Car comme on peut le remarqué, les entreprises tunisiennes sont de plus en plus à la quête de notoriété plus accrue Les intermédiaires, Juges et partie Une entreprise ne décide pas seule de son introduction en bourse. C'est un Conseil de la bourse composé d'Intermédiaires en bourse. Seulement, ces intermédiaires pour le cas d'espèce s'avèrent être juges et partie. Bien que plusieurs parties interviennent dans le processus, l'essentiel de la procédure est suivie de bout en bout par les intermédiaires. Outre les autres intervenants, le commissaire aux comptes et le conseiller juridique, le listing sponsor, la Bourse de valeurs mobilières de Tunis, le Conseil du Marché Financier (CMF), le dépositaire central, la Société tunisienne interprofessionnelle de compensation et de dépôts des valeurs mobilières (STICODEVAM), et l'intermédiaire en bourse qui procède à l'évaluation de l'entreprise, au dépôt du dossier d'admission à la bourse, à la mise en place du calendrier de l'opération, à la préparation du prospectus d'introduction qui sera soumis au Conseil du marché financier, au placement des titres dans le public selon l'une des procédures d'introduction, à la gestion du contrat de liquidité lorsqu'il a été prévu. Une entreprise ne peut donc prétendre une introduction en bourse sans se prêter des services d'un intermédiaire, qui se retrouve ainsi dans l'accompagnement et la décision. Pour un corps indépendant Afin d'éviter ce rôle double que confère le statut actuel de la Bourse de valeurs immobilières de Tunis aux Intermédiaires, il serait plus approprié de conférer ce rôle central à un corps indépendant composé d'experts indépendants dans le domaine qui décidera alors de quelle entreprise réunie les conditions nécessaires et suffisantes afin de faire son entrée à la BVMT. Ce corps n'écarterait pas les autres acteurs du processus actuel, non, elle se chargera entre autre d'arbitrer en toute neutralité. L'intermédiaire se contentera alors d'assurer son rôle d'accompagnement emprunte de sa technicité, sa garantie et sa capacité de placement. Ce qui aidera ces responsables d'entreprises qui ont encore une idée assez vague d'une introduction en Bourse, qui reste avant tout une opération financière. Et, la décision finale reviendra à ce corps indépendant.