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Tunisie : Y a-t-il un Erdogan parmi les leaders d'Ennahdha ?! (Partie I)
Publié dans Tunisie Numérique le 08 - 01 - 2013

Les leaders d'Ennahdha, parti au pouvoir, rivalisent de déclarations et de clins d'œil pour faire l'apologie de l'actuel modèle turc et l'ériger comme source d'inspiration et l'exemple à suivre, arguant la proximité idéologique avec le Parti pour la Justice et le Développement ou AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi, en langue turque) et la similitude de l'itinéraire des deux pays, Tunisie et Turquie, qui ont puisé leur identité dans deux grands courants de pensées, en l'occurrence l'expérience laïque occidentale et le mouvement réformiste qu'a connu le monde arabo-musulman au XIXème siècle et au début du XXème siècle. S'agit-il d'un slogan de campagne à effet électoral juste pour rassurer l'opinion publique nationale et internationale, compte tenu de la réussite de la stratégie de l'AKP, ou d'une profonde conviction en un modèle dont il sied de s'inspirer et de reproduire les principaux axes.
Certes, la similarité historique, voire culturelle, est indéniable mais maintes questions critiques se posent, à juste titre, au préalable : Est-ce Ennahdha est sur la même longueur d'ondes avec l'AKP d'un point de vue idéologique, politique et social ? Est-ce que le modèle turc et le programme AKP sont transposables clé en main en Tunisie ? Est-ce qu'Ennahdha est en mesure d'assimiler et de restituer, dans la réalité tunisienne, le même mode opératoire et la même rupture idéologique, politique et institutionnelle de l'AKP ? La société tunisienne est-elle suffisamment prête pour se fondre, sans rejet, dans un modèle de type turc ? Autant de questions appelant réponses précises pour saisir le degré de reproductibilité de l'exemple turc et la capacité de la société tunisienne à assimiler un tel modèle, outre la prédisposition idéologique et politique d'Ennahdha ainsi que sa discipline et son ordre internes, à en reproduire l'architecture constitutionnelle et politique devant articuler, du moins selon leur vision, la deuxième république.
Pourquoi le modèle turc ? Outre des similitudes socioculturelles et des affinités liées à l'itinéraire des deux pays, trois principales raisons corrélées pourraient être avancées :
1- L'islam politique a partout échoué à tirer de l'Islam une alternative démocratique ou la charpente d'un Etat démocratique proprement dit.
2- La Turquie est l'unique modèle ayant réconcilié, avec succès, l'Islam et la démocratie. Il est donc attractif et source d'inspiration sinon de reproduction.
3- Les leaders historiques d'Ennanhdha sont conscients qu'ils ne peuvent, sans faire sombrer le pays dans une crise civile, modifier ni le modèle de société ni les acquis de la modernité tunisienne, fruits de deux siècles de réformisme, notamment la nature ouverte et séculière de la société tunisienne où la laïcité est en toile de fond. Donc, la synthèse turque de l'islam et de la laïcité démocratique est pratiquement une voie de salut pour Ennahdha.
D'abord, un point d'histoire
Il est un peu paradoxal de constater qu'Ennahdha, en se référant à l'étalon turque, emprunte la même démarche que Bourguiba, bâtisseur de la république tunisienne et gardien de la sécularisation de la société que les leaders d'Ennahdha honnissent à mort et répugnent à lui reconnaitre un quelconque apport même après son décès, continuant à le suivre de leurs invectives et de leurs dénégations jusqu'à dans sa tombe.
Au-delà de la référence à la même expérience turque, kémaliste pour l'un et Erdoganiste pour l'autre, il y a lieu de relever une différence de taille : Pour Bourguiba, l'éventail de choix était large dans la mesure où les expériences démocratiques étaient légions, il aurait pu se rabattre sur tout autre modèle, même si celui turc est plus proche, pour des considérations confessionnelles notamment. En revanche, pour Ennahdha, le choix est forcément par défaut puisqu'il n'existe, dans le monde arabo-musulman, qu'un seul pays musulman, en l'occurrence la Turquie, qui a structuré son système politique sur sa propre identité et sur les fondements de démocratie et de laïcité.
La première république tunisienne a été construite par Bourguiba, fortement imprégné par la culture occidentale, s'inspirant du modèle turc et de la pensée de son artisan, à savoir, Mustafa Kemal Ataturk, pour édifier l'Etat et façonner la société. L'approche kémaliste basée sur la modernisation et la laïcité a longtemps séduit Bourguiba et inspiré sa vision et son action.
Il est important de savoir que Mustafa Kemal Ataturk, hmme de poigne, grand nationaliste, profondément laïc et moderniste, en nette rupture avec l'héritage impérial ottoman, a su adapter les principes de la révolution française à son pays pour structurer l'unité nationale turque autour d'un puissant socle ethnoculturel et articuler la république sur quatre piliers : Définition et enracinement d'une nouvelle Identité nationale (notamment la substitution de l'alphabet latin à l'alphabet arabe), déploiement de l'armée comme instrument au service d'objectifs républicains majeurs comme la laïcité, la démocratie et la stabilité politique (la doctrine de l'armée turque est jusqu'à ce jour absolument marquée par cette culture), sécularisation de la société (la laïcité est une ligne rouge notamment pour l'armée dont elle est la garante), modernisation du pays. La démarche kémaliste était, à l'époque, originale, voire insolite, articulant la nouvelle identité turque non plus sur la solidarité religieuse mais sur l'entité géographique.
Modèle turc dans le prisme tunisien
Certes, la Tunisie et la Turquie s'appuient sur un patrimoine culturel et politique commun, des similitudes de parcours et des analogies historiques, mais sur certains points, la différence est tangible dont ci-après les principales lignes :
Contrairement au modèle turc, où laïcité est un principe fondateur, consensuel et fédérateur, celle-ci n'est pas un pilier fondamental, opposable à toutes les parties prenantes, de la constitution tunisienne ni au centre de la doctrine de notre armée. Le régime bourguibien est plutôt laïcisant et non franchement laïque. Le modèle kémaliste a reproduit, à des nuances près, l'exemple français. Il a fallu attendre l'arrivée au pouvoir de l'AKP pour que la Turquie développe son propre modèle de laïcité où l'Etat s'immisce beaucoup plus dans les affaires religieuses sans bien sûr rompre l'équilibre laïc (en tout cas, l'armée veille au grain). Il est important de signaler que le parti AKP, accusé, par le procureur général de la Cour de Cassation, d'atteinte au principe de laïcité et de glissement vers l'Etat Islamique, a échappé de justesse (les juges de la Cour constitutionnelle ont rejeté la demande par 6 voix contre 5, se contentant de sanctions financières) à la dissolution en Juillet 2008 ainsi qu'à l'interdiction de toute activité politique à l'encontre de ses principaux leaders, Recep Tayyip Erdogan en premier .
Donc, sur différents points, et non des moindres, Ennahdha n'a ni le vécu, ni le patrimoine et ni la force stratégique de l'AKP.


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