Lors de son interview dimanche sur Attassia, Fadhel Abdelkafi, l'ancien ministre et actuel président du parti libéral Afek Tounes, n'a cessé de répéter qu'il n'est pas proche idéologiquement du parti islamiste Ennahdha. Et que, entre Rached Ghannouchi et Abir Moussi, son cœur balance plutôt pour la présidente du PDL. Et ce, en dépit de sa position affichée sur l'exclusion politique. Que dire de la prestation de Fadhel Abdelkafi, 50 ans, ancien ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale en 2016 et également ministre des Finances par intérim en 2017? Alors qu'il était interviewé lors de l'émission politique du dimanche dernier sur la chaîne privée Attessia. Un baptême du feu médiatique plutôt réussi pour l'actuel président fraîchement élu d'Afek Tounes. Car, soumis à un rouleau compresseur de questions biaisées et plutôt agressives de la part de l'animateur de l'émission Wahch Achacha, Samir El Ouafi, l'invité principal répondait du tac au tac, sans perdre un instant son calme olympien. En effet, Fadhel Abdelkafi répondait à toutes les questions, certaines déstabilisantes lourdement répétitives. Avec une certaine malice, maniant un dialecte raffiné. D'ailleurs, ce fut une performance remarquable pour un parfait bilingue. Puisque durant l'émission de plus de deux heures et demi, il ne prononça pas un seul mot en Français. Lui le fin lettré dans la langue de Molière et petit-fils du feu Cheikh Taher Ben Achour, grand exégète du saint Coran. Un homme de consensus Harcelé tout au long de l'émission par l'animateur sur sa supposée proximité avec Ennahdha; sachant que le parti islamiste le proposait à deux reprises au poste de chef du gouvernement. Soupçonné en plus d'être le « chouchou » du cheikh de Montplaisir. Pourtant, le président d'Afek Tounes martelait qu'il n'était pas proche idéologiquement d'Ennahdha. « A part Ennahdha, plusieurs autres partis ont soutenu ma candidature à la présidence du gouvernement. Estimant que je représente une personnalité consensuelle capable de parvenir à des solutions concrètes à la crise économique de notre pays. Je ne suis pas l'enfant gâté de Rached Ghannouchi. Je ne l'ai rencontré que cinq fois durant ces six dernières années. Je n'ai jamais été chez lui; d'ailleurs, je ne connais même pas son adresse personnelle ». « Plutôt Abir que Ghannouchi » Clou de la soirée: « Politiquement, je suis plus proche d'Abir Moussi. Même si j'ai des réserves sur ses choix politiques, notamment en ce qui concerne l'exclusion. Pour moi, seules les urnes ont le pouvoir d'exclure des partis politiques. Je suis plus proche du Parti Destourien Libre (PDL) d'Abir Moussi que d'Ennahdha et de Rached Ghannouchi », avouait Fadhel Abdelkafi. Mais, nuance. L'ancien président du conseil d'administration de Tunisie Valeurs n'est pas un fan absolu d'Abir Moussi. Puisqu'il distingue malicieusement le PDL d'Abir Moussi la patronne du parti destourien; dont il reconnait volontiers que leur seule rencontre à l'ARP fut plutôt « fraîche ». Probablement, le désaccord fondamental portant sur l'exclusion de certains partis politiques, notamment celui d'Ennahdha. Fureur d'Ennahdha Réaction outragée et immédiate du leader du mouvement Ennahdha, Noureddine Bhiri. Lequel a bondi en considérant, via sa page officielle, que « toute alliance avec le PDL, un parti fasciste, est une trahison au pays et au sang des martyrs ». Alors que retenir de cette longue interview? Que l'ancien ministre de la coopération et incarnation de la méritocratie, fraîchement converti à la politique a su, durant cette prestation médiatique, endosser le costume d'un homme politique avec qui il faut désormais compter. Force est de reconnaitre qu'il en a l'envergure... Et l'allure.leconomistemaghrebin * leconomistemaghrebin