Sous l'égide de M. Taoufik Baccar, ministre Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Dar El Khabir Management «Journal l'Expert » a organisé, le 23 juin courant, à Tunis, un workshop portant sur le thème: «Le G20 et la réforme globale de l'architecture financière internationale: quels enjeux pour la Tunisie». L'angle de réflexion proposé est on ne peut plus actuel et pertinent. L'occasion était donc propice pour réunir une liste des invités assez impassionnante englobant des universitaires et des professionnels de la finance afin de débattre un sujet d'actualité brulante celui de la réforme globale de l'architecture financière internationale, en jetant la lumière sur l'engagement de la Tunisie dans un processus de mise en œuvre des critères de Bâle II.
Ouvrant les travaux du workshop, M. le ministre Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, M. Taoufik Baccar, a remercié l'organisateur (Dar El Khabir Management – l'Expert) pour le choix pertinent du thème de cet atelier. Ce thème demeure malgré tout ce qui a été écrit sur la crise financière internationale au cœur de l'actualité. En effet, cette rencontre s'inscrit dans le droit fil des recommandations techniques du G20 et l'orientation des autorités monétaires nationales des instances de régulation, tant en matière d'amélioration de la résilience de l'économie tunisienne que dans le registre d'asseoir une plus grande solidité du système bancaire et financier tunisien. Elle a enregistré la présence de nombreuses personnalités à savoir : M. Samir Mouley, Directeur général du Centre de Recherche et des Etudes financières et monétaires à la Banque Centrale, M. Brahim Hajji, P-DG de la Banque de l'Habitat, M. Khalil Ammar, P-DG de la BFPME, M. Philippe Gilles, universitaire de Toulon-Var et M. Chiheb El Ghanmi, expert-comptable. En fait, cet atelier a constitué une occasion importante pour ouvrir la voie à une réflexion avancée sur l'après crise alors que tout le monde est concentré jusqu'aujourd'hui sur les origines de la crise financière internationale et une opportunité de grande envergure pour débattre un thème assez important, complexe à savoir la nouvelle architecture financière internationale telle que relancée dans le sillage du dernier sommet du G20 à Londres. Et parmi les sujets qui ont été traité: les enjeux globaux et réformes multilatérales, les risques de liquidité et réformes des exigences prudentielles, la réorientation macro-prudentielle de la réglementation des banques et la réforme des normes comptables.
La crise… en bref A ce titre, M. Baccar a présenté un aperçu historique et chronologique sur la crise financière internationale dès son apparition. Et avec «un poids économique de près de 85% du PIB mondial, 80% du commerce international et près de deux tiers de la population mondiale, le G20 n'a pris sa véritable envergure que depuis le sommet de novembre 2008 à Washington, qui s'est démarqué des précédentes rencontres par la présence des Chefs d'Etats et de gouvernement. Il est à signaler que la crise financière et économique en cours a mis en relief les profondes lacunes des règles régissant les marchés financiers internationaux. Et depuis les années 70, ces marchés ont connu une croissance exponentielle, plus rapide que celle de l'économie réelle, contribuant ainsi à la création de bulles financières totalement déconnectées de la sphère réelle. De plus, Monsieur le ministre Gouverneur a insisté sur le fait de remettre en cause les principes de l'économie de marché, la communauté internationale reconnaissant désormais que des règles doivent être posées. Par ailleurs, elle rejette sans ambigüité le protectionnisme et agrée la nécessité d'une surveillance des banques et d'une pression continue sur les paradis fiscaux. Ainsi, il importe d'évoquer la préconisation du Chef de l'Etat à l'élaboration d'un code de conduite, sous forme d'une convention internationale, engageant, sous l'égide des Nations Unies, toutes les instances de contrôle, en vue d'encadrer les méthodes de travail du système financier et les instruments financiers qu'il utilise et de prévenir le surplus de liquidité afin d'assurer l'adéquation entre les secteurs financiers et réels. De son côté, M. Sami Mouley a mis l'accent sur les enjeux globaux et les réformes multilatérales tout en présentant le scénario de la crise financière actuelle et ses causes, une crise systémique à dominante bancaire. Et en matière de gestion des stratégies de sortie de cette crise, M. Mouley a exposé des solutions visant à dépasser cette situation.
L'expérience de la BFPME Par ailleurs, M. Khalil Ammar, Président-Directeur Général de la BFPME a mis en exergue le Bâle II et les règles prudentielles tout en prenant l'expérience de la BFPME. A ce titre, M. Khalil a fait un exposé présentant les apports de la réforme Bâle II: instrument d'adéquation des Fonds propres au profit risque réel, le choix de la méthode en fonction du contexte relatif à chaque banque et la mise en œuvre des procédures rigoureuses de gestion des risques. En effet, l'accent a été mis sur les nombreux préalables à l'implémentation de Bâle II. Pour les préalables environnementaux, ils ont été présentés par l'amélioration de la gouvernance d'entreprise, le renforcement de la transparence et la protection des intérêts des créanciers. Et pour les préalables bancaires, le développement des capacités internes des banques en tant que fondamentaux pour l'implémentation du Bâle II: la refonte des systèmes d'information des banques, le renforcement des assises financières des banques avec la consolidation des fonds propres et la réduction de la part des créances classées pour atteindre 15% en 2009 et 10% en 2012 tout en améliorant le taux de couverture pour atteindre 70% en 2009. La surveillance des risques, le renforcement de la bonne gouvernance au sein des banques à travers la mise en place du comité permanent de l'audit interne, la création d'un comité exécutif de crédit et la mise en place d'un système de contrôle de la conformité, ainsi que le renforcement de l'implémentation financière à travers: l'obligation aux banques de se doter d'une politique de communication écrite et approuvée par le Conseil d'administration et la communication au marché d'indicateurs financiers trimestriels en plus de la périodicité semestrielle et annuelle. Quant à l'expérience de la BFPME, elle est basée sur l'élaboration d'une matrice des risques qui renseigne sur les différents éléments de la gestion des risques de crédit au niveau de la prise et le suivi des risques.