Le député du Courant démocrate, Hichem Ajbouni, appelle la justice à déterrer le dossier du scandale du Sheraton Gate. A savoir celui dans lequel l'ancien ministre des Affaires étrangères sous le règne de la Troika, Rafik Abdessalem, fut soupçonné de détournement d'un don chinois à son profit. Retour sur une affaire entachée de moult zones d'ombre. En effet, assisterait-on à un règlement de compte entre deux formations politiques aux antipodes? En l'occurrence Ennahdha et Attayyar, engagés dans une guerre totale où tous les coups sont permis, même ceux portés sous la ceinture? Avec comme toile de fond l'affaire du Sharaton Gate. Une affaire étouffée? Ainsi, « non à la justice de deux poids et deux mesures. La justice doit se rappeler de l'affaire du Sheraton Gate, du don chinois; et des dépenses injustifiées du ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem du meilleur gouvernement de l'histoire ». C'est en ces termes que s'exprime le député du Courant démocrate, Hichem Ajbouni. Et ce, dans un statut publié ce week-end sur sa page FB. Et d'ajouter: « Il faudra que la justice tranche dans les plus brefs délais. Afin que l'opinion publique sache qui est intervenu pour protéger le gendre du cheikh et lui éviter d'être inquiété. Est-il normal que cette affaire traine depuis huit ans? », s'interroge encore le député. Alors, il va de soi que Hichem Ajbouni appelle la justice, celle qui vient de faire tomber successivement le ministre de l'Environnement et le président de Qalb Tounes, Nabil Karoui. Et ce, à se pencher sur une mystérieuse affaire qui croupit encore dans les archives des tribunaux. Elle faisait, à l'époque, couler beaucoup d'encre. De ce fait, il demande de rendre un jugement définitif dans ce dossier qui traine en longueur depuis tant d'années. Car l'affaire du Sheraton Gate remonte à 2013. Cette année là, des soupçons de détournement d'un don chinois pesaient sur le ministre des AE au gouvernement de Hamadi Jebali, Rafik Abdessalem. Ce don destiné à la base à l'organisation d'un colloque s'élevait à un (1) million de dollars. L'intégralité de ce montant aurait été versée sur le compte bancaire personnel de M. Abdessalem, à la STB. Inculpation Puis, en décembre 2013, le Parquet inculpait M. Abdessalem pour deux chefs d'accusation. Le premier, selon les dispositions de l'article 96 du code pénal concernant « l'usage par un fonctionnaire public de sa qualité pour se procurer lui-même ou procurer à autrui un avantage injustifié portant préjudice à l'administration ». Quant au second chef d'accusation, il se rapporte à l'article 58 du code de la comptabilité publique pour « utilisation illicite des fonds publics ». Ensuite, quatre ans plus tard, le Ministère public demandait au juge d'instruction du bureau 26 au Pôle judiciaire économique et financier de statuer sur cette affaire et d'émettre les mandats nécessaires. En vain. Par ailleurs, notons que, pour la première fois, le Ministère public avait utilisé le nom de Rafik Abdessalem pour désigner l'ancien MAE. Nuance de taille. Sachant qu'une inculpation en bonne et due forme et un jugement pour abus de pouvoir d'un fonctionnaire et détournement de fonds publics en sa faveur, sont passibles d'une peine de prison allant de 10 à 20 ans. Etat de droit Or, on n'en est pas encore là. Mais un jugement définitif lancera un signal fort. A savoir que c'est le début de la fin de l'impunité dont certains responsables politiques ont bénéficié, notamment à l'ère de la Troïka. En attendant, la présomption d'innocence, principe selon lequel « toute personne est réputée innocente tant que sa culpabilité n'a pas été légalement établie » reste la pierre angulaire du droit. Souvenons-nous que dans une démocratie, ce principe fondamental doit s'appliquer à tout le monde. Y compris au gendre du cheikh de Montplaisir... Dont acte ! * leconomistemaghrebin