L'EXPERT – La Tunisie est un pays touristique et le pays a accueilli, en 2019, plus de 10 millions de visiteurs. La pandémie de coronavirus risque de porter un coup dur à ce secteur qui s'est revigoré, au cours de la dernière année, sous la houlette du ministre du Tourisme et de l'Artisanat, René Trabelsi. Pour éviter l'entrée de ce virus maléfique, les responsables ont pris les dispositions nécessaires, dans les aéroports et dans les passages frontaliers, surtout avec la Libye où règne le chaos et où la situation n'est pas sous contrôle. Mais, le pays a-t-il les moyens nécessaires pour éviter son arrivée ? Les responsables tentent de faire baisser les craintes, mais la maitrise de la situation ne sera pas chose facile. La commission permanente pour le suivi de la propagation du Coronavirus a décidé, lors d'une récente réunion, de renforcer la vigilance et les mesures préventives au niveau des postes frontaliers, des aéroports et des ports maritimes, pour assurer une meilleure prévention contre le Coronavirus. La commission a notamment décidé de renforcer les capacités humaines et matérielles déployées dans le cadre de la stratégie nationale de prévention contre le Coronavirus en Tunisie. Lors d'une conférence de presse organisée, ce mercredi en Egypte par Le Bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale axée sur la propagation du Virus dans la région, le directeur régional pour la Méditerranée orientale par le Conseil exécutif de l'OMS, Ahmed Al Mandhari a rappelé que le Coronavirus est apparu dans la région Mena depuis 3 semaines seulement. Deux pays de la région ont déclaré avoir identifié des personnes infectées. Il s'agit des Emirats Arabes (9 cas) et de l'Egypte (1 seul cas). Al Mandhari a, à cette occasion, annoncé le lancement par l'OMS d'un plan régional qui couvrira 19 pays pour la prévention contre le Coronavirus. Le directeur des opérations d'urgence à l'OMS, Richard Brennan a, pour sa part, affirmé que l'OMS a mis en place un plan d'action axé notamment sur le soutien technique, le renforcement du leadership, le soutien logistique et la recherche scientifique. En effet, l'OMS a mis en place un guide technique. « Ce guide disponible sur le site web de l'organisation et mis à jour régulièrement et définit les principales mesures préventives à prendre par les gouvernements afin d'identifier et de traiter avec les personnes suspectes de contracter le virus », a-t-il expliqué. L'organisation veille notamment à diffuser les informations relatives à ce nouveau virus à travers ses partenaires dans toute la région, a-t-il encore dit. Levée de la quarantaine Les dispositions prises par la Tunisie pour prévenir l'entrée du coronavirus semblent être efficaces et, même les ceux qui sont revenus de Wuhan (Chine) ont été autorisés à rentrer chez eux, sains et saufs. La vigilance doit être de mise, parce que le danger guette. Le ministère de la Santé a remis les Tunisiens de retour de la ville chinoise de Wuhan à leurs familles, après 14 jours de mise en quarantaine durant lesquels ils ont fait l'objet de vérification biologique et de suivi médical par une équipe médicale spécialisée, avait indiqué l'ancienne ministre de la Santé par intérim, Sonia Becheïkh.
La ministre a expliqué que la décision de lever la mise en quarantaine a été prise après la fin de la période d'incubation du virus qui s'étend entre l'infection proprement dite et l'apparition des symptômes et dont la durée est estimée à 14 jours, soulignant qu'à ce jour, aucun cas de contamination par le coronavirus n'a été enregistré en Tunisie. Becheïkh a considéré que l'installation de caméras thermiques pour mesurer les températures des voyageurs dans les aéroports, les ports maritimes et les points de passage terrestres fait partie de la stratégie de prévention du virus, soulignant que le ministère a aménagé des salles d'isolement sanitaire dans les hôpitaux publics en cas d'éventuelle infection par le coronavirus. Les vols et croisières en provenance de 27 pays touchés par le coronavirus font l'objet d'une surveillance stricte en Tunisie, selon Becheïkh qui a souligné que les équipes médicales veillent à empêcher la fuite du virus. Elle a indiqué que des équipes du ministère se rendront dans les jours à venir aux points de passage de Ras Jedir, Dhehiba, Tamaghza et Hazoua pour évaluer l'expérience dans les zones frontalières. Pour sa part, le commandant médecin et professeur agrégée en virologie au ministère de la défense, Habiba Naija, a affirmé que le ministère de la défense dispose de ressources humaines qualifiées dans le domaine du diagnostic viral. Elle a fait savoir que les compétences médicales militaires ont bénéficié auparavant, dans le cadre de la coopération militaire tuniso-allemande, d'un programme de sécurité virale et de biosécurité, qui leur a permis de traiter convenablement les Tunisiens rapatriés, notant que le ministère de la Santé a, pour sa part, fourni un laboratoire biologique mobile. Le 3 février, les étudiants ont été évacués de Wuhan, en Chine, en coordination avec les autorités algériennes, qui ont consacré un avion pour évacuer 31 Algériens, 10 Tunisiens, 3 Libyens et 4 Mauritaniens. Toutes les personnes évacuées ont fait l'objet d'un examen médical approfondi de la part des autorités chinoises avant leur départ et tout au long du voyage. Les Tunisiens ont ensuite été rapatriés en Tunisie à bord d'un avion militaire avant d'être mis en quarantaine dans un centre spécialement aménagé à cette fin. Stock de médicament constitué « Toutes les informations relatives à l'éventuel enregistrement en Tunisie d'un cas suspect ou d'un cas confirmé d'infection au nouveau coronavirus seront rendues publiques « , avait assuré Sonia Becheïkh. Elle a souligné l'importance d'éviter les rumeurs qui sèment la panique auprès des citoyens, affirmant que toute information concernant l'enregistrement d'un éventuel cas suspect d'infection au nouveau coronavirus sera rendue publique par le ministère dans les plus brefs délais. Elle a, en outre, assuré que malgré la propagation rapide de ce virus, le nombre de décès n'est pas important puisque la majorité des personnes qui en sont décédées avaient d'autres maladies. S'agissant du suivi de la situation sanitaire des Tunisiens vivants en Italie, la ministre a souligné que l'ambassade de Tunisie en Italie, en collaboration avec le ministère de la santé, est en train de suivre l'évolution de la situation et de fournir toutes les informations utiles sur son site web. Dans ce contexte, elle a indiqué que pour le moment aucun cas suspect ou confirmé d'infection au nouveau coronavirus n'a été enregistré parmi la communauté tunisienne en Italie dont le nombre est estimé à 200 mille personnes, dont 60% vivent dans les régions du nord d'Italie où le virus s'est propagé. Par ailleurs, Ben Cheikh a estimé que c'est prématuré de parler de suspension des vols aériens en provenance d'Italie sachant que c'est une décision qui relève de la sécurité générale du pays. La ministre a réaffirmé la disposition de tous les services et établissements de santé à faire face à toute situation d'urgence, rappelant que jusqu'à présent aucun cas suspect ni confirmé d'infection au nouveau coronavirus n'a été enregistré en Tunisie. Elle a fait remarquer qu'un stock provisoire de fournitures médicales et de moyens de protection individuels a été constitué en collaboration avec la pharmacie centrale de Tunisie outre la formation du personnel médical et paramédical pour renforcer leurs capacités et pouvoir faire face à l'épidémie dans les meilleures conditions possibles. La ministre a rappelé que dans le cadre du plan de prévention, de préparation et de riposte au risque d'introduction du nouveau coronavirus en Tunisie, plusieurs mesures ont été prises comme le renforcement du contrôle sanitaire dans tous les aéroports, les ports maritimes, les points de passages frontaliers et les ports commerciaux outre l'équipement des 8 ports de plaisance de matériel de contrôle sanitaire. Ce contrôle est accentué pour les voyageurs en provenance des pays à haut risque comme l'Italie, l'Iran, l'Irak, le Koweït et autres, rassure Becheïkh. Il y a eu quelques alertes, mais elles se sont avérées fausses. L'apport du citoyen dans la lutte contre l'arrivée de ce fléau est d'une grande importance. Les personnes les plus vulnérables au coronavirus
L'analyse la plus complète sur les personnes les plus à risque a été publiée fin février par les autorités chinoises puis dans la revue médicale américaine Jama. Ses principales conclusions – pour la Chine – sont les suivantes : * Le taux de mortalité est d'environ 2,3 % ; * Aucun décès n'est à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans ; * Jusqu'à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas, à 0,2%, puis passe à 0,4% chez les quadragénaires, 1,3% chez les 50-59 ans, 3,6% chez les 60-69 ans et 8% chez les 70-79 ans ; * Les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus à risque avec un taux de mortalité de 14,8 % ; * Les hommes meurent davantage que les femmes : 63,8 % des décès ; * Le taux de mortalité augmente chez les patients atteints de maladie respiratoire (insuffisance respiratoire, asthme, bronchopneumopathie chronique obstructive…), maladie cardio-vasculaire (insuffisance cardiaque, antécédent d'AVC ou d'infarctus…), chez les personnes diabétiques, avec de l'hypertension ou un cancer. Conseils aux populations Les coronavirus peuvent avoir des conséquences graves chez des personnes fragiles (personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques, nourrissons, femmes enceintes). Ces virus peuvent se transmettre de personne à personne par voie aérienne, au contact de sécrétions ou d'objets contaminés, particulièrement en période hivernale. La période d'incubation du virus est comprise entre 2 et 14 jours (5 jours en moyenne). A l'heure actuelle, aucun traitement spécifique ou vaccin n'est disponible contre ce virus. Cependant, le Directeur Général de l'OMS a indiqué le 11 février qu'un vaccin pourrait être près dans 18 mois.
L'Organisation Mondiale de la Santé émet les conseils suivants pour réduire le risque général de transmission des infections respiratoires aiguës : * Eviter tout contact étroit avec les personnes atteintes d'infections respiratoires aiguës ; * Se laver fréquemment les mains, surtout à la suite d'un contact direct avec une personne malade ou son environnement ; * Eviter tout contact non protégé avec des animaux d'élevage ou des animaux sauvages ; * Les personnes présentant des symptômes d'infection respiratoire aiguë doivent respecter les règles d'hygiène applicables en cas de toux (se tenir à distance d'autrui, se couvrir la bouche ou le nez à l'aide d'un mouchoir en papier ou de ses vêtements lorsqu'on tousse ou éternue, se laver les mains) ; * Dans les établissements de santé, renforcer les pratiques standard de lutte contre les infections, en particulier dans les services d'urgence. A noter : un masque classique (pas forcément avec un filtre N95) est efficace pour éviter de contracter le virus car celui-ci est assez grand (diamètre d'environ 400 à 500 nm). Une personne infectée qui éternue peut éjecter le virus jusqu'à 3 mètres devant lui. Enfin, le 11 février 2020, l'OMS a mis sur pied une équipe de gestion de crise dirigée par le Dr Mike Ryan. « Cela aidera l'OMS à se concentrer sur la riposte sanitaire. » a déclaré le Directeur Général de l'OMS qui organise dans le même temps une réunion de plus de 400 scientifiques du monde entier et a lancé une levée de fond de 675 millions de dollars pour soutenir les opérations de préparation et d'intervention dans les pays.