Malgré les menaces de sanctions brandies par Donald Trump, l'Inde ne compte pas renoncer à ses approvisionnements en pétrole russe. C'est ce qu'ont affirmé à l'agence Reuters deux hauts responsables gouvernementaux indiens, sous couvert d'anonymat, face à la pression diplomatique croissante exercée par Washington. Selon l'un des responsables cités : « Ce sont des contrats pétroliers à long terme. Il n'est pas facile de stopper les achats du jour au lendemain. » La déclaration intervient alors que Donald Trump, candidat à un retour à la Maison Blanche, a récemment averti via un post sur Truth Social que les pays continuant à acheter du pétrole ou des armes russes s'exposeraient à des droits de douane pouvant atteindre 100 %, sauf si la Russie s'engage dans un accord de paix majeur avec l'Ukraine. Vendredi, Trump avait même affirmé avoir entendu dire que l'Inde allait cesser d'acheter du pétrole russe, une affirmation aussitôt démentie par les autorités indiennes. Pas de changement de cap à New Delhi Selon un article publié samedi par le New York Times, deux hauts responsables indiens ont confirmé que la politique énergétique du pays restait inchangée et qu'aucune instruction n'avait été donnée aux compagnies pétrolières pour réduire les importations de brut russe. Le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Randhir Jaiswal, a rappelé que les décisions énergétiques de l'Inde sont prises selon sa propre vision stratégique, en tenant compte des conditions du marché mondial, sans se soumettre aux injonctions d'un pays tiers. « Notre partenariat avec la Russie est solide, constant, et façonné par les intérêts de l'Inde », a-t-il affirmé lors d'un point de presse vendredi. Des achats ralentis, mais pas stoppés Il est vrai que depuis début juillet, les raffineries indiennes publiques ont réduit leurs achats de pétrole russe, principalement en raison de la diminution progressive des remises accordées par Moscou. Les marges sont devenues moins attractives, atteignant leur plus bas niveau depuis l'imposition des sanctions occidentales contre la Russie en 2022. Quatre sources proches des plans d'achat de brut ont indiqué à Reuters que les entreprises publiques n'avaient pas commandé de cargaisons russes depuis environ une semaine. Toutefois, cette tendance semble conjoncturelle et non liée à une décision politique officielle. La Russie reste le premier fournisseur de l'Inde Avec environ 1,75 million de barils par jour livrés entre janvier et juin 2025, la Russie demeure le principal fournisseur de pétrole brut de l'Inde, représentant près de 35 % des importations nationales, selon les données fournies par Reuters. Elle devance l'Irak, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis dans le classement des exportateurs vers le troisième plus grand importateur et consommateur de pétrole au monde. Malgré les tensions géopolitiques, l'Inde semble donc bien décidée à conserver sa politique énergétique indépendante, en misant sur la diversification des approvisionnements et la sécurisation de son économie, fortement dépendante des importations d'énergie. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!