En marge de sa visite officielle en Tunisie les 23 et 24 avril courant, M. François Fillon, Premier ministre français a co-clôturé avec son homologue tunisien, M. Mohamed Ghannouchi les travaux du forum économique tuniso-français organisé hier par l'UTICA en lien avec le MEDEF (France) sur le thème: «UTICA-MEDEF: Innovation et productivité, une réponse commune pour sortir de la crise». Mobilisés… plus que jamais M. Hédi Jilani, président de l'UTICA, lors de son intervention introductive, a rappelé «qu'il y a une année (à quelques jours près), le Président Sarkozy nous a fait l'honneur de clôturer un forum économique tuniso-français sur le thème: «Mobilisés pour l'avenir». A cette époque, la crise financière internationale n'avait pas encore frappé aussi fort le paysage économique et financier international… Ironie de l'histoire, cet appel à la mobilisation se trouve aujourd'hui, avec les ravages de cette crise, encore plus urgent, plus insistant et je dirais même déterminant pour l'avenir des relations économiques tuniso-françaises, en particulier, et euro-méditerranéennes plus généralement». Partant de là, le président du patronat tunisien a souligné la nécessité et le besoin urgent, de part et d'autre, pour une mobilisation accrue dans le but de développer plus d'échanges, de productivité, de compétitivité et, par voie de conséquence, plus de croissance. Parce qu'elle a été de tout temps le premier partenaire de la Tunisie aussi bien dans le commerce, l'industrie, le tourisme ou les finances, la France suscite chez le Tunisien de quelque bord qu'il soit un intérêt particulier. En effet, il est très intéressant et instructif de relever quelques indicateurs éloquents sur cette relation tuniso-française. Ainsi, la France constitue le premier investisseur en Tunisie et son premier client et fournisseur. Cinq entreprises françaises s'installent en Tunisie tous les 5 jours en moyenne. Le premier émetteur de touristes en Tunisie et le premier bailleur de fonds n'est autre que la France, en plus de la colonie tunisienne qu'elle accueille sur son territoire (600 mille personnes environ) et qui constitue la plus importante colonie de Tunisiens à l'étranger. Enfin, M. Hédi Jilani a tenu a souligner dans son intervention que la Tunisie et la France partent ensemble «avec des acquis considérables. Le bilan de ce que nous avons fait ensemble des décennies durant en est un témoignage édifiant… L'environnement des affaires en Tunisie a connu son grand essor grâce aux profondes réformes initiées par le Président Ben Ali, refondé dans ses plus fins détails pour permettre l'ancrage de l'économie tunisienne à l'économie mondiale de façon générale, et à l'économie européenne plus particulièrement». Et pour conclure, le président de la Centrale patronale considère «qu'il est temps que l'Union pour la Méditerranée, projet initié par le Président Sarkozy, et soutenu par le Président Ben Ali, passe au stade de la concrétisation. C'est peut être au sein de cet espace que se jouera l'avenir de la région».
Les chances de réussite sont encore là… Le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, dans son intervention à l'occasion de la clôture du forum, a développé certains axes fondamentaux dans les relations de partenariat et de coopération entre la Tunisie et la France. Il a appelé, en premier lieu, les entreprises tunisiennes et françaises à «profiter» de la crise en développant de nouvelles stratégies économiques communes basées sur l'innovation et la compétitivité. Il faut aller ensemble, précise M. Ghannouchi, dans l'établissement d'alliances et de partenariats gagnant-gagnant. Malgré les effets pervers de la crise mondiale, la marge de manœuvre dans ce sens demeure exploitable. D'ailleurs, pour la Tunisie, le train de réformes initié par le Président Ben Ali va dans le sens du renforcement des capacités de la Tunisie à gagner ses paris. Ainsi le secteur de l'éducation et de la formation accaparent 7,5% du PIB alors que 1,25% sont orientés vers la promotion et le développement de la recherche scientifique et l'innovation, sans pour autant, omettre de souligner l'apport des grands projets d'infrastructure routière, ferroviaire, portuaire et aéroportuaire. Encore une fois, malgré la crise, le taux de croissance économique de la Tunisie demeurera au-dessus du taux de la croissance démographique. Le Premier ministre a insisté sur les atouts dont dispose encore l'économie tunisienne, dont principalement ses capacités propres à s'adapter aux mutations et les aptitudes de l'entreprise tunisienne sur le terrain de la compétitivité et d'ouverture. Les indicateurs économiques nationaux sont conformes aux indicateurs de l'accord de Maëstricht et font que la Tunisie, en termes de compétitivité, occupe le 36ème rang mondial sur 134 pays classés par le rapport Davos. Pour conclure, M. Mohamed Ghannouchi a lancé un appel à tous les intervenants et opérateurs économiques pour plus de dynamisme, de créativité et de complémentarité en rappelant à la fin que le terme «crise» en chinois a deux interprétations: Elle veut dire «difficulté» et aussi «opportunité». A nous, lance-t-il, de nous prémunir des difficultés et de saisir les opportunités.
France-Tunisie… plus qu'un partenariat Quant au Premier ministre français, M. François Fillon, il a tenu à mettre l'accent dans son allocution sur trois volets fondamentaux. Le premier concerne les relations privilégiées que la France entretient avec la Tunisie à un degré tel qu'il considère qu'aussi bien «dans les jours fastes comme dans les épreuves, nos sorts sont liés». Une série de chiffres, de paramètres, d'indicateurs et de réalisations communes sont venus étayer la confirmation de ces relations privilégiées. Et d'ajouter, à titre indicatif, que «les échanges entre les deux pays sont supérieurs à 7 milliards d'euros par an: ils dépassent les échanges de la France avec le Brésil, l'Inde ou la Corée». Le deuxième volet a porté sur le partenariat franco-tunisien dans tous les domaines de développement et sur les séries d'accords et de conventions bilatérales signés entre les deux pays. Ma visite en Tunisie, souligne Monsieur François Fillon, vient finaliser un ensemble d'accords déjà conclus dans divers domaines tels que les infrastructures, les finances ou le nucléaire, en plus du partenariat global dans le domaine des transports urbains et ferroviaires. Et le Premier ministre français d'ajouter: «La Tunisie a été le premier pays émergent avec lequel nos pôles de compétitivité ont développé d'étroites relations, notamment dans les domaines des nouvelles technologies, du textile et de l'agro-industrie». Tout en se félicitant de la place qu'occupent les PME françaises dans le tissu économique tunisien à côté des grandes entreprises, M. Fillon insiste sur le fait que c'est, justement, en temps de crise qu'il faut être plus solidaire et performant. Enfin, dans le troisième volet, le Premier ministre français a abordé la crise mondiale qui, a-t-il précisé, exige des deux gouvernements «des politiques raisonnables et responsables. La Tunisie, grâce à une gestion prudente, a des fondamentaux solides et présente des résultats impressionnants». L'actuelle crise mondiale a mis à nu des dysfonctionnements tragiques où la transparence et le sens de responsabilité étaient absents ou peu présents. La France plaide avec force et insistance en faveur d'une nouvelle régulation financière mondiale, d'un pouvoir mieux réparti «qui prenne mieux en compte la voix des pays émergents». Enfin, M. François Fillon confirme que la France « maintiendra son effort financier pour le développement économique et social de la Tunisie… Elle est prête à accompagner la Tunisie dans l'approfondissement de ses relations avec l'Europe». Par ailleurs, il est à préciser que le Premier ministre français, juste après la clôture du forum, a accordé une conférence de presse aux nombreux journalistes présents et représentant les médias tunisiens, français et étrangers. L'ensemble des questions posées et des réponses y afférentes ont porté sur le bilatéral, l'euro-méditerranéen, l'UPM et la politique franco-européenne envers les pays de la rive sud de la Méditerranée. Nous nous contentons de soumettre à nos lecteurs les réponses du Premier ministre français aux questions que «l'Expert» lui a posées.