Dans l'enceinte des Nations-unies et dans tous les coins et recoins de la planète, on s'attendait en 2000 à des résultats sinon spectaculaires, du moins encourageants en matière de lutte contre la pauvreté pour la décennie. La date de 2010 a été posée comme repère marquant le début de la fin de la malédiction qui frappait les damnés de la Terre. On devait atteindre une partie des objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir une réduction substantielle de la pauvreté. Las, il n'en est rien. Du coup, on décale la date butoir de cinq ans. Et on déclare aujourd'hui dans les travées de l'enceinte des Nations unies où se sont réunis les dirigeants des Etats-membres de l'Organisation onusienne qu'il est possible d'atteindre les huit objectifs du Millénaire malgré les retards importants depuis le lancement du programme en 2000. Ce retard est en partie explicable. En effet, la crise financière et économique est passée par là, laissant de profonds stigmates dans la courbe de la croissance mondiale. Peu de nations ont échappé au ravage du tsunami monétaire, y compris les pays à la pointe du développement censés être les principaux bailleurs de fonds dans l'aide aux pays pauvres. Ensuite, il y a un phénomène non moins dévastateur, à savoir le dérèglement climatique conjugué à un réchauffement planétaire générateur de désertification, ou de précipitations diluviennes. On en a eu pour preuve ce qui vient de se produire au Pakistan où un quart de la superficie du pays a été engloutie par des inondations sans pareilles. Ajoutez à ce tableau la frilosité des nations nanties à accourir auprès des plus démunies et leur dérobade devant les engagements pris et l'on aura une idée plus éloquente de la gravité de la situation. Il y a quand même une donnée importante qui est souvent passée sous silence, sciemment ou non. C'est la faiblesse de l'investissement dans le secteur agricole. Il y a, de par le monde, un net recul de cet investissement face à celui qui est consenti à des activités plus porteuses comme les Ntic, les industries innovantes ou le secteur des services. Et c'et justement en faisant de l'investissement dans le secteur agricole un choix prioritaire que la Tunisie a su parer aux conséquences fâcheuses résultant de la crise et du dérèglement climatique. Un choix prioritaire, affermi par un solide politique de promotion de l'emploi et par une approche solidaire et participative de tous les citoyens en vue de venir en aide aux nécessiteux de tout bord. Cette approche que le monde nanti rechigne à mettre en œuvre malgré les perspectives que devrait ouvrir la création d'un Fonds mondial de la solidarité tel qu'il a été proposé par le Président Ben Ali à la communauté internationale.