La date du 5 mai 2016 va-t-elle ouvrir une nouvelle page dans l'Histoire de la Tunisie, concernant la réconciliation nationale prônée par le président de la République Béji Caïd Essebsi et parrainée par le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi. Un accord d'arbitrage et de réconciliation a été conclu jeudi 5 mai 2016 entre Slim Chiboub gendre de l'ancien président déchu, et le chargé du contentieux de l'Etat au siège de l'Instance Vérité et Dignité (IVD) dirigée par Sihem Ben Sedrine et qui a perdu son aura et son prestige, depuis un certain temps, avec quatre démissions et une mise à la porte. Slim Chiboub avait demandé l'arbitrage de l'IVD et l'accord stipule que l'Etat accepte le principe de l'arbitrage et de réconciliation conformément à la loi de la justice transitionnelle. Ainsi, il choisit de se réconcilier avec l'Etat et de lui rendre ce qui lui revient. L'IVD s'en réjouit et, en contrepartie, se débarrasse définitivement de ses éléments perturbateurs avec la bénédiction de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a considéré que l'accord de réconciliation conclu par Slim Chiboub constitue un bon progrès au niveau de la justice transitionnelle et du traitement des sujets du pays dont le dossier de l'argent spolié. Il a affirmé que la restitution de cet argent favorise la réconciliation entre les hommes d'affaires et l'Etat. Toutefois, le ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, Hatem El Euchi, a tenu à faire remarquer que rien n'est conclu entre Slim Chiboub et l'Etat. «La conciliation effective, ajoute-t-il, commande de longues et dures négociations entre le chargé général du contentieux de l'Etat et Slim Chiboub. Ces négociations comportent également des séances d'écoutes publiques et la présentation par Slim Chiboub de ses excuses au peuple». Reste maintenant à savoir si les conditions formulées par El Euchi ne sont pas, en définitive, des formalités que Chiboub est disposé à respecter. Le ministre a souligné que «l'Etat peut rejeter l'accord au cas où les biens pillés ne seraient pas révélés dans leur intégralité et que la vérité ne serait pas dévoilée intégralement», ce qui revient à dire que l'on ne va pas se contenter uniquement des déclarations de Slim Chiboub ou des documents qu'il va présenter pour montrer que telle propriété ou telle somme d'argent qu'il possède n'ont pas été acquises illégalement. Mais le ministre ne précise pas si son ministère ou la Commission de confiscation des biens mal acquis détiennent des preuves irrécusables juridiquement prouvant que les biens ou une partie des biens de Chiboub proviennent effectivement d'une source douteuse. Cette réconciliation, si elle se confirme et si elle aboutit, donnera une nouvelle vigueur à Sihem Ben Sedrine, la présidente de l'IVD, qui pourra faire taire la contestation et diriger l'Instance à sa guise, surtout après avoir évacué pas moins de quatre membres dont trois ont claqué la porte, alors que le quatrième, Zouheir Makhlouf, avait été chassé du siège de l'Instance bien qu'il soit en possession d'un jugement du Tribunal administratif lui donnant le droit de reprendre son poste de vice-président.