L'organisation de ces rencontres scientifiques par d'éminentes institutions universitaires, tunisiennes (ISCAE et ESSEC) et françaises (sous l'égide de l'Université du Sud, Toulon-Var) à Tunis coïncide avec la célébration par la Tunisie d'un double cinquantenaire, celui de l'université tunisienne d'abord mais aussi de la création de la Banque Centrale de Tunisie, institution dont la fondation, en 1958, avait aussi coïncidé avec la création du dinar tunisien et la mise en place du premier noyau de banques nationales. La symbolique de ces deux événements majeurs témoigne à plus d'un titre de la stratégie de la Tunisie de l'ère nouvelle et de la politique clairvoyante de son excellence le Président de la République Zine El Abidine Ben Ali visant à consolider les performances monétaire et financière du pays tout en renforçant les capacités analytiques, de recherche et de formation universitaires de haut niveau.
Le choix de la thématique de ces premières rencontres sur l'attractivité, la compétitivité et le financement de la croissance en Tunisie n'est pas du tout fortuit. Il s'inscrit dans le débat et les actions menées actuellement par les autorités tunisiennes en réponse à la crise financière internationale dont on sait qu'elle a radicalement inversé les donnes pré-établies en matière de conduite des politiques économiques, de libéralisation des systèmes monétaires et financiers, de pratique des normes de gouvernance et de climats des affaires et de recadrage des profils compétitifs et de spécialisation commerciale.
A ce propos, permettez moi de rendre hommage aux initiatives entreprises par la Banque Centrale de Tunisie et à son gouverneur, car rares sont les banques centrales des pays émergents qui ont mesuré l'ampleur de la crise financière internationale dès son déclenchement en juillet-août 2007, mis en place une structure de veille et de suivi puis adopté une série de mesures tant au niveau de la gestion macroéconomique en général, de décisions de politique monétaire, de gestion adéquate des réserves de change, de réglementation et supervision prudentielle et de contrôle de la stabilité financière du pays. Mesures suivies par la suite de mécanismes de mobilisation de ressources internes de trésorerie et de plans de relance budgétaire touchant à la fois les dépenses d'investissement que de consommation car la vraie question étant de réagir à temps contre les risques de déflation.
Le déroulement de ces premières rencontres s'inscrit donc dans les enjeux que suscite l'objectif primordial de conforter mais aussi renforcer la capacité de résilience et d'adaptation de l'économie tunisienne aux chocs et bouleversements de la sphère économique et financière internationale. Aussi, le thème que nous avons choisi de placer nos premières rencontres cette année revêt une importance singulière, dans la conjoncture actuelle qui confronte le monde à des risques systémiques qui menacent sérieusement la stabilité du système financier et monétaire international tout autant que les perspectives de la croissance économique. Car en dépit des efforts déployés par la communauté internationale, à travers, notamment, l'intervention massive des banques centrales qui ont injecté de grandes quantités de liquidités et baissé leurs taux d'intérêt directeurs, et l'adoption, par les gouvernements, de programmes de sauvetage au profit des institutions financières, la situation reste préoccupante et requiert un surcroît d'efforts dans la recherche des stratégies de sorties, l'élaboration de bonnes pratiques et l'encadrement des politiques économiques.
En réponse à ces interrogations prioritaires, nos rencontres seront donc organisées en quatre panels. Le premier est consacré à l'analyse des systèmes bancaires, l'intermédiation financière et les performances macroéconomiques. Le deuxième aux investissements étrangers, aux financements externes et aux régimes de change. Le troisième au climat des affaires et la gouvernance et le quatrième à la compétitivité, la spécialisation commerciale et le développement économique. En outre, une table ronde associant des universitaires et des praticiens bancaires et financiers sera consacrée à la Tunisie et l'Union Pour la Méditerranée.
Nous sommes convaincus que le niveau remarquable des participants à ces rencontres, aidera à approfondir les réflexions sur les voies à emprunter pour renforcer le rôle des décideurs de politique économique en général et des autorités monétaires et instances de régulation en particulier dans l'anticipation des évènements et la préservation de la stabilité de l'économie nationale.