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AGRICULTURE : Production Végétale
Publié dans L'expert le 31 - 07 - 2009

D'une rusticité singulière, le câprier grâce à une remarquable faculté d'adaptation aux milieux les plus inhospitaliers est susceptible de valoriser des terres marginales jusqu'à présent inexploitées. Les câpres (partie comestible du câprier) se font valoir d'une demande accrue à l'exportation. Cet arbuste haut de moins de 80 cm demeure régulièrement productif durant prés de 50 ans ! Ses qualités condimentaires, médicinales, cosmétiques, mellifères et écologiques présagent d'un conséquent rôle socio-économique. Autrefois on se contentait d'exploiter les peuplements spontanés, mais depuis quelques années la culture du câprier est devenue possible.
L'imminence du mois de ramadan nous fait rappeler les câpres « Kabbar », c'est un ingrédient essentiel des bricks et de beaucoup d'autres préparations culinaires : surtout les soupes, les diverses salades, les pizzas etc….
L'art de la bonne chère réserve à la câpre un usage condimentaire, celle-ci est de point de vue botanique un bouton à fleur non encore épanoui. Le souci de préserver les arômes et la saveur de ce condiment impose une cueillette anticipée car les plus ces bourgeons sont fins, meilleure sera leur qualité ; en corollaire leur valeur marchande se déprécie au fur et à mesure qu'il grossissent et s'annule même à l'apparition des pétales floraux.
Le câprier est un petit arbuste aux fleurs si voyantes que certains jardiniers l'emploient comme plante décorative ; cet usage ornemental est encore motivé par son beau feuillage luisant, ceci est dû au vernissage naturel des limbes foliaires : cette caractéristique permet la réflexion du rayonnement solaire minimisant ainsi la transpiration du végétal ce qui le protège du dessèchement durant la saison aride, c'est une forme d'adaptation au milieu.
Une tolérance hors du commun
Sa ramification lâche donne à la frondaison un port retombant avec une envergure de prés de 2 mètres. Le système racinaire du câprier est capable de prospecter les matières les plus ingrates tels que les rochers, les murs en béton ce qui lui a valu la qualité d'une plante rupicole.
Si le câprier se distingue par une tolérance hors du commun en ce qui concerne ses exigences édaphiques, ces besoins thermiques sont notables. A des températures de +45°C qui ne sont pas d'ailleurs rares quand la canicule méditerranéenne survient, il ne manifeste aucune apparence de souffrance mais en hiver bien qu'il soit en dormance des températures en deçà de -5°C provoquent le gel de la partie aérienne. Son aire de développement se limite alors aux contrées le plus clémentes des pays du bassin méditerranéen : la frange méridionale de l'Europe, l'Asie mineure et l'Afrique de Nord tout particulièrement. Cet arbuste ne craint pas la salinité mais redoute l'hydromorphie, les terres silico-argileuses riches en calcaire des versants ensoleillés constituent ses terrains de prédilection. Pour ne pas concurrencer d'autres cultures on gagnerait de lui réserver les parcelles les plus marginales auxquelles d'ailleurs il s'accommode parfaitement.
Certes les oiseaux migrateurs, vecteurs de la vie végétale, ont disséminé le câprier aux endroits les plus inaccessibles, ainsi la nature n'a pas défavorisé cet arbuste malgré la densité élevée de sa semence lisse car afin de conquérir de nouvelles aires de vie la graine doit être soit ailée pour permettre son transport par le vent, soit hérissée pour adhérer à des êtres vivants animés « toisons de moutons par exemple».
La production des câpres est un investissement lucratif, peu exigent en capitaux lesquels sont rapidement amortissables car cet arbuste entre en production dès sa deuxième année ; encore la résistance de l'espèce au divers parasites et prédateurs minimisent les risques de l'échec et facilitent sa culture en mode biologique.
La demande en câpres est loin d'être satisfaite aussi bien sur le marché local que sur les marchés étrangers ; aussi son usage à des fins thérapeutiques ou cosmétiques connaît un essor sans précédent.
L'agriculteur tunisien réconforté par cette panoplie de qualités a depuis longtemps manifesté un vif intérêt pour cette culture, mais l'indisponibilité de plants homogènes était la pierre d'achoppement de la création des câprières industrielles.
En effet, bien qu'une seule fleur puisse donner jusqu'à 400 semences, celles–ci ne germent qu'à un taux très faible à cause de leurs téguments très durs. De nombreux traitements employant des solutions acides ou la cryologie ont été tentés en vue d'améliorer le taux de la levée de ces graines mais le résultat de ces techniques chimiques et physiques était insuffisant. Les plants obtenus accusent une évidente hétérogénéité ; vigueur, potentiel de croissance et productivité sont variables d'un sujet à un autre donc ils ne peuvent convenir à la création d'une câprière moderne et rationnelle. Il fallait alors détecter d'autres méthodes de multiplication.
Il va sans dire que dans la nature les graines du câprier, pour se ramollir et devenir prédisposées à la germination doivent subir un transit à travers le tube digestif de quelques espèces d'oiseaux sauvages. Dans notre pays la perdrix, les columbidés surtout les tourterelles et quelques passereaux surtout le merle s'acquittent volontiers de ce devoir biologique.
La recherche agronomique tunisienne persuadée de l'importance économique et écologique que revêt la plantation intensive du câprier a manifesté un vif intérêt pour cet arbuste si rentable et gratifiant. Pour solutionner effectivement l'épineux problème de production des plants, il était impératif de se conformer à une approche respectueuse des critères de qualité précités tout en étant d'un coût raisonnable afin de ne pas grever le budget des futurs acquéreurs ; pour ce faire nos chercheurs se sont inspirés des techniques de la biotechnologie.
Des cellules méristématiques ont été prélevées d'un câprier sélectionné, ces cellules encore indifférenciées sont pour le règne végétal ce que sont les cellules souches pour le règne animal. Ensuite ces lambeaux sont mis en culture sur des substrats nutritifs dans des tubes à essai afin d'initier ces cellules à la différenciation. Le plant en miniature commence alors à s'individualiser, après les très jeunes plants sont transférés dans des flacons un peu plus volumineux. Après un mois on arrive à la phase d'enracinement qui dure de 2 à 3 semaines. Enfin, on atteint la phase de l'acclimatation qui marque le passage du jeune câprier de la vie de laboratoire à la vie du plein air intégral ; cette étape transitoire se fait progressivement dans des ombrières afin d'endurcir ce plant.
D'ordinaire les tiges des câpriers spontanés sont vulnérantes, leurs tiges affligés d'épines acérées rendent les opérations de cueillette et de taille pénibles et lentes ; les chercheurs tunisiens soucieux d'améliorer la productivité du travail tout en veillant sur le confort et la sécurité des ouvriers ont sélectionné pour cette technique de multiplication des pieds mères inermes.
Ce mode de reproduction in vitro et asexué est un véritable clonage! Il permet de conserver à l'identique les caractères choisis par le chercheur. Les plans disponibles répondent alors à toutes les conditions requises pour la réussite des câprières intensives à savoir vigueur, rapidité de croissance, rusticité originale intacte, productivité, absence d'épines.
.Du coté de chez nous
Notre production nationale en câpre oscille entre 160 et 200 tonnes par an ; la levée de l'entrave de multiplication va sans doute permettre l'extension des câprières intensives; le prix de 0d.800 par plant devra nous exhorter à généraliser la plantation de cet arbuste sur une bonne partie des terres marginales aujourd'hui délaissées; ainsi un précieux moyen de valorisation des superficies incultes est d'ors et déjà disponible au service de développement rural. A ce sujet il est intéressant de citer le cas du Maroc qui déjà en 1986 exportait prés de 3000 tonnes de câpres vers l'Europe et les Etats-Unis.
Outre, l'abondant usage alimentaire du bouton floral, il importe de signaler que les différents organes du câprier des racines jusqu'aux feuilles sont pourvus de propriétés thérapeutiques notoires : c'est aussi une plante cosmétique et aromatique de premier ordre.
Ainsi, la médication empirique a décelé les vertus anti-scorbutique de la câpre ; le scorbut est due à une carence en vitamine C, et se manifeste par des hémorragies gingivales et un déchaussement dentaire ; la médecine moderne attribue cet énergique pouvoir préventif et curatif à l'effet synergique d'un principe actif contenu dans ce bouton floral avec la vitamine C.
Aussi, les feuilles écrasées avec un peu de l'huile de l'olive soulagent certains rhumatismes mais seul un médecin phytothérapeute est habilité à en faire la prescription en raison des risques inflammatoires induits par cet onguent.
Contrairement aux idées reçues, l'agriculture moderne et intensive prône la sauvegarde de l'environnement et le développement durable : l'industrialisation de la culture du câprier est a ce sujet un exemple éloquent. Les effets anti-érosifs de cet arbuste sont indéniables, ses racines puissantes stabilisent les strates du sol et sa végétation exubérante et rampante régularise l'écoulement des eaux et minimise le désagrégement de la terre sous l'impact des pluies.
Aussi les câprières forment une végétation très favorable à la diversité faunistique et sont même susceptibles de dynamiser le tourisme cynégétique ; en effet le gibier commun à nos régions est imprégné de mœurs buissonnières car ce biotope constitue un refuge difficilement explorable par les prédateurs. Sa prolifération est bénéfique, la végétation foisonnante des câpriers abrite avec grande quiétude les gîtes des lièvres et les couvées de perdrix…
Indubitablement cet éventail d'avantages laisse augurer de l'émergence imminente d'une filière de câpre qui englobe toutes les étapes de production, de la câprière à la conserverie.
Pour installer une câprière intensive on plante entre 2000 et 2500 plants par hectare en gardant un interligne de 3 mètres. Il est impératif d'irriguer à intervalles courts et réguliers durant les deux premières années afin de ne pas pénaliser la reprise et la croissance des jeunes plants. L'installation est une étape délicate.
Quand la câprière ne sera plus juvénile, vers la troisième année, elle devient peu sensible au piétinement, on pourra donc exploiter l'espace des interlignes pour le pâturage des ovins, la végétation non palatable des câpriers est méprisée par le bétail.
La cueillette commence vers le mois de Mai et s'échelonne jusqu'au début de l'automne ; vers la cinquième année on espère récolter jusqu'à 3 kg de câpres par arbuste.
L'entretien des câprières se limite à une fertilisation épandue au début de printemps et à une taille sévère qui vise le renouvellement de la ramification de l'année précédente devenue improductive.
Pour prolonger la saison de cueillette, il ne faut pas négliger la lutte contre la mouche du câprier, celle-ci dépose ses œufs sur les boutons floraux. Après l'éclosion, les asticots y pénètrent ; une production véreuse est naturellement inconsommable.
Le câprier est aussi une plante mellifère, la abeilles butinent inlassablement les fleurs épanouies, celles-ci sont succulentes et nectarifères ; les cueilleurs commettent toujours des omissions qui font bonheur à ces bestioles. La loi de la nature veut que tout être vivant ait droit à la vie !
Enfin, il est judicieux de révéler que la conservation des câpres est parmi les plus simples des denrées alimentaires, les méthodes ménagères aboutissent à un produit stable et de grande qualité ; elles sont donc impeccablement transposables au domaine industriel.
La méthode aqueuse consiste à mariner les câpres dans une saumure agrémentée d'un peu de vinaigre. Les adeptes du régime désodé peuvent employer une marinade uniquement à base de vinaigre ; celui-ci contient de l'acide acétique qui est un conservateur très fiable.
La méthode sèche consiste à ajouter du sel en cristaux directement aux câpres. Le sel étant hygroscopique va libérer l'eau des câpres ce qui permet d'avoir un produit nettement aromatisé.


Sami GHAZOUANI


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