Ce label, sera celui des prochaines années pour vendre le site Tunisie, en tant que site industriel. C'est ce qui ressort de la présentation faite de l'Etude de la stratégie industrielle nationale à l'horizon 2016. Cette étude financée par le Programme de Modernisation Industrielle a pour objectif de définir les axes majeurs de la stratégie industrielle nationale afin d'arrêter un plan de déploiement et un plan de communication qui mettent en œuvre, à brève échéance, des actions structurantes et à fort impact. Cette étude vient à point nommé avec la crise économique mondiale qui a touché plusieurs secteurs industriels tunisiens tel que le secteur des Industries Mécaniques et Electriques et le secteur du Textile et Habillements. Voici les principaux éléments contenus dans cette étude qui revêt un intérêt stratégique selon certains experts. Le potentiel industriel de la Tunisie : En tant que site propice d'investissement, la Tunisie se situe à un niveau respectable en matière de compétitivité de son économie. En effet, après l'entrée en vigueur de l'accord de libre échange avec l'union européenne, en Janvier 2008, plusieurs opportunités s'offrent à notre pays. La Tunisie se classe à la 36ème position selon l'indice de compétitivité établi par le Forum Economique de Davos, devançant ainsi près de 20 pays de la zone euromed.
Classement WEF selon l'indice de compétitivité globale
Tunisie
36 Malte
52 Maroc
73 Egypte
81 Libye
91 Algérie
99
L'industrie tunisienne a pu se tailler une place de choix dans le Sud méditerranéen. « Forte d'un tissu industriel de plus de 5700 entreprises, exportant en 2007 pour 12 milliards de dinars de produits industriels (hors agro), la Tunisie est le premier exportateur industriel vers l'union européenne de la Rive Sud de la méditerranée. Le programme de mise à niveau a contribué fortement au positionnement de l'industrie tunisienne. En effet, les exportations industrielle ont quadruplé entre 1996 et 2007 et représentent actuellement 84% des exportations nationales contre 40% en 1995. L'Union européenne constitue à la fois le premier marché et le premier partenaire industriel de la Tunisie. Plus de 80% des exportations industrielles concernent ce marché et plus de 2200 entreprises industrielles à participation européenne opèrent en Tunisie, le plus grand nombre de la région Sud Meda. Les exportations vers l'UE connaissent une croissance annuelle de plus de 10% depuis 1996. Selon l'Etude présentée en présence d'experts et responsables d'administrations, l'industrie tunisienne repose sur 3 piliers qui sont : les industries textiles et habillements et cuir et chaussures, les industries agroalimentaires, et les IME. Ces trois secteurs génèrent plus de 1 milliards de dinars d'exportation chacun, représentent 76% des entreprises industrielles, 87% des exportations, près de 62% des IDE et plus de 83 des emplois. L'étude fait remarquer l'importance d'un autre secteur, qui est les technologies de l'information et de la communication et l'outsourcing. « La Tunisie occupe une position de leadership régional sur les secteur des TIC à l'instar des classements internationaux du Forum de Davos. La Tunisie est 1ère en Afrique, 3ème dans le monde arabe et 35ème dans le monde selon le classement Network Readiness Index. Les exportations de ce secteur ont atteint près de 50 millions de dinars.
Une réussite industrielle qui mérite d'être soulevée : La croissance de l'industrie tunisienne au cours des dernières années est basée sur certains facteurs clés qui ont été présentés par le bureau d'études. Il s'agit de : - La culture ancrée de l'export et du Nearshore développé avec l'Europe, - Les investissements directs étrangers, basés sur un principe de partenariat, - La migration partielle de l'activité industrielle vers l'intérieur du pays : actuellement plus de 80% des emplois sont concentrés sur le littoral dont 67% sur 6 gouvernorats. L'objectif national consiste à développer 60% des superficies des nouvelles zones industrielles dans les régions littorales contre 40% dans les régions intérieures et médianes. La répartition actuelle est respectivement de 84% et 16%. - Une clusterisation en marche : Il s'agit de mettre en œuvre des pôles de compétitivité dédiés aux secteurs phares. Ces pôles sont programmés pour être à proximité des pôles industriels et des infrastructures nationales d'enseignement supérieur, de formation et de recherche.
La stratégie : La stratégie industrielle nationale est construite sur un positionnement à 3 dimensions : - « Capitaliser sur la réussite du modèle tunisien du nearshore : cette composante du positionnement stratégique devra être maintenue voire renforcée car elle répond à une très forte attente des investisseurs en Tunisie. » - Positionner le site Tunisie comme plateforme d'échanges, - Répondre à l'attente d'innovation Le plan stratégique tel qu'élaboré par l'étude est labellisé « Tunisia, the Euromed valley ». Cette labellisation, produit de l'étude, « véhicule l'ambition stratégique forte d'un territoire arrimé à la région euro-med, dont il serait l'un des pivots. Le terme « Valley » utilisé à juste titre par le bureau d'étude « est porteur à la fois de la notion de Hub et du driver innovation ». Le portefeuille de demain sera recomposé suivant 4 dynamiques fortes : croissance, qualité, fertilisation et diversification. L'objectif de l'industrie tunisienne pour 2016 étant de doubler les exportations et de tripler les investissements industriels.
Mettre la stratégie en œuvre : Comme toute étude, il existe toujours un plan d'actions. Le bureau chargé de l'étude, préconise un plan de déploiement et un plan de communication. Le plan de déploiement doit s'articuler autour de 4 axes majeurs : - Clusters, secteurs et innovation : la stratégie industrielle se base sur le déploiement de 4 pôles de compétitivité dans les secteurs clés et d'autres pôles sectoriels et régionaux visant à porter l'innovation au cœur des stratégies de développement des entreprises tunisiennes. L'objectif visé est de créer 1000 entreprises et 40.000 emplois au sein des technopoles à l'horizon 2016. - Infrastructure et offres internationales : il s'agit des grands projets d'infrastructures déjà en cours qui seront renforcés par 3000 hectares de zones industrielles dont 1000 hectares gérés par les sociétés technopoles - Entreprenariat et qualité, - Promotion internationale et communication : c'est la composante la plus importante du plan d'action à notre avis car elle vise à véhiculer la notion de « Tunisia : the euromed valley ». La déclinaison de ce plan d'action est très ambitieuse. Elle prévoit une task force en charge de piloter et de coordonner toutes les « voix » de la Tunisie industrielle avec les autres acteurs publics et privés impliqués dans la promotion. Il s'agit aussi de la création d'un portail web « Eco Tunisia » et la publication d'un baromètre de la compétitivité tunisienne et la création d'un club de 500 VIP (décideurs et personnes influentes) pour une communication plus exclusive. Le plan prévoit la participation à plusieurs salons et réunions internationales pour la promotion de sud Tunisie.
Ce qui nous interpelle : L'étudede la stratégie industrielle nationale à l'horizon 2016 vient malheureusement ou heureusement en période de crise économique. Parler d'investissement en ces temps parait une chose aberrante, or c'est en période de crise qu'il faut investir. Il est important de véhiculer l'image de la Tunisie comme « une porte de sortie de la crise » pour ceux qui la vivent. Les chiffres de l'étude ,qui a été terminée il y a 6 mois, datent de 2007, ce qui nécessite un effort d'actualisation sur la base des réalisations de 2008 en légère baisse et des projections de 2009, qui s'annoncent moroses. Cette révision impose aussi une révision des objectifs chiffrés pour 2016. Le plan de communication de l'étude peut entraver certaines actions gouvernementales de promotion déjà existantes, tel que les efforts de la FIPA et le Forum de Carthage sur l'investissement ou les participations du CEPEX aux salons et foires. Il est primordial de coordonner les efforts de toutes les structures pour parler d'un seul langage et la Tunisie parle ainsi d'une seule voix. Ce qui est frappant au sein de cette étude, c'est l'absence du la FIPA du comité de pilotage, qui a été dirigé par l'UTICA. Une absence qui pèsera certainement lourd sur le déploiement du plan d'action.
La stratégie industrielle tunisienne doit être encore plus prospective surtout en ces périodes de troubles. Les secteurs pilotes de l'industrie tunisienne ont connu plusieurs chocs au cours des dernières années, et c'est l'Etat qui s'est toujours intervenu pour apporter les solutions nécessaires. Nous craignons d'avoir une industrie assistée en période de crises et n'arrive pas à maturité pour se sauver d'elle-même.