On a coutume de dire que l'on a eu pour notre argent, à chaque fois où le spectacle sportif, théâtral ou cinématographique qui nous est présenté a gagné notre adhésion… Curieusement, en politique et durant des décennies, cette formule de satisfaction n'est probablement jamais venue sur nos lèvres ou dans nos écrits… Ce n'est certainement pas parce que la politique n'offre pas cette opportunité, mais parce que, tout simplement, il ne nous est jamais proposé un spectacle digne d'être «spontanément applaudi». Edifié sur le déficit en communication dont a souffert le dernier gouvernement provisoire et notamment son chef de file, M. Mohamed Ghannouchi, qui pourtant a dévoilé tout au long de sa mission des trésors de patience, de sens de responsabilité et de générosité dans l'effort, l'actuel Premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi est venu combler cette lacune… et de quelle manière! C'est simple, la quasi-totalité des opérateurs et des observateurs de la scène politique en général et médiatique en particulier ont été unanimes sur le fait que le Premier ministre a gagné la bataille de la communication! Un point de presse, une conférence de presse et deux interventions télévisées lui ont suffi pour remporter haut la main la sympathie des Tunisiens et donc leur adhésion… A un moment où ces mêmes Tunisiens, et leur jeunesse en tête, sortent difficilement d'une longue période de doute et de suspicion, jusqu'à ne plus croire en quoi que ce soit, surtout quand la vérité n'était autre que celle qui émanait d'un pouvoir politique autocrate… Gagner sur ce terrain, du premier couple et dans des conditions aussi défavorables que celles que travers le pays, c'est un coup de Maître (Avocat)! Et c'est aussi un coup de la maturité politique et du professionnalisme (Eh oui, la politique est un métier, comme l'a toujours soutenu feu le président français François Mitterrand!).
La dernière conférence de presse était franchement un modèle du genre que j'attendais, moi qui a 63 ans et qui redoutais surtout la réaction des jeunes, dont notamment mes deux filles et mon fils âgés entre 25 et 29 ans… J'avais des appréhensions légitimes au départ: Comment les choses vont-elles se dérouler? Quelle serait l'attitude du Premier ministre face à une foule dense de journalistes de tous bords, de toutes tendances et prêts surtout à le piéger ou, du moins, le déstabiliser?
Mais voilà que les réflexes du «vieux briscard» sortent au grand jour… Et nous avons fini par assister à un spectacle de haute facture… Une partition réconfortante mettant en avant des qualités indéniables.
Chez moi, mon beau monde de jeunes étaient totalement acquis… Ma fille cadette, expert comptable, me lance avec incrédulité: «Mais d'où sort ce Monsieur? il est absolument hors normes… Quel fin connaisseur et quel battant!».
Pour son frère, grand «Facebooker» et jeune «gueulard» et intrépide comme la plupart des jeunes, il n'a pas pu cacher le coup de charme dont il a été l'objet.
Pour le sexagénaire que je suis, le réconfort ressenti n'a pas de pareil… Ma génération a entamé ses premiers balbutiements politiques au milieu des années 60… Mais tout ce demi-siècle passé ne pèse presque rien devant les cinquante derniers jours que nous avons eu la chance, le plaisir et l'honneur de vivre…
L'avenir, nous le souhaitons ardemment, sera inscrit sous d'heureux auspices… Mais nos vœux resteront pieux et donc sans conséquence si nous ne nous remettons pas au travail sur tous les fronts et dans tous les domaines… Pour mériter cette fabuleuse métamorphose et cueillir les fruits de cette étape historique.