La tension diplomatique entre l'Algérie et la France franchit un nouveau palier. Dans un communiqué officiel publié par le ministère algérien des Affaires étrangères, Alger a exprimé son rejet ferme de la teneur de la lettre adressée par le président Emmanuel Macron à son Premier ministre, ainsi que des clarifications fournies par le Quai d'Orsay au chargé d'affaires de l'ambassade d'Algérie à Paris, en date du 7 août 2025. Selon les autorités algériennes, la lettre présidentielle française exonère unilatéralement Paris de toute responsabilité dans la dégradation des relations bilatérales, en imputant l'entièreté de la crise au seul camp algérien. Une position que le gouvernement algérien qualifie de « totalement éloignée de la vérité et des faits ». L'Algérie accuse la France de violer ses engagements bilatéraux Dans son communiqué, Alger rappelle que ses réponses aux provocations françaises ont toujours été prises dans le strict respect du principe de réciprocité, régulièrement expliqué dans les déclarations officielles précédentes. Le ministère algérien accuse explicitement la France de violations répétées de plusieurs accords bilatéraux, notamment : * L'accord franco-algérien de 1968 sur la circulation, l'emploi et le séjour des ressortissants algériens en France, * L'accord préférentiel de 1974, * L'accord de 2013 relatif à l'exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de mission, * ainsi que la Convention européenne des droits de l'homme de 1950. Alger dénonce par ailleurs des expulsions arbitraires de ressortissants algériens, sans recours administratif ni judiciaire effectif, ainsi qu'un refus de protection consulaire, en contradiction avec les normes diplomatiques. Fin de l'accord de visas pour diplomates français L'un des points les plus sensibles de la déclaration concerne l'annonce par Alger de la révocation unilatérale de l'accord de 2013 sur l'exemption de visas pour les porteurs de passeports diplomatiques ou de mission français. Selon le communiqué, c'est la France qui avait initié cette demande d'accord à l'époque, et sa suspension récente donne à l'Algérie l'occasion de le dénoncer formellement. À compter de cette décision, les diplomates français seront soumis aux mêmes procédures de visa imposées par Paris aux diplomates algériens. Une note verbale sera envoyée prochainement via les canaux diplomatiques pour notifier cette mesure, conformément à l'article 8 de l'accord dénoncé. Alger conteste la logique de la « visas contre expulsions » La déclaration algérienne critique également l'activation par la France de la politique dite « visa contre expulsion », qu'elle juge contraire aux engagements bilatéraux et aux conventions européennes en matière de droits fondamentaux. L'Algérie réaffirme son engagement à protéger ses ressortissants en France et à leur garantir un accompagnement juridique face à toute mesure abusive. Le communiqué évoque également le blocage par Paris, depuis plus de deux ans, des accréditations de plusieurs diplomates algériens, dont trois consuls généraux et cinq consuls. Là encore, Alger dit avoir réagi uniquement par application du principe de réciprocité, et assure que le retrait de ces obstacles par la France entraînera une réponse équivalente. Des contentieux mutuels à clarifier Enfin, dans un ton plus mesuré, Alger répond à la proposition française de résoudre plusieurs « différends secondaires ». Elle indique être prête à engager un dialogue diplomatique pour régler non seulement les litiges évoqués par la France, mais aussi d'autres dossiers de désaccord, jusqu'ici non abordés par Paris. Ce communiqué musclé, bien que formulé dans un cadre institutionnel, confirme l'enlisement de la relation bilatérale algéro-française. À quelques mois de l'échéance présidentielle en Algérie et dans un climat tendu en Europe sur les questions migratoires, les canaux diplomatiques devront redoubler d'efforts pour éviter une rupture durable. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!