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Ballet diplomatique à Tunis: Vivre la naissance d'une démocratie
Publié dans L'expert le 25 - 04 - 2011

De nombreuses personnalités politiques étrangères de haut vol se sont succédé dans notre capitale. Leurs visites obéissent à diverses motivations qui touchent aux intérêts des uns et des autres à la lumière de l'expérience démocratique que vit la Tunisie. Mais il n'y a pas que cela. Il y a aussi, en sous-jacence, le désir obscur de vivre la naissance d'une démocratie qui offre une réelle originalité.

Jamais un train aussi copieux de grosses pointures du landernau politique mondial n'a débarqué en Tunisie en si peu de temps. En l'espace de trois mois, on a vu atterrir des chefs de gouvernement, des ministres, un secrétaire général d'une grande organisation internationale, tous responsables de haut vol: Zapatero, Berlusconi, Ban Ki Moon, Hillary Clinton, Alain Juppé, Franco Fratini et bien d'autres. Ils sont venus, mais chacun selon l'intérêt de son pays et les objectifs de son organisation, jeter un coup d'œil sur cette Révolution du Jasmin, sur la naissance d'un vrai projet démocratique qui singularise notre pays. Ils sont venus, en quelque sorte, effectuer un diagnostic d'un phénomène qui étonne une Afrique et un monde arabe, jusque-là minés par des problèmes de sous-développement, en état de misère larvée, de violences endémiques, de conflits permanents et de sang innocent abondamment versé. Faut-il souligner que, au moment où le jasmin est, à quelques petits couacs et anicroches près, en train de fleurer l'arôme printanier de cette plante agréablement odoriférante, des drames se jouent, l'un aux portes de notre pays et l'autre en plein cœur du continent noir. Nous jouxtant, la Libye vit une des périodes les plus sombres de son histoire millénaire, une période marquée par des carnages à donner, en plus, des haut-le-cœur. L'autre drame s'est joué en Côte d'Ivoire où les nouveaux responsables ainsi que les observateurs onusiens s'attendent à découvrir d'horribles charniers, signes d'une barbarie qui, hélas, ne cesse de meurtrir le Continent.

C'est que l'image sombre que le monde arabe et l'Afrique donnent d'eux mêmes est tellement envahissante, tellement prégnante que l'on imagine difficilement qu'une belle fleur puisse y pousser et perdurer. L'on se dit même que, sur ces régions, les dernières sur la planète à gémir des coups terribles que lui inflige un sort injuste, la vie n'a aucun sens.

C'est le royaume de la mort. La représentation de la faucheuse dans l'inconscient collectif arabo-africain est d'autant plus forte qu'elle se donne à voir en surimpression dans un espace densément solaire. La ténèbre mortifère et la splendeur astrale se partagent deux régions hagardes, le Continent noir et l'aire arabe qui ont été, pourtant, l'un le berceau de l'homo sapiens et l'autre celui de la civilisation humaine. Comment voulez-vous, dès lors, que la Tunisie ne surprenne pas son monde, par sa révolution.

Sans gros dégâts
Sur ces aires, pleines de fureurs assourdissantes et de clameurs pathétiques, aires tannées par la canicule, boucanées par la sécheresse, tumultueuses et vociférantes, l'expérience démocratique tunisienne fait figure de parangon de sagesse, de maîtrise de soi et de mesure. Certes, il y a des pays qui ont déjà un pied dans la planète démocratie comme le Mali, le Nigeria, l'Afrique du Sud. Mais aucun d'eux ne présente les traits d'un modèle aussi clair, d'un schéma aussi stylisé, d'une structure aussi transparente que la Tunisie révolutionnaire. Certes, il y a l'exemple du Sénégal, mais c'est un exemple qui confirme la règle. La démocratie s'y était installée grâce à Senghor qui avait quitté volontairement le pouvoir en le cédant à Abdou Diouf dans un passage réussi au multipartisme adulte. Mais rarement un pays n'a pu se débarrasser, comme la Tunisie, d'un tyran, chef omnipotent d'un Etat policier où l'oppression et le despotisme ont atteint un niveau d'une férocité sans précédent. Qui plus est, elle s'en est débarrassé sans gros dégâts et, presque, sans effusion de sang, comparativement à d'autres foyers d'insurrection.

Qu'est-ce qui fait la singularité de l'expérience démocratique tunisienne dans son déclenchement et son déroulement? C'est la rue. Phénomène nouveau et inédit par excellence en terre arabe et africaine, et tellement novateur qu'il s'est propagé comme une trainée de poudre dans les grandes et petites villes de cette aire géographique. Certes, il y a eu des mouvements de rue, empourprés de la colère des justes, tombant parfois dans un déchaînement de violences qui voient rouge. Mais ces mouvements sont éclaté dans des foyers précis, bien localisés, fermés quasiment sur eux-mêmes sans excroissances sur l'environnement immédiat et a fortiori sur l'environnement lointain. De sorte que les responsables du pays ont vite fait de désarmer la colère des foules, mettant, par la force ou par le dialogue, un point final aux rugissements des espérés.

Quand on offre sa poitrine à la mort
En Tunisie, le credo de la colère fonctionne comme ces bombes à fragmentation qui, à partir de leur point d'impact, se subdivisent en plusieurs autres projectiles, atteignant ainsi une plus grande surface d'exposition. Le credo tombe dans l'oreille d'un manifestant d'un autre endroit pour se subdiviser au niveau de sa conscience, et se répercuter progressivement et inéluctablement sur tout le territoire du pays. Inutile de souligner, à l'adresse du lecteur, que le recours aux bombes à fragmentation s'inscrit dans un projet de mort tandis que celles qui arrosent la conscience sont porteuses de vie.

Il est certain que les réseaux sociaux d'Internet ont été pour beaucoup dans cette propagation des valeurs de vie. Mais le niveau de maturité atteint par le Tunisien a contribué efficacement au miracle. Et notamment, la maturité au niveau des jeunes. Et c'est cela l'acquis le plus déterminant. La jeunesse ne se laissera plus faire. A tout jamais. Elle vient d'inaugurer une nouvelle conception de la lutte pour la liberté et la dignité qu'aucun autocrate ne s'amusera désormais à remettre en question parce qu'il sera assuré d'avoir en face de lui des poitrines qui s'avancent fermement vers le sacrifie suprême.

Voilà ce que viennent chercher les nombreuses personnalités qui rendent visite à la Tunisie. Dans une sorte de fiévreuse quête, elles essaient de scruter les nouveaux traits du combat politique. L'équation est en train de changer de termes. Le monde revoit ses repères vitaux. Bien entendu, il n'y a pas que cela dans le programme de visite de ces personnalités politiques. Il y a des intérêts, des intérêts propres à chaque nation. Mais elles savent déjà que le monde va repartir sur de nouvelles bases. Malheureusement, certains potentats ont été incapables de saisir la portée majeure d'un tel événement. Et, malheureusement, ils continuent à considérer la rue, celle qui est investie par les jeunes, comme la nécessaire chair à canon pour la perpétuation de leurs autocraties. Mais le réveil n'en sera que plus brutal!


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