Début avril prochain, se réunira à Londres le G20 chargé de répondre sur le fond à la gigantesque crise actuelle. Jusqu'ici les Etats ont surtout acheté du temps à coups de milliards et d'endettement public. Depuis le précédent sommet, à Washington en novembre 2008, plusieurs signes graves de craquements nouveaux sont intervenus au plan mondial la détérioration des économies émergentes la montée des faillites, du chômage, de la pauvreté. Reste-t-il deux mois pour essayer de sauver l'économie mondiale ?. le G20 devra-t-il reconnaître clairement que le monde a besoin d'une régulation assumée et efficace ?. La cupidité s'est illustrée par l'exigence de rendements financiers déconnectés de la croissance réelle de l'économie, ce qui a engendré une baisse de la rémunération du travail par rapport à celle du capital et une explosion de l'endettement, accompagnée d'une montée des inégalités. La situation a été aggravée par l'hypercomplexité des mécanismes financiers imaginés, dont le seul effet limpide a été l'encaissement par les initiés de péages astronomiques auxquels il faut mettre un terme. La conflictualité internationale a porté le coup de grâce : aucune réponse coopérative n'a été apportée face à des questions d'ampleur mondiale telles que le saccage des ressources naturelles, le nouveau défi énergétique ou les déséquilibres commerciaux. il faut parvenir à en substituer un autre : modération, régulation, coordination.. la spéculation sur les matières alimentaires et énergétiques doit être contrée par des mécanismes publics de stabilisation des prix. Les grandes puissances économiques doivent traduire en actes les engagements pris en novembre, quand elles définirent un plan d'action pour juguler la crise et parer à d'éventuelles résurgences des difficultés. Mais ce qui domine pour l'heure, ce sont les divergences quant à l'ampleur à donner à la relance par la dépense publique. Depuis Washington, le président américain Barack Obama a encore demandé aux membres du G20 des mesures de relance "suffisamment fortes" pour faire face à la crise mondiale. Il s'est prononcé parallèlement pour une "coordination" du "système financier mondial", mais en paraissant écarter l'idée d'un "super-régulateur". Les USA pensent, en faut, que les grandes puissances doivent consacrer 2% de leur PIB à relancer la demande, mais la France et l'Allemagne ne partagent pas l'avis de Washington et de Londres sur l'opportunité de nouvelles dépenses publiques. Les Européens, qui sont eux-même « divisés », refusent notamment d'augmenter leurs dépenses budgétaires de relance -comme le demandent les Américains- et refusent alors « pour l'instant » de s'engager à de nouvelles dépenses, préférant attendre de voir le résultat des plans de relance déjà lancés.. et surtout, poussent à un changement en profondeur de la régulation financière mondiale afin d'éviter le retour d'une telle crise. Les divergences américano-européennes sont exacerbées par les revendications des grands pays en développement du G-20 comme la Chine, l'Inde et le Brésil, qui veulent peser davantage sur l'ordre économique mondial. Les chefs d'Etat du G20, qui réunit les pays riches et les principales économies émergentes, se retrouveront le 2 avril à Londres pour dégager les grandes lignes d'une réforme du système financier international. Ce sommet sera le premier voyage officiel en Europe du président américain Barack Obama.