Organisées par les éminentes institutions universitaires tunisiennes (ISCAE et ESSEC) et française (Université du Sud, Toulon-Var) en collaboration avec le journal «l'Expert», ces rencontres scientifiques se présentent certes dans un contexte de crise mondiale qui a conditionné la thématique, mais il n'est pas inutile de souligner l'ambiance de célébration qui a agrémenté le déroulement de l'événement. En effet, l'année 2009 coïncide avec la double commémoration du cinquantenaire et de l'institution universitaire tunisienne et de la Banque Centrale de Tunisie, institution dont la fondation en 1958 avait coïncidé avec la création du dinar tunisien et la mise en place du premier noyau de banques nationales. L'occasion était donc propice pour réunir universitaires et professionnels de la finance afin de débattre de l'actualité brulante du moment, la crise financière mondiale, et de passer en revue les moyens et procédures à adopter pour assurer la pérennité de la croissance en Tunisie et éviter les impacts d'une crise qui fait des ravages au cœur même des économies les plus développées. D'ailleurs, comme l'a souligné dans son allocution de bienvenue, M. Sami Mouley, président des commissions scientifiques et d'organisation, et professeur à l'ISCAE et à l'ESSEC: «Le choix de la thématique n'est pas fortuit. Il s'inscrit dans le débat et les actions menées actuellement par les autorités tunisiennes en réponse à la crise financière internationale dont on sait qu'elle a radicalement inversé les donnés préétablies en matière de conduite des politiques économiques, de libéralisation des systèmes monétaires et financiers, de pratique des normes de gouvernance et de climat des affaires et de recadrage des profils compétitifs et de spécialisation commerciale». Suite à son allocution, M. Sami Mouley céda ensuite la parole à M. Taoufik Baccar, ministre Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie pour prononcer le discours officiel d'ouverture de ces journées.
Un débat national pour renforcer la stratégie en œuvre D'emblée, le Gouverneur a tenu à féliciter les organisateurs de la pertinence de leur choix quant à la thématique, alors que: «le monde est confronté à de grands bouleversements qui menacent sérieusement la stabilité du système financier et monétaire mondial». M. Taoufik Baccar a ensuite mis en exergue la pertinence de la stratégie mise en place par la Tunisie et qui a permis atténuer l'impact de la crise sur le processus de développement national. Il a également passé en revue les mesures instaurées pour préserver la stabilité du cadre macroéconomique. Mesures qui ont été renforcées par la décision qui vient d'être prise de lancer un débat national en vue d'enrichir la stratégie déjà mise en œuvre. Par la suite, le coup d'envoi a été donné aux différentes sessions programmées et animées par d'éminents universitaires et experts en la matière. La première journée, qui a donc débuté hier, comportait quatre thèmes divisés en autant de sessions. Chaque session étant composée de trois sous-thèmes. La première session, présidée par le Professeur Sami Mouley avait pour intitulé: «Systèmes bancaires, intermédiation financière et performances macroéconomiques». Animé par trois universitaires du Laboratoire d'Economie Appliquée au Développement (LEAD) de l'Université du Sud-Toulon Var (France), Cécile Bastidon, Philippe Gilles et Nicolas Huchet, a traité de l'«intermédiation bancaire et vulnérabilité financière». A ce sujet, les intervenants ont constaté le fort degré d'interventionnisme étatique en Tunisie sur le ratio de liquidité, ou la capacité des banques à mobiliser leurs actifs. Un ratio assez faible en Tunisie mais à forte marge de progression, sujette à la libéralisation des marchés des capitaux, néanmoins une pareille option n'entraine pas forcément de désintermédiation durable et donc d'amélioration du ratio de liquidités, selon les conclusions des intervenants. Ce fut ensuite au tour de Sylvie Taccola Lapierre, de l'Université du Sud-Toulon Var, de faire un exposé visant à tirer les enseignements de la crise financière des subprimes, vue sous l'angle des «Nouvelles technologies bancaires». Un système d'innovation qui a seulement besoin de bonne gouvernance. Le troisième et dernier thème de la première session intitulait «Innovation financière et enjeux de la régulation» présenté par Catherine Lubochinsky, du club des économistes français, enseignante à l'Université paris 2 et présidente du SUERF. Le programme de la matinée s'est achevé par la deuxième session dont le thème était: «gouvernance et climat des affaires, avec tout d'abord l'intervention de Hamdi Fehri, professeur à l'IHEC de Carthage, qui a abordé le climat des affaires et attractivité de l'économie tunisienne». Il céda ensuite le relais à Remi lallement, du centre d'Analyse stratégique à pari, pour le deuxième atelier de la session, traitant de la «législation de la propriété intellectuelle et gouvernance». Enfin, Hatem M'hemi, professeur à l'ESSEC, acheva la session en présentant la «gouvernance du système national d'innovation en Tunisie». Lequel bénéficie de structures et d'un système bien en place mais que nécessite une bonne gouvernance. Les débats ont repris l'après-midi avec la troisième session payant pour thème «compétitivité, spécialisation commerciale et développement économique». Et, hommes ou dames pour le premier atelier, avec Céline Gimet, du GATE de l'Université de Lyon2, et Nathalie Roux, du DEFI de l'Université de la Méditerranée, qui ont présenté un cas pratique. Le thème étant. «Spécialisation appauvrissant et réintégration à des processus de production verticaliste le cas du secteur textile-habillement», Sous le thème: «The Greater Arab Free Trade Area (GAFTA): an estimation of trade effects», Nicola Péridy, de l'Université de la Rochelle, a décortiqué les performances de la zone franche arabe. Pour conclure la troisième session, Yusuf Kocoglu, de l'Université du Sud, Toulon-var et du centre d'Etude de l'emploi de paris, a fait une comparaison des expériences de différents pays émergents en matière de ‘'capital humain et développement économique''. La première journée de ces rencontres s'est achevée par la quatrième et dernière session du jour sous forme d'un atelier électoral sous la présidence du professeur Farouk Kariaâ du FSEG de l'Université de Tunis El Manar. Le premier atelier, animé par Ali Chebbi, enseignant à l'ISG de Tunis, avait pour thème «Econométrie appliquée et modélisation des politiques économiques avancées récentes». Puis ce fut au tour de Rafik Baccouche, enseignant au FSEG de développer le thème «Econométrie des marchés financiers», avant le passer le relais à Fethi Bekri et Akri Boughanmi. Les deux enseignants de l'ISCAE ont conclu sous le thème: «libéralisation financière et croissance économique». Ces rencontres scientifiques se poursuivant également aujourd'hui à l'hôtel Shératon de Tunis avec la dernière session au programme qui sera suivie par une table ronde. Le thème de cette session traitera des «Investissements étrangers, financements externes et régimes de change», à travers les trois ateliers suivants: 1 - «financements extérieurs, productivité et convertibilité du compte du capital : impacts sectoriels en Tunisie», par Sassi Mouley 2 - «sous l'égibilité du G20: vers une nouvelle architecture de la finance globale», par Rafik Baccouche. 3- emprunts extérieurs et gestion du risque de change en Tunisie: une approche par la simulation et la value-at-risk, par Cchaku et Saber Sebaï, de l'ISCAE. Enfin, la table ronde se tiendra sous la présidence du professeur Jean Louis Reiffers, président de l'Institut de la Méditerranée, Femise-ERF et enseignant à l'Université de la Méditerranée, Aix-Marseille.