Depuis trois ans, à chaque reprise de négociations, le traité de libre-échange transatlantique est sous le feu de critiques. Lundi 25 avril, le lancement du treizième cycle de négociations, à New York, n'a pas échappé à la règle. Mais quelles sont les grandes lignes du traité et qu'est-ce qui a changé en presque trois années de négociations entre l'Europe et les Etats-Unis ? Le treizième cycle de négociations du traité transatlantique s'ouvre cette semaine à New-York. Tafta, TTIP…ce traité entre les Etats-Unis et l'Union européenne suscite de nombreuses craintes. Le traité est souvent désigné par ses deux acronymes: Tafta, qui signifie en anglais «traité de libre-échange transatlantique», ou TTIP, qui correspond à «Transatlantic Trade and Investment Partnership». Le traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne, lancé en 2013, est un accord commercial qui vise à créer la plus grande zone de libre-échange du monde. Elle toucherait 820 millions de consommateurs, et représenterait près de 50% du PIB mondial. Concrètement, le traité veut réduire au maximum les droits de douanes afin de faciliter les importations, les exportations et les investissements outre-Atlantique. Deuxième objectif: harmoniser les réglementations entre l'Europe et les Etats-Unis dans neuf secteurs précis: l'automobile, les cosmétiques, le textile, les produits pharmaceutiques, les appareils médicaux, les pesticides, les technologies de l'information et de la communication et les produits chimiques et l'ingénierie. Une convergence réglementaire qui éviterait aux entreprises certains surcoûts, dus à des doublons de tests par exemple, explique le journal français « Le Figaro », dans son édition économique. Comment s'organisent les négociations? Il ajoute que les négociations du traité s'organisent en plusieurs rounds. Depuis juillet 2013, les négociateurs européens et américains se sont rencontrés treize fois. Des négociations qui s'éternisent, et qui entament peu à peu la patience des dirigeants. «Si nous ne terminons pas les négociations cette année, avec les transitions politiques à venir aux Etats-Unis et en Europe, cela pourrait signifier que cet accord ne sera pas achevé avant un certain temps», a déclaré Barack Obama, lors de la cérémonie d'ouverture du salon industriel de Hanovre où il s'est rendu, dimanche dernier. Accusées d'être trop opaques, les négociations ont également attisé les craintes de la société civile d'un accord imposé en secret. Il est maintenant possible de consulter les documents de négociations dans les capitales européennes au lieu de Bruxelles. Pourtant, le procédé éveille quand même les colères Quels sont les points de blocage? Bataille autour des appellations d'origine, opacité des négociations et enjeux environnementaux: les craintes autour du traité restent nombreuses. Notamment dans le secteur agricole. Les détracteurs du traité craignent une remise en cause de certaines barrières sanitaires (la traçabilité par exemple) et l'arrivée de produits génétiquement modifiés sur le marché européen: poulet au chlore, bœufs aux hormones… Un point dont se défend la commission européenne, accusant les opposants de tenir des propos alarmistes. «Il est hors de question d'accepter un traité dans lequel les normes sanitaires soient atteintes, dans lequel les marchés publics soient déséquilibrés, dans lequel l'emploi soit menacé ou dans lequel l'agriculture soit mise en danger», a assuré le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. La question des quotas d'importation est également au cœur des négociations. Quel impact sur la Tunisie ? La Tunisie est, certainement concernée par cette nouvelle donne, en tant que partenaire privilégié de l'Union européenne et ayant des accords commerciaux avec les Etats-Unis, pour la plupart, en cours de négociation. Ce traité va bouleverser l'échiquier mondial et placer la Tunisie devant de nouvelles obligations et de nouvelles opportunités, avec un marché de 820 millions d'habitants et la multitude de clients potentiels. L'UE est le premier partenaire de la Tunisie en termes de commerce, avec en 2012, 71,3% d'exportations et 62,4 % d'importations. C'est aussi le principal investisseur avec environ 90% du total des entreprises à participation étrangères, présentes en Tunisie. La Tunisie est le 32ème partenaire commercial de l'UE. Les relations commerciales entre l'UE et la Tunisie sont étroites et très anciennes et remontent à 1976. Les produits industriels européens entrent en Tunisie, à droit zéro depuis 2008, date à laquelle la Tunisie a finalisé le démantèlement tarifaire pour les produits industriels en vertu de l'Accord d'Association UE-Tunisie signé en 1995. La Tunisie a été ainsi le premier partenaire de la rive sud de la Méditerranée ayant signé et mis en œuvre une zone de libre-échange avec l'UE. Le Partenariat Privilégié entre l'UE et la Tunisie, agrée le 19 Novembre 2012, se fixe comme objectif d'hausser davantage les relations économiques bilatérales par la conclusion d'un Le nouvel Accord de Libre Echange Complet et Approfondi devra aller au-delà de la libéralisation des échanges commerciaux et de la suppression des droits de douanes, privilégiant une intégration économique plus étroite. Concentré sur l'ALECA, les décideurs tunisiens ont-ils pris en compte cette nouvelle donne et se préparent-ils à faire face à ces nouveaux défis, tout en veillant à préserver les acquis du pays ?