La tension est montée d'un cran dans la soirée du mercredi 2 juillet 2025 au Congrès américain, alors que la « grande et belle loi » budgétaire portée par Donald Trump a vu son adoption suspendue à la Chambre des représentants. Malgré une courte majorité républicaine, le projet de loi – évalué à plusieurs milliers de milliards de dollars – a buté sur les divisions internes du parti présidentiel, au point de provoquer l'agacement public de l'ancien président lui-même. Adopté la veille de justesse au Sénat, le texte devait être soumis mercredi à un vote décisif à la Chambre. Mais l'opposition de cinq élus conservateurs a paralysé la procédure. Avec seulement huit sièges d'avance, les républicains ne peuvent se permettre plus de trois défections pour faire passer le texte. Le vote de procédure, pourtant préalable, a été suspendu pendant plus de sept heures. Mike Johnson, président républicain de la Chambre, a annoncé sur la chaîne Fox News son intention de maintenir le scrutin ouvert « aussi longtemps qu'il le faudra » pour convaincre les dissidents. L'enjeu est de taille : Trump veut faire adopter ce texte avant le 4 juillet, date symbolique de la fête nationale américaine. Trump hausse le ton sur Truth Social Impatient, le candidat républicain à la présidentielle de 2024 a réagi avec virulence sur sa plateforme Truth Social, où il a écrit peu après minuit : « Qu'est-ce que les républicains attendent ??? Qu'est-ce que vous essayez de prouver ??? » Avant d'ajouter en majuscules : « MAGA N'EST PAS CONTENT, ET ÇA VOUS COÛTE DES VOIX. » Pour Donald Trump, cette loi constitue le pilier de son programme économique. Surnommée par ses soins la « One Big Beautiful Bill », elle propose notamment une prolongation des crédits d'impôt massifs adoptés lors de son premier mandat, la suppression de l'impôt sur les pourboires, ainsi que des investissements majeurs dans la défense et la lutte contre l'immigration. Un gain pour les riches, un coût pour les pauvres ? Mais derrière les slogans, plusieurs analyses indépendantes tirent la sonnette d'alarme. Le Bureau budgétaire du Congrès (CBO) estime que le texte alourdirait la dette publique de 3.400 milliards de dollars d'ici 2034, avec une extension des crédits d'impôt coûtant à elle seule 4.500 milliards. Selon ces projections, les ménages les plus aisés seraient les principaux bénéficiaires, alors que des millions d'Américains à faibles revenus pourraient perdre l'accès à des programmes publics essentiels comme Medicaid (assurance santé) ou Snap, principale aide alimentaire fédérale. Des coupes sont également prévues dans les incitations fiscales pour les énergies renouvelables instaurées sous Joe Biden, marquant une rupture nette dans les priorités environnementales de l'administration précédente. Certains élus républicains, notamment l'élu texan Keith Self, justifient leur opposition en évoquant des raisons budgétaires et éthiques : « Je suis venu à Washington pour freiner notre dette nationale », a-t-il déclaré, avant de qualifier le texte d'« immoral » au regard de ses conséquences pour les générations futures. Il reproche également au Sénat d'avoir « piétiné » la version initiale votée par la Chambre. De leur côté, les démocrates ne cachent pas leur indignation. Hakeem Jeffries, leader du parti à la Chambre, a dénoncé une loi qui « fera souffrir les Américains ordinaires » au profit des plus fortunés, la qualifiant de « monstruosité répugnante ». Ainsi, ce bras de fer budgétaire révèle les tensions croissantes au sein même du camp républicain. La loi voulue par Trump pourrait bien se heurter à une résistance interne plus profonde que prévue, mettant en péril sa crédibilité économique... et ses ambitions politiques. Le suspense reste entier alors que l'horloge tourne avant le 4 juillet. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!