Il est grand temps que cessent nos divisions et disparaissent nos divergences. Affronter les semeurs de mort en rangs serrés constitue une urgence nationale. Les mesures annoncées par Caïd Essebsi et Habib Essid sont à accompagner d'une stratégie de communication fiable et intelligente «La Tunisie prendra des mesures sévères et elle ne tolérera plus la levée du drapeau noir à la place du drapeau national». Les propos du président de la République Béji Caïd Essebsi sont aussi tranchants que clairs. Désormais, le pays passera de la réaction à l'action et on n'attendra plus que les terroristes frappent pour tenir une réunion de travail au cours de laquelle on décidera ce qu'on doit faire pour éviter que de telles frappes se répètent en attendant de passer à l'étape de la prospection des coups programmés par les terroristes et agir avant que les armes ne parlent. Hier, le gouvernement Habib Essid a, enfin, compris que la stratégie d'éradication de l'hydre terroriste ne dispose d'aucune chance de réussite au cas où elle ne s'appuierait pas sur une stratégie de communication alliant l'intelligence à la célérité et surtout à la crédibilité. Une stratégie qui intègre aussi les médias nationaux, plus particulièrement les médias audiovisuels publics et privés dans un effort de synchronisation et de cohésion, en ce sens que l'époque impose une refonte totale de la conception même de l'information. Risque de banalisation En plus clair, l'on se demande : faut-il tout dire quand une attaque terroriste survient ? Faut-il tout montrer à la TV et sur les sites web en allant jusqu'à publier des images d'une horreur insupportable ? Et pour dire les choses autrement, n'est-on pas en train de banaliser le terrorisme et d'habituer, à petites doses, le citoyen à ces horreurs et ce, en cherchant le «buzz» et en visant les sommets de l'audimat ? La question est à poser sérieusement. On s'interroge comment la cellule de communication gouvernementale, annoncée hier et composée de cinq ministres, va faire face à ce flot hallucinant d'informations, d'images et de commentaires submergeant quotidiennement les auditeurs, les téléspectateurs et les férus de réseaux sociaux. En attendant que Lazhar Akremi, Kamel Jendoubi, Maher Ben Dhia et Zied Laâdhari et Dhafer Néji (membres de la cellule de communication) livrent leur copie, on cherche par tous les moyens à dénicher ici et là des informations plutôt rassurantes qui montrent que la vie continue et que tout n'est pas perdu pour autant, en particulier pour la saison touristique, laquelle a déjà démarré sur les chapeaux de roue, affectée qu'elle était par l'attentat terroriste du 18 mars dernier à l'encontre du musée national du Bardo. On apprend, dans cet ordre d'idées, que plusieurs touristes britanniques ont décidé de quitter la Tunisie à la suite de l'opération terroriste de Sousse. A l'aéroport d'Enfidha, quatre avions venus de Grande-Bretagne pour rapatrier les touristes britanniques ont rebroussé chemin, sans avoir embarqué un seul passager puisque les touristes visés ont choisi de poursuivre leur séjour en Tunisie. Et le mouvement de refus de quitter la Tunisie de se poursuivre dans la mesure où on apprend que «trois vols destinés à rapatrier les touristes ont été annulés et qu'on a enregistré l'arrivée de plus de 70 touristes provenant de Londres et de Manchester». L'accalmie, enfin Au plan politique, il semble que le carnage survenu à Sousse a commencé à produire ses effets. Ainsi, les communiqués publiés par les partis de la coalition gouvernementale et ceux de l'opposition révèlent une volonté réelle de dépasser les divisions et les dissensions qui traversent le paysage politique national. Tout le monde est convaincu de faire front au terrorisme, de soutenir le gouvernement Essid dans sa lutte contre les semeurs de mort et d'élaborer, enfin, cette stratégie d'éradication du terrorisme que l'on attend toujours. Et c'est dans cet esprit que s'inscrit la réunion de concertation et de dialogue tenue, hier, entre le chef du gouvernement avec les représentants de 21 partis politiques présents sur la scène nationale. L'heure est donc à la réflexion commune, à l'écoute de toutes les voix sincères loin de la surenchère et des agendas et surtout à la célérité en matière de prise de mesures réalistes et surtout applicables. L'heure est à l'action.