Plusieurs personnes se sont dirigées la matinée du jeudi 1er octobre 2015 au Palais des congrès, à l'Avenue Mohammed V, à Tunis, pour participer au Forum qu'a organisé L'Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE) qui coïncide avec son 25ème anniversaire. Articulé sur le thème de « Métiers d'avenir, avenir des métiers », l'association a mis en place un programme varié tout au long de la journée de sa 24ème édition de son Forum annuel : une conférence plénière, trois tables rondes s'intitulant comme suit : « construire les métiers d'avenir et innovants pour la Tunisie numérique », « l'économie verte, avenir des métiers ? » et « le DG de demain » ainsi que trois ateliers animés par des experts et spécialistes liés aux sujets débattus dans chaque atelier. Jugée élitiste, l'ATUGE s'intéresse essentiellement aux étudiants et diplômés des Grandes Ecoles françaises d'ingénieur et de commerce ainsi qu'aux membres sympathisants et associés. L'association comprend actuellement plus de 5000 personnes et travaille sur différents bureaux : Tunis, Paris et Londres et reçoit à son forum annuel plus de 3000 personnes chaque année. Ce forum annuel est considéré le plus important et le plus médiatisé parmi tous les événements qu'organise l'association. Plusieurs personnalités prestigieuses de la société ont été invitées et ont eu l'opportunité de faire des interventions et de multiples espaces d'échanges ont été consacrés pour l'occasion, ainsi que la présence de près de 35 entreprises pour se présenter et exposer des offres d'emplois. De ce fait, certains jeunes diplômés ont profité de l'occasion pour déposer leur cv. Plusieurs sujets ont été lancés et de multiples débats ont eu lieu concernant les secteurs porteurs de nouvelles opportunités d'emplois, les formations, les mises à jour et les compétences nécessaires pour faire face aux nouveau défis économiques et sociétaux mais tout cela n'a pu que révéler une profonde conscience du fait que le temps n'attend personne, et que le rythme accéléré de l'innovation technologique de nos jours contribue à la création de nouvelles professions et que les métiers déjà existants se trouvent dans l'obligation d'évoluer et de s'adapter avec ce rythme rapide. A cet égard, M. Ridha Ben Mosbah, conseiller économique auprès de la présidence du gouvernement, et en tant qu'homme politique, a fait allusion aux « politiques qui on été mises en œuvre depuis la révolution privilégiant des visées expressionnistes » soulignant que cela a été compréhensible mais n'a pas arrangé la situation et que la Tunisie vit un moment historique parce que c'est le moment ou jamais pour choisir un modèle économique et sociétal adéquat. D'après lui, toutes les trajectoires réussies ont pour colonne vertébrale un secteur industriel manufacturier dynamique ouvert et compétitif. Citant des exemples de pays qui ont réussi grâce à ce secteur à s'intégrerà l'économie mondiale, M. le ministre annonce l'existence d'indices qui font que la Tunisie pourrait avoir un avenir prometteur en industrie manufacturière. Sur un autre volet, M. Noomane Fehri, Ministre des Technologies de la Communication et de l'Economie Numérique, a parié sur le digital. Il a déclaré, lors de son intervention, que « si un pays veut avancer il doit forcément passer par l'économie numérique » et que tous les Tunisiens, individus et entreprises, doivent avoir accès à internet, et il faut former les personnes déjà embauchées dans tous les secteurs pour qu'elles s'intègrent au monde numérique. Il prévoit également que la Tunisie en 2020 n'utilisera plus de papier. Toutefois, M. Martin Henkelmann qui est directeur général de la Chambre tuniso-allemande de l'industrie et du commerce (AHK) en Tunisie a dévié le sujet de débat et a misé sur un secteur totalement différent, la formation professionnelle. Mettant l'accent sur la stratégie de l'éducation de son pays qui se charge de multiples de cycles formation professionnelle, M. Henkelmann recommande de consacrer plus d'importance à la main-d'œuvre qualifiée et de cesser de mépriser la formation professionnelle et de croire que seules les études en université peuvent préserver du chômage. Cependant, M. Taoufik Karkar, qui est professeur universitaire en mathématique à la faculté des sciences de Tunis retraité, ne partage pas le même avis et il a même exprimé sa déception après avoir assisté au Forum de l'ATUGE. Il a déclaré sur son compte Facebook que « un observateur attentif de cet évènement pourrait constater que l'avenir de la Tunisie se fera uniquement par les informaticiens, les commerciaux et peut être des financiers! » et que l'association avait une vision étroite concernant les métiers d'avenir et les orientations économiques de la Tunisie de demain et qu'elle ne s'est contentée que de quelques domaines de travail alors que ceci ne convient pas aux capacités et au savoir-faire tunisien. Selon lui, plusieurs secteurs peuvent également inclure des métiers d'avenir tels que les industries chimiques, les industries alimentaires, les ressources minières, l'agriculture, la métallurgie, ni dans l'électronique, le bâtiment, les travaux d'infrastructures publiques, la culture …