Cette bactérie a l'air d'être d'une redoutable nuisance et ses effets sont multiples à commencer par l'incident conflictuel qu'elle a provoqué entre l'Espagne et l'Allemagne, celle-ci laissant entendre que la source de la contamination serait située dans la péninsule ibérique. Mieux, l'accusation a pointé du doigt une inoffensive cucurbitacée, qui se consomme en d'appétissantes salades. Et comme le concombre a d'heureux effets médicinaux, l'on imagine sa popularité dans la population. Ce qui fait craindre une fulgurante et massive propagation de cette affreuse bactérie dans le monde. Du coup mobilisation planétaire contre le concombre, frappé par un impitoyable embargo, notamment au niveau des pays de l'Europe occidentale et centrale. Pauvres concombres que l'on voit, sur le petit écran, déversés dans des décharges publiques comme de vulgaires et nauséabondes immondices. Et la chose est d'autant plus étrange que, d'habitude, c'est la production carnée qui est frappée d'anathème quand une épidémie se déclare. Que n'a-t-on abattu de poulets, de cochons et de bovins soupçonnés de véhiculer des agents pathogènes! L'on cite même le cas curieux de l'Egypte qui a procédé à la liquidation de son cheptel porcin, sous le prétexte d'être porteur d'une fièvre maligne alors que le président déchu égyptien, selon les affirmations des Coptes, voulait, en réalité, chasser de cette terre musulmane, toute trace de cette viande impure! Mais revenons à notre brave concombre. Il est aujourd'hui totalement disculpé et il peut désormais retrouver sa vocation originale d'accompagner des salades savoureuses. Il est disculpé lui et ses frères de race végétale (tomates, poivrons et consorts…) qu'une rumeur injuste avait mis dans le même sac. Mais alors quid, du coupable? Tout simplement le bipède dénommé homo sapiens, c'est-à-dire détenteur de sagesse (sapientia en latin). Cette espèce animale qui a le culot de s'ériger en parangon de vertu n'a cessé de traficoter la matière du cosmos pour en extraire tous les scénarios du mal. Tout cela sous le fallacieux prétexte de l'impératif d'un progrès qui prend souvent l'allure d'une régression. Le fait d'enrichir en vitamines et minéraux, les graines germées de lentilles, luzerne, soja, etc. s'est transformé, probablement, en des vecteurs de bactéries pathogènes comme cette E. coli. C'est là une forte présomption chez les chercheurs qui tentent d'élucider le mystère. Mais présomption ou pas, le fait est là: à force de manipulations, l'homme finit par mettre en colère Dame nature qui n'admet pas qu'on la touche dans sa chair profonde, dusse être pour des motifs scientifiques.