Voilà un «scoop!» la Tunisie vient de remporter haut la main la Coupe du Monde. Non pas de football de Joseph Blatter, mais la coupe du monde de la dignité, de la liberté de Lech Valesa et de Nelson Mandela. La Tunisie a donné du vertige à une infinité de têtes, ébloui et émerveillé toute la planète. Et qui, à l'avenir, aurait besoin de se poser des questions sur la Tunisie? Sur sa géographie? Son histoire? Sa démographie?, etc., Rassurons-nous, tout le monde maintenant ne le sait que trop. Tant mieux pour tous les Tunisiens. Le Carthaginois sera probablement accueilli, là où il atterrira, à bras ouverts. Et, peut-être même avec des bouquets de jasmin, en reconnaissance de sa retentissante révolte du jasmin.
Non! Cette appellation ne rencontre pas l'approbation populaire, parce qu'elle ne rend pas suffisamment la monnaie à ceux qui n'ont pas couru banalement derrière la monnaie. Lorsqu'on est d'un certain niveau culturel et civilisationnel, l'on sait bien fixer l'ordre de ses priorités. C'est l'illustre Chebbi qui nous l'a appris depuis notre prime jeunesse.
Retour de manivelle L'on est tenté de dire merci entre autres et surtout (sic)! au système de rétention universitaire astucieusement béni et établi, en l'absence d'une politique d'emploi cohérente et sensée. Ceci finit par fabriquer, au fil du temps, une bombe à retardement et flanquer au régime en place un camouflet cinglant. Bien sûr par le biais d'une jeunesse qui, au lieu de chômer et déranger, on lui fournit la bonne raison d'étudier, sans discontinuer… C'est ainsi que cette jeunesse longtemps «gelée et congelée», s'est vu donner l'occasion de briller et exceller entre autres dans l'art de la communication avec ses techniques sophistiquées. Et la révolte a tôt fait de précipiter la chute du régime policier. Que d'autres mercis à distribuer! Mais le temps n'est pas aux éloges et aux compliments. Contentons-nous plutôt de dire simplement que tous les acteurs mêlés d'une manière ou d'une autre à ce formidable élan collectif ont merveilleusement accompli leur mission. Chacun en ce qui le concerne. Côté tourisme tunisien, et investissements extérieurs, point de crainte à mon sens, pour son avenir proche et lointain. L'on nous a toujours dit et redit que cette mamelle généreuse est intimement tributaire à la stabilité. Soit, mais, diantre, de quelle stabilité nous parlait-on sous la république bananière de «Pinochet»? D'une stabilité stagnant dans les marécages du motus et bouche cousue de la corruption, de la terreur et l'oppression.
Vraie stabilité et tourisme de la dignité… Rassurons-nous. Sitôt l'orage passé, le bon ordre et la vraie stabilité rétablis, notre tourisme fera beaucoup mieux parler de lui. Il gagnera alors en quantité et en qualité, promis. Il ne se contentera plus de l'habituelle clientèle bas de gamme, très peu généreuse. Il attirera en sus, une certaine intelligentsia cosmopolite, à même de drainer des ressources juteuses. Ces effectifs aisés seront certainement très nombreux à vouloir découvrir le pays du miracle fabuleux. Ils seront parmi nous, non seulement pour savourer les délices naturels de notre pays et la douceur de son climat. Mais aussi et surtout, pour satisfaire leur curiosité de connaître et découvrir les bastions de la dignité et de la liberté, c'est-à-dire Sidi Bouzid, Thala, Kasserine, Redayef, etc. ces laissés pour compte de nos deux républiques. Ces régions, jusqu'ici déshéritées et ignorées, draineront la grande foule d'admirateurs étrangers, épris de justice et de liberté. Ce mode «new-look» de tourisme, celui de la dignité de l'espèce humaine, volera au secours de malheureux autochtones en mal de secours. Ces contingents additionnels contribueront, probablement, par leurs visites génératrices de devises, au financement des programmes de développement sérieux, demeurés bon an mal an, un vœu pieux… Les touristes de la dignité seraient alors ravis, sitôt dans nos murs, de connaître de près ce peuple magnifique et lui donnera l'accolade. Ce peuple qui, en trois jours, a forcé le destin, sans cartouches et bravant tous les cartouches, la marée humaine devait précipiter le miracle tunisien et finaliser d'une manière claire et nette, le tsunami politique du net. Récemment la Tunisie. Aujourd'hui l'Egypte. A qui le tour demain?