Il n'y a pas si longtemps, à part l'huile d'olive, les dattes, les agrumes, peu de produits agricoles figuraient parmi la liste de nos exportations. Outre ces produits qui constituent encore aujourd'hui les fruits tunisiens de prédilection sur les marchés mondiaux, d'autres variétés fruitières intéressent désormais les consommateurs étrangers. Depuis quelques années et grâce à une stratégie cohérente de l'Etat, notre agriculture exporte les fruits et légumes de plus en plus en abondance (pêches, abricots, pommes, tomates, pommes de terre, …) Seul bémol à cette croissance agricole exceptionnelle réside au fait que 77% de nos besoins en céréales sont encore importés malgré qu'à l'antiquité, la Tunisie était si fertile jusqu'à devenir le grenier exclusif de Rome. La promotion de la filière céréalière si stratégique est malheureusement freinée par l'endettement excessif de nos agriculteurs, le morcellement croissant de nos plantations, le manque d'assurances efficaces contre les aléas naturels et la faible mise à niveau de ce secteur en particulier. C'est pourquoi, la récente promulgation de la loi portant création de l'Institut national des grandes cultures, dont le Chef de l'Etat avait ordonné la création pour regrouper les différentes structures administratives intervenantes dans ce domaine et veiller à la promotion et à la modernisation de ce secteur, est réellement venu au bon moment. La mission confiée à ce nouvel établissement public concerne l'élaboration en partenariat avec la profession des études sur le secteur des grandes cultures dans le but d'en accroître la production et d'en améliorer la productivité. L'institut en question formera en même temps des céréaliers à travers l'intensification de l'encadrement technique des fermes spécialisées dans les grandes cultures et la valorisation des résultats des recherches relatives aux nouvelles variétés des semences y afférents. Cet institut aura aussi la tâche de valoriser les résultats des recherches scientifiques et de les mettre à la disposition des agriculteurs. Pour ce faire, l'accent sera mis sur la recherche appliquée, le travail sur terrain et la vulgarisation des nouvelles techniques céréalières. Par ailleurs, avec une moyenne de précipitation de 350 mm au Centre et de moins de 100 mm au Sud, la culture céréalière tunisienne doit affronter les défis de la sécheresse et de l'irrigation. Heureusement, suite à l'extension considérable des périmètres irrigués, notre production céréalière et fourragère connaît depuis quelques années une amélioration sur le plan à la fois quantitatif et qualitatif. Les efforts fournis par l'Etat en matière de construction et de maintenance des barrages sont également d'un important apport pour le développement de ces cultures et surtout dans les régions du Nord. Selon les décisions présidentielles annoncées à l'occasion de la Journée nationale de l'Agriculture, le 12 mai dernier, l'objectif de ces extensions serait d'étendre la superficie consacrée à la culture des céréales en irrigué à 120.000 hectares d'ici 2011, avec un rendement moyen escompté de 50 quintaux à l'hectare (la moyenne actuelle en est de 27 quintaux par ha). En d'autres termes, l'accent sera mis dans les années à venir sur l'augmentation de la production céréalière pour réaliser à terme l'autosuffisance nationale en cette denrée de base et par conséquent garantir pour longtemps notre sécurité alimentaire. Pour y parvenir, il nous faut concrètement maîtriser au mieux les techniques culturales céréalières par la fertilisation, la mécanisation et l'optimisation du stockage… Bref, l'Institut national des grandes cultures aura la grande responsabilité de promouvoir notre céréaliculture à travers la promotion de la recherche, le lancement d'un technopôle au Nord-Ouest, l'extension des surfaces irriguées, l'augmentation du rendement à l'hectare et la formation des céréaliculteurs en harmonie et en partenariat avec la profession.
QUELQUES CHIFFRES ET INDICATEURS : à50% de toutes nos terres sont arides et seuls 25% sont exploitables dont la plupart est trop morcelée. àSur 700 milles agriculteurs que compte notre pays, seuls 15 milles sont encadrés par les instances publiques, les groupements de développement et les associations du secteur. àPour équilibrer notre balance agroalimentaire, il va falloir exporter 200 milles tonnes par an d'huile d'olive ; ce qui est pratiquement impossible ; car toute la récolte nationale vacille autour de cette même quantité. àLes Etats-Unis produisent 15% de toutes les céréales du monde, soit 300 milles tonnes dont 80 milles tonnes sont exportés. àPar des méthodes scientifiques et des outils mécaniques performants, les américains ont pu multiplier en 10 ans leur rendement céréalier par hectare par 7.