Les liens commerciaux avec les pays émergents aideront le continent à surmonter la récession économique. Mais, les deux parties devront s'investir pour tirer tous les bénéfices de ces échanges Sud-Sud. Si l'Afrique a évité les répercussions les plus sérieuses de la crise économique qui a frappé les pays industrialisés, c'est en grande partie grâce à la remarquable croissance de ses échanges avec des pays comme la Chine, le Brésil et l'Inde et d'autres “économies émergentes” et aux investissements de ceux-ci sur le continent. Les échanges avec la Chine ont doublé au cours des trois dernières années pour atteindre 106,7 milliards de dollars (au moins 48 015 milliards de Fcfa) l'an dernier.
Ces chiffres traduisent la position dominante de la Chine, mais le commerce et les investissements avec les autres marchés émergents se sont également considérablement développés au cours des années récentes, permettant aux pays africains d'atténuer leur dépendance envers leurs partenaires traditionnels en Europe et aux Etats Unis et alimentant leur croissance notable des dernières années.
L'Afrique fait déjà un tiers du total de son commerce international avec les économies émergentes et d'autres pays en développement. La Chine à elle seule est le deuxième partenaire commercial de l'Afrique. Bien que l'Union européenne (UE) continue à dominer les échanges de l'Afrique, cette dominance s'affaiblit, notamment dans le domaine des importations.
Des analystes espèrent que ces nouveaux liens commerciaux aideront l'Afrique à surmonter la récession internationale actuelle, mais une étude récente souligne que les pays et les entreprises africaines devront jouer finement pour pouvoir tirer tout le bénéfice possible de ces échanges Sud-Sud. “Alors que certaines économies émergentes ont une stratégie africaine, l'Afrique n'a pas de stratégie envers les économies émergentes”, affirme un rapport récent du Bureau du Conseiller spécial pour l'Afrique des Nations Unies. Il est crucial d'adopter une approche stratégique, explique ce document, car l'Afrique est beaucoup moins importante pour ses nouveaux partenaires commerciaux que ces partenaires le sont pour l'Afrique. La question des matières premières
La rapide croissance du commerce avec les économies émergentes n'a pas entraîné une transformation notable de la structure des échanges africains ; les matières premières, particulièrement le pétrole et les minerais, continuent à dominer. Un nombre réduit de producteurs est responsable de la plus grande partie des échanges du continent avec ses nouveaux marchés. L'Algérie, l'Angola, Le Nigéria et l'Afrique du Sud fournissaient conjointement en 2007 82 % des importations africaines du Brésil et 53 % de celles de la Chine. L'année dernière, dix pays seulement totalisaient 79 % de tous les échanges avec la Chine.
Les échanges de la Chine avec l'Afrique ont été dominés par son souci de s'assurer un approvisionnement à long terme en produits stratégiques, particulièrement le pétrole et les minerais nécessaires à son développement économique. La Chine veut porter la part de ses importations pétrolières d'Afrique de 30 %, à 40 %, principalement par des accords “ressources naturelles contre infrastructures”, les pays africains acceptant de signer des contrats d'approvisionnement à long terme en échange de crédits pour la construction (habituellement par des entreprises chinoises) d'infrastructure diverses.