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M. Bilel Sahnoun, directeur général de la BMVT: La Bourse ne doit pas s'apparenter à un jeu du hazard, mais un outil d'épargne et de développement
Publié dans L'expert le 14 - 01 - 2016

La Bourse de Tunis demeure toujours un mystère pour les épargnants qui ne connaissent pas le plus souvent les bénéfices qu'ils peuvent tirer de cet outil de développement.
Pour éclairer les citoyens sur cet instrument de financement du développement et ce mécanisme d'épargne public, nous avons eu l'entretien suivant avec M. Bilel Sahnoun, le directeur général de la Bourse de Tunis.
Quand est-ce que la Bourse de Tunis va-t-elle vivre sa propre révolution ?
La vraie révolution de la Bourse de Tunis doit s'opérer à plusieurs axes, c'est-à-dire, en premier lieu, au niveau interne, puis à celui politique, pour que la Bourse soit inclue dans le programme de l'Etat et une volonté pour qu'elle contribue au financement de l'économie nationale, et un troisième niveau, celui du citoyen qui a une méconnaissance totale des mécanismes boursiers, ce qui constitue une révolution culturelle pour informer les gens sur ce que c'est que la Bourse et pourquoi elle est faite, parce qu'elle n'est ni un casino, ni un jeu de hasard, et qu'elle est tout à fait le contraire de ce qu'en pense le Tunisien.
Les premiers et troisièmes axes dépendent d'une volonté interne. Comment faire pour changer les choses sur le plan politique ?
Sur le plan politique, il y a toute la réglementation qui a vieilli et qui date de 1994, soit depuis 22 ans, et qui mérite une refonte totale du cadre réglementaire et législatif ayant trait à tous les métiers du marché financier, le régulateur, le conseil du marché financier, la Chambre Tunisie clearing, la Bourse et les intermédiaires en Bourse. Ces nouveaux textes doivent nous permettre d'imaginer un autre modèle de marché vers lequel nous devons évoluer, d'autres outils de financement de l'entreprise et de l'économie, et d'autres mécanismes de levée de fonds que les textes actuels ne nous permettent pas de le faire.
Le deuxième axe dans lequel le politique peut jouer un rôle important est la capitalisation boursière.
Aujourd'hui, nous sommes au niveau d'une capitalisation de 17 millions de dinars et elle est très faible en montants et à l'échelle du pourcentage du PIB, surtout qu'elle ne représente que 21 %, alors qu'elle est de 50 % au Maroc, de 70 % en Jordanie, de 79 % sur la moyenne des pays arabes, de même qu'elle est de 116 % en moyenne mondiale.
Cela implique que le potentiel d'augmentation de la contribution de capitalisation boursière dans le PIB est énorme, comparativement à nos voisins, à notre région et par rapport aux Bourses mondiales.
Cette capitalisation ne peut être atteinte qu'à la condition qu'il y ait une réelle volonté politique de l'accompagner, ce qui n'est pas, non plus, une fin en soi, mais l'objectif est de voir tous les avantages que nous pouvons tirer à partir de l'augmentation de la capitalisation boursière.
Le premier avantage que nous pouvons tirer à partir de l'augmentation de la capitalisation est l'introduction en bourse de gros capitaux qui sont dans le giron de l'Etat, en particulier les entreprises de télécommunication, de l'énergie, de l'agriculture et du tourisme, surtout les deux premières cités et l'Etat tunisien se doit, à mes yeux, de les sortir sur les marchés, premièrement pour lever des fonds, pour les rendre compétitifs lorsqu'elles sont dans des secteurs concurrentiels et pour lever sur le marché les fonds dont elles ont besoin, sans que l'Etat soit obligé de les financer.
Il ne faut pas avoir peur de les sortir sur les marchés, bien que le mot privatisation soit devenu un mot tabou, après la Révolution, parce que le moyen le plus transparent de la privatisation est de sortir ces entreprises sur la Bourse. C'est une manière de diversifier l'entrepreneuriat, de faire profiter un nombre très important de citoyens tunisiens et, même si on se trompe un tout petit peu sur la privatisation, les bénéfices ne peuvent profiter qu'au peuple de ce pays et non à des étrangers.
La Bourse n'aurait-elle pas profité de la confiscation des biens spoliés par l'ancien régime ?
La Bourse a profité jusqu'à une certaine mesure de certains biens confisqués, comme Citycars, mais c'est un peu minime et, aujourd'hui, il y a de « très belles sociétés » qui sont toujours dans le giron d'El Karama Holding et dont nous aimons avoir les dossiers à la Bourse de Tunis.
A ce propos, nous pouvons citer, à titre d'exemple, la banque Ezzitouna qui peut être un très bon candidat pour la Bourse, en plus d'Ezzitouna Takafoul, le groupe Alpha Ford, les 10 % d'Ooridoo, ainsi que l'Ecole internationale. Il y a certains dossiers qui sont bons et qui ne devraient pas tarder à sortir du giron des administrateurs judiciaires.
Il faut que cela reparte dans une logique de gouvernance, d'entreprise économique à but lucratif et jouer pleinement la concurrence.
Pour revenir aux relations avec le gouvernement,la Bourse a-t-elle eu des contacts et comment opérez-vous avec l'actuel gouvernement pour le sensibiliser à la nécessité de booster la Bourse ?
La Bourse de Tunis a, tout d'abord, commencé par réunir les opérateurs du marché au sens large et, depuis, toutes les propositions que nous faisons au gouvernement sont celles de la Place, avec le Conseil du marché financier, Tunisie Clearing, la Bourse et les intermédiaires en Bourse. L'objectif est d'éviter au gouvernement de recevoir plusieurs propositions émanant de chacune de ces parties, afin qu'il n'y ait pas de propositions disparates, et en plus pour que ces propositions émanent de la Place boursière et non seulement de la Bourse de Tunis. C'est-à-dire que nous présentons au gouvernement des solutions clé-en-main.
L'illustration la plus importante de cette démarche se situe à l'échelle de nos propositions communes des opérateurs que j'ai cités, concernant le plan quinquennal 2016/2020, après avoir été approchés par le ministère des Finances.
Avez-vous fait votre autocritique au niveau de la Bourse ?
Nous reconnaissons que la Bourse a eu quelques petits ratages, notamment au niveau du marché alternatif lancé un peu trop tôt en 2007, sans avoir préparé tout l'environnement qui l'entoure, en vue de lui permettre de jouer pleinement et réellement son rôle.
Malheureusement, il a été lancé, sans que la place boursière de Tunis soit préparée à cette nouvelle donne et on s'est trouvé avec un marché alternatif qui, à l'origine, était destiné au financement des petites et moyennes entreprises, par des investisseurs institutionnels et avertis, mais qui a dévié de sa mission, pour oublier cela et se retrouver avec un certain nombre de sociétés qui ont été, également, financées par le grand public, soit les petits porteurs.
Comme nous le savons, le niveau de risque est plus important à cette échelle que sur le marché principal et, par conséquent, le risque d'échec est plus significatif, surtout que le marché alternatif doit, en principe, être plus rémunérateur, et par conséquent, le couple risque/rendement est complètement différent que ce couple sur le marché principal.
Malheureusement, cela a été totalement confondu et nous nous sommes retrouvés avec quelques sociétés qui n'ont pas réussi, ce qui est tout à fait normal qu'il y ait des échecs, mais l'erreur est que ces échecs emportent avec eux un nombre important d'actionnaires qui ne savaient pas évaluer ces risques.
Nous sommes en train de recadrer ce marché alternatif pour « le remettre à sa place » et pour que l'évaluation de la PME qui arrive sur le marché soit faite par des personnes qui soient capables d'apprécier le risque lié à ce type de petite entreprise.
Sur le plan de la communication au profit des citoyens, pensez-vous qu'il y ait des insuffisances ?
Avant la communication, il faut s'interroger, tout d'abord, sur ce que la Bourse a préparé pour aller vers le citoyen, afin de diffuser la culture boursière.
Il y a un programme qui avait été lancé entre 2012 et 2014, avec un fonds africain, (ICF) qui avait mis à la disposition de la Bourse la somme de 1,3 million de dollars, avec pour objectif la diffusion de la culture boursière auprès de la population, à l'échelle la plus large possible.
Ce programme ICF s'articule autour de trois actions principales qui sont l'organisation de salons Investia avec les produits boursiers, présentés à une large frange du public. Deux salons ont été organisés, l'un en 2012 et le second en 2014.
Le deuxième axe concerne un concours en ligne « My Investia », avec un portefeuille virtuel de 50 mille dinars, donné à chaque internaute pour lui permettre de s'exercer, de faire des comparaisons et de connaitre les politiques d'investissement.
Le troisième axe est une plateforme i-learning « Investia academy » qui a été mise en place en 2015 et qui est destinée à de nombreux internautes, à commencer par les écoliers jusqu'aux grands investisseurs ou patrons d'entreprises qui souhaitent s'introduire en Bourse, en passant par les salariés, les professions libérales.
Ces actions nous ont fourni de la matière et nous sommes en train de travailler sur un programme pour la diffusion et la sensibilisation à la plus grande échelle.
Auprès des citoyens, la Bourse est considérée comme une loterie plutôt que comme un moyen d'épargne. Comment opérez-vous pour changer ces idées ?
C'est un créneau sur lequel nous sommes en train d'agir et de préparer des actions sur le compte CEA (Compte épargne actions), surtout que c'est la période.
Nous avons, en Tunisie, deux grands produits qui sont sous-exploités et très peu utilisés, bien qu'ils offrent de grands profits.
Le premier est le CEA qui est plafonné à 50 mille dinars et il est excellent, même pour un salarié qui peut obtenir une attestation auprès de son intermédiaire lui permettant d'avoir une déductibilité d'impôts auprès de son employeur, soit une augmentation de son salaire, dès le mois d'après, parce qu'une partie des impôts lui est rétrocédée.
Ainsi, le CEA vous permet de réduire de 20 % votre fourchette des impôts, sur toute l'année.
Le second produit est destiné aux entreprises et concerne les sociétés holdings.
L'avantage pour les sociétés qui appartiennent au même groupe est que ce holding est exonéré d'impôts sur la plus-value des participations, s'il s'introduit en Bourse dans les deux ans qui suivent sa création, ce qui constitue un avantage colossal. Malheureusement, il y a peu de holdings qui ont saisi cette opportunité et je pense qu'il y a un très grand travail à faire à ce niveau.
Autant le CEA nécessite un travail de mass-médias et de grande consommation, autant la question des holdings a besoin d'actions « be to be », en partenariat avec la profession des intermédiaires en bourse, pour prospecter les groupes éligibles qui doivent s'organiser en holdings pour se coter en Bourse.
Beaucoup d'encre a coulé concernant l'évaluation des introductions en Bourse, les outils et les approches, surtout avec beaucoup de critiques. Qu'en pensez-vous ?
Pour « Délice », ce fut une offre à prix ouvert, alors que pour les autres introductions, elles étaient des OPF (Offres publiques à prix fermés) et les gens ne voient que la dernière évaluation, bien que cette dernière fait suite à un grand travail de « duo diligence » qui se fait dans le cadre de la préparation du dossier, celui d'un cabinet évaluateur (que ce soit un intermédiaire en bourse ou un expert-comptable) qui fait la valorisation, puis celui de l'intermédiaire en bourse introducteur qui mène le dossier à la Bourse et présenter les résultats de l'évaluation et le plan d'action sur le marché boursier.
Les services de la Bourse prennent, par la suite, la charge du dossier et revoient toute l'étude qui avait été faite.
Aujourd'hui, pour éviter les cas de mauvaise valorisation, nous avons insisté auprès de notre conseil d'administration pour que, lors des prochains dossiers, la Bourse va émettre un avis complémentaire pour se prononcer sur cette valorisation et sur l'opportunité d'accepter ou de rejeter le dossier.
Nous n'allons pas attendre que le conseil d'administration se réunisse à cet effet, mais nous avons pris les devants, et les services de la Bourse avec sa direction générale vont recevoir dans leurs locaux le chef d'entreprise concerné, en réunions, pour essayer de décortiquer le dossier, avant de l'amener à l'instance finale de décision qui sont le conseil de la Bourse et le Conseil du marché financier.
Qu'en est-il des petits porteurs et leur représentativité qui laisse beaucoup à désirer surtout qu'ils sont mal représentés et qu'ils exigent leurs droits ?
Nous sommes en train de rapprocher cette dualité entre les deux questions et le législateur a pris en charge ce problème à travers l'instauration de la notion de l'administrateur indépendant ou de l'administrateur représentant les petits porteurs.
Il est vrai que sur certaines sociétés cotées, ces administrateurs n'ont pas vraiment joué le rôle qu'ils devraient jouer, parfois parce que la manière de leur arrivée à ce conseil n'est pas la meilleure ou parce qu'ils n'ont pas les compétences et les requis nécessaires pour ce rôle ou, encore, parce qu'il n'y a pas d'unanimité des petits porteurs autour de la personne.
Les raisons sont diverses, mais on sait qu'il y a des structures qui peuvent représenter les petits porteurs aux conseils d'administration et la question est comment faire maintenant pour que ces structures jouent pleinement leur rôle.
La solution réside dans le fait que le petit porteur soit qualifié au préalable. Le législateur ne l'a pas prévue, mais elle peut-être au niveau d'une exigence minimale en connaissances financières, d'un concours et, pourquoi pas, une carte professionnelle délivrée par le CMF.
Cela représente un ensemble de mesures sur lesquelles on peut réfléchir et qui permettent de donner davantage de crédibilité au représentant des petits porteurs et pour qu'il ne soit pas considéré comme quelqu'un désigné par copinage.
Entretien réalisé par Faouzi Snoussi


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