Rachida Dati et son rapport à l'argent, des montants touchés indûment ou qu'elle ferait passer sous les radars des services du fisc. La ministre de la Culture et maire du 7e arrondissement de Paris, déjà engluée dans un dossier pour des honoraires d'avocats de 900 000 euros qu'elle aurait encaissés frauduleusement, refait parler d'elle. Dati, qui rêve de la Mairie de Paris depuis des années et a annoncé sa candidature pour 2026, se serait bien passée d'un deuxième gros scandale… Elle est accusée d'avoir manoeuvré au Parlement pour le compte du groupe gazier GDF Suez, en retour elle aurait reçu de gros chèques. C'est ce que l'investigation conjointe du magazine « Complément d'enquête » et du Nouvel Obs déballera ce jeudi 5 juin dans la soirée, sur France 2. L'enquête révélera des documents indiquant que la ministre de la Culture aurait encaissé 299 000 euros d'«honoraires» non déclarés en 2010-2011, quand elle était eurodéputée et avocate. Dati dément formellement avoir touché ces montants. Les deux médias lient ces versements à des «prises de position favorables au secteur gazier» de la ministre quand elle siégeait au Parlement européen (2009-2019). L'accusée a toujours réfuté toute relation contractuelle avec le groupe gazier français, rebaptisé Engie en 2015. Elle soutient qu'il n'y a jamais eu de conflit d'intérêts. «Madame Dati a donné toutes ses explications et n'a jamais été l'avocate de GDF Suez», martèlent ses avocats. Le documentaire, intitulé «Rachida Dati, la conquête à tout prix», dépeint l'actuelle ministre comme un «bulldozer» de la politique. Ce n'est pas pour rien qu'elle était très proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy, dont elle a été la ministre de la Justice (2007-2009). L'émission de ce soir expose des documents que la justice n'a pas encore réceptionnés et qui prouveraient que Dati a bien été payée par le géant gazier… Ces documents ont été débusqués dans la comptabilité d'un cabinet d'avocat parisien, qui a fermé ses portes. La ministre lui a confié ses affaires jusqu'en février 2012. Les documents mentionnent l'encaissement de deux virements de 149 500 euros chacun, signés par GDF Suez et datés de juillet 2010 et février 2011. Alors question : ce cabinet d'avocat aurait-il servi d'intermédiaire entre GDF Suez et Dati ? France Info rapporte que l'un des fondateurs du cabinet, Xavier de Sarrau, est un bon ami de Sarkozy, et on connait les liens entre ce dernier et l'actuelle ministre de la Culture. Dati a été interrogée à plusieurs reprises sur ses rapports avec GDF Suez, notamment par les magistrats qui instruisent l'affaire Ghosn. Fin 2013, l'eurodéputée centriste Corinne Lepage avait pointé le lobbying de Dati pour de grands groupes énergétiques, dont GDF Suez… La ministre militait pour la cessation des subventions aux énergies renouvelables, une demande forte des industriels du secteur pétro-gazier. Cet activisme de Dati est donc forcément suspect. Interrogée dans « Complément d'enquête« , Corinne Lepage revient sur son étonnement face aux amendements déposés par la ministre à Strasbourg, que des textes qui défendent les intérêts des ténors du gaz. Rappelons que Dati est mise en examen depuis 2021 pour les 900 000 euros qu'elle aurait perçus entre 2010 et 2012, somme versée par une filiale néerlandaise de l'alliance Renault-Nissan dirigée à l'époque par le Franco-Libanais Carlos Ghosn (lui aussi est recherché par la justice française). Les magistrats veulent s'assurer que cet argent ne cache pas des activités de lobbying, prohibé pour les eurodéputés. Dati nie tout en bloc. Les juges feront la lumière. La ministre franco-marocaine a accompagné le président Emmanuel Macron dans son voyage haut en couleurs à Rabat, en octobre 2024. Dati est revenue dans le coin en février dernier, elle a poussé jusqu'au Sahara occidental, territoire très disputé, pour y inaugurer des institutions culturelles et faire des annonces. Ce déplacement avait fortement irrité l'Algérie, premier soutien des indépendantistes sahraouis. On en connait qui feraient la fête si la ministre française était sévèrement épinglée par la justice de son pays.
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