Un vent de controverse a soufflé depuis Jumilla, une petite ville de la région de Murcie (sud-est de l'Espagne), où le conseil municipal a voté le 28 juillet 2025 l'interdiction de célébrer les fêtes musulmanes dans les infrastructures publiques, tels que les centres sportifs ou civiques. Ce texte, présenté par le Parti populaire (PP) avec le soutien indirect du parti d'extrême droite Vox, restreint l'usage de ces installations aux seules activités sportives ou municipales. L'expression « activités étrangères à notre identité » a été invoquée, bien que le texte ne mentionne pas explicitement les musulmans. Cette décision affecte directement les célébrations comme l'Aïd al-Fitr et l'Aïd al-Adha, des festivités majeures pour les quelque 1 500 musulmans de Jumilla, qui représentent près de 7,5 % de la population locale. Des leaders religieux, à l'instar de Mounir Benjelloun Andaloussi Azhari, président de la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques, qualifient la décision d'« islamophobe et discriminatoire ». Il confie à El País qu'il ressent pour la première fois « peur » après trois décennies en Espagne. Réactions politiques et sociétales Le gouvernement national a dénoncé cette mesure comme une illustration d'« islamophobie institutionnelle », tandis que les responsables régionaux restent vigilants face à la montée du discours de haine. Le ministre de l'Inclusion et des Migrations a annoncé une enquête sur la légalité de l'arrêté, soulignant son possible conflit avec l'article 16 de la Constitution, qui garantit la liberté religieuse. Des partis comme le PSOE et Podemos considèrent la mesure comme une menace à la cohésion sociale. Juan Abascal, figure de Vox, s'est félicité du vote, appelant à une Espagne fondamentalement chrétienne et défendant les « valeurs traditionnelles » en opposition aux célébrations musulmanes. D'autres voix, notamment la députée Mariola Guevara, ont dénoncé ce choix comme une expérimentation régionale de politiques xénophobes, au moment où les migrants jouent un rôle clé dans plusieurs secteurs économiques locaux. Liberté religieuse en jeu Les critiques rappellent que les célébrations religieuses publiques, même dans la sphère culturelle ou sociale, relèvent de la liberté de culte défendue par la Constitution. Refuser ces rassemblements aux musulmans tout en tolérant d'autres célébrations religieuses apparaît comme une atteinte aux principes démocratiques et un risque pour la coexistence. Ainsi, à Jumilla, ce vote inédit marque un tournant inquiétant. En ciblant explicitement les pratiques musulmanes sous couvert de sauvetage des « traditions », la mesure nourrit un climat d'exclusion. Si l'Espagne se veut protectrice de son héritage chrétien, elle ne peut pas le faire en érodant les droits garantis par sa propre Constitution. La vigilance démocratique reste plus que jamais nécessaire pour défendre l'identité espagnole dans toute sa diversité. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!