Personne n'attendait l'événement sauf, bien sûr, ceux qui s'étaient mobilisés sans tambour ni trompette, tout en croyant que ce n'était pas chose impossible, malgré les aléas et le peu d'engouement de la classe politique du pays qui s'est engoncée dans ses dissensions et ses divergences qu'ils étalent au quotidien par l'intermédiaire d'une presse en mal de sensations. Et le prix Nobel de la paix est venu récompenser ceux qui n'avaient pour ambition que de faire sortir le pays de la grave crise par laquelle il est passé. Le prix Nobel décerné au quartet du dialogue national (Union générale tunisienne du travail (UGTT), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA – patronat), l'Ordre national des avocats et la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (LTDH) ne faisait pas partie des rêves des citoyens tunisiens préoccupés par les problèmes quotidiens qui s'accumulent de plus en plus, depuis la Révolution du 17 décembre 2010 / 14 janvier 2011. Ces préoccupations sont, notamment, l'augmentation du coût de la vie, les problèmes du terrorisme, les grèves à répétition qui empoisonnent leur quotidien, le manque d'investissements et le surplace de l'économie, mais, aussi et particulièrement l'extrémisme religieux qui menace de leur ôter leurs enfants pour les envoyer au Jihad, surtout en l'absence de l'emploi et de l'avenir pour eux, ainsi que le terrorisme qui a porté des coups à des secteurs vitaux de l'économie nationale. Une éclaircie dans la grisaille Le tableau est, certes, sombre et le Prix Nobel de la paix pour 2015 décerné à la Tunisie est venu comme une éclaircie dans la grisaille, redonnant espoir que les partenaires politiques et sociaux puissent en tirer la leçon et revoir leur ligne de conduite, afin de mener le pays à bon port et faire oublier au peuple tunisien tous les malheurs qu'il est en train d'endurer. Les politiciens de tous bords se noient, actuellement, dans leurs divergences qu'ils étalent au grand jour sur des plateaux de télévision, dans les radios et sur les journaux de la place, alors que leurs palabres ne sont pas capables de convaincre qui ce soit. La réalité est toute autre que celle qu'ils essaient de nous présenter et personne ne croit plus aux promesses politiques. Il suffit de regarder, à ce propos, l'état des lieux dans nos humbles partis politiques qui déçoivent, de plus en plus, leurs électeurs et leurs sympathisants. Trois années de pouvoir ont suffi pour laminer des partis en qui les Tunisiens avaient cru. Du temps de la Troïka, Ennahdha, le gagnant des premières élections libres en Tunisie avait perdu, en route, plus de la moitié de ses électeurs, tout en arrivant, proportionnellement, à sauver les meubles. Le Congrès pour la République (CPR) de Moncef Marzouki, n'est plus que l'ombre de ce qu'il était et son ex-président s'était rabattu sur « Harak Chaab El Mouwatinine », mouvement qui n'a jamais vu le jour, alors qu'Ettakattol est sorti le grand perdant de cette période de gouvernance. Ceux qui agissent font l'Histoire Les dernières élections n'ont pas bien différé des précédentes, surtout avec un Nidaa Tounès qui se débat, actuellement, dans ses dissensions internes et dont les sages tentent de recoller, vainement, les morceaux. Encore une fois, Ennahdha qui avait accepté de faire partie du pouvoir et non de l'opposition, cherche toujours sa place sur l'échiquier politique, de même qu'elle n'est pas mieux lotie, au niveau des discordes et des dissensions internes. Pour sa part, l'opposition est dans le même sac et s'enfonce dans le refus de tout ce qui peut faire avancer sans, toutefois, parvenir à convaincre ou à proposer des solutions de rechange. Des coalitions se font et se défont, et chacun chante sa rengaine. D'ailleurs, même concernant la mobilisation contre le projet de loi sur la réconciliation nationale, les partis de l'opposition n'ont pas pu rassembler un grand nombre de partisans, ni se mettre d'accord. Et la parlote ainsi que les déclarations fracassantes se poursuivent sur des médias qui ne savent pas discerner entre le bon grain et l'ivraie, avec, surtout des lignes éditoriales qui plient avec le vent. A ce niveau, une publicité sur des chaînes TV françaises me revient à l'esprit. Elle souligne que ceux qui parlent, parlent et ceux qui agissent font parler d'eux et ce sont eux qui bâtissent l'avenir et font l'Histoire. C'est avec les actions constructives que l'on bâtit un Etat solide et capable de faire face aux turbulences, parce que personne ne peut se prévaloir de détenir toute la vérité et d'être le seul à pouvoir trouver des solutions qui urgent pour un pays en pleine dégradation économique et sociale. Capables de tracer notre avenir La ligne à suivre, nous l'avons tracée seuls, sans l'aide de personnes étrangères, avec le dialogue national piloté par le Quartet, pour sauver le pays, au cours d'une étape cruciale ayant marqué l'Histoire de la Tunisie. Cette étape peut paraître banale, pour certains qui l'ont oubliée et qui l'avaient banalisée, mais le Prix Nobel de la paix est venu leur rappeler que cette réalisation n'est pas aussi banale qu'ils peuvent le penser, et cette consécration est venue rappeler que ce qui avait été accompli est grandiose et le monde entier lui a rendu hommage. L'hommage n'est pas des moindres, surtout qu'il vient d'une fondation internationale de renommée internationale qui, pourtant, ne porte pas les Arabes dans son cœur et dont le sérieux ne peut être mis en doute. En plus de l'honneur de l'avoir reçu, ce prix est venu nous rappeler que les Tunisiens sont capables de tracer leur propre avenir dans le cadre d'un consensus qui prend en considération l'avenir du peuple tunisien et le destin de la Tunisie et de ses prochaines générations. Pour les politiciens, il est nécessaire de bannir, du moins, provisoirement, les aspirations politicardes et réfléchir deux fois avant de s'engager dans une voie sans issue. Comment veulent-ils gouverner un pays en pleine débandade où tout le monde est contre tout le monde, avec une économie en pleine déperdition et des relations qui se disloquent entre les partenaires sociaux. Promouvoir l'image de la Tunisie Le prix Nobel est une consécration, mais, aussi un outil qu'il faut savoir exploiter de la meilleure manière pour la promotion de l'image de la Tunisie et regagner le chemin que nous ont fait perdre le terrorisme et les errements de nos politiques. Il est nécessaire de taper le fer tant qu'il est chaud, parce que ce prix à didié à la Tunisie une campagne promotionnelle qui aurait, nécessité, en temps normal, d'importants investissements et des fonds utilisés à bon escient. Le tapage fait autour de ce prix, à travers le monde, n'est plus à démontrer et tous les pays savent, maintenant que ce petit Etat qu'est la Tunisie est capable de tous les miracles... Il est donc important de ne pas avoir d'autres déceptions et de ne pas décevoir ceux qui croient au miracle tunisien.