Les tensions commerciales entre Washington et New Delhi s'intensifient. L'Inde a réaffirmé qu'elle poursuivrait ses achats de pétrole russe, même au prix de droits de douane supplémentaires imposés par l'administration américaine. Cette position illustre la volonté de New Delhi de défendre sa sécurité énergétique et de garantir un approvisionnement stable pour ses 1,4 milliard d'habitants. Des droits de douane jugés « injustes » Selon la BBC, l'ambassadeur indien à Moscou, Vinay Kumar, a déclaré que son pays continuerait à importer du pétrole « là où les conditions sont les plus avantageuses », rejetant les pressions américaines. Washington a imposé des droits de douane de 50 % sur certains produits indiens, assortis d'une pénalité supplémentaire de 25 % liée aux importations d'hydrocarbures et d'armements russes. « C'est une décision injuste et injustifiée », a martelé le diplomate, ajoutant que les achats énergétiques de l'Inde obéissaient uniquement à des logiques de marché. De son côté, le vice-président américain JD Vance a justifié ces mesures par la nécessité de « faire pression économiquement sur Moscou » afin d'accélérer la fin de la guerre en Ukraine. Des importations russes en forte hausse Les données confirment une dépendance croissante de l'Inde vis-à-vis du brut russe. En 2024, entre 35 % et 40 % des importations indiennes de pétrole provenaient de Russie, contre seulement 3 % en 2021, avant le déclenchement du conflit ukrainien. Malgré les critiques américaines, accusant New Delhi de contribuer indirectement au financement de la guerre, les autorités indiennes défendent une approche strictement pragmatique : sécuriser leurs approvisionnements au meilleur coût. New Delhi défend son indépendance stratégique Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a également réagi, dénonçant une « hypocrisie » américaine. « Il est ironique qu'on nous reproche d'agir selon nos intérêts économiques, alors que Washington n'impose pas de sanctions comparables à la Chine ou à l'Union européenne, pourtant grands importateurs de pétrole russe », a-t-il souligné. L'Inde revendique son « indépendance stratégique » et refuse de réduire son partenariat énergétique avec Moscou. Tout en conservant des relations cordiales avec l'Ukraine – le Premier ministre Narendra Modi s'y est rendu en 2024 et une visite du président Volodymyr Zelensky à New Delhi est attendue – le pays s'abstient de condamner publiquement la Russie. Le président Vladimir Poutine est également attendu cette année en Inde pour une visite officielle, confirmant la solidité des liens entre les deux partenaires. Un contexte énergétique et économique mondial fragile La crise énergétique se déroule dans un cadre plus large de fragilités économiques mondiales : ralentissement de la croissance en Chine, endettement élevé, baisse de la consommation et multiplication des mesures protectionnistes américaines. Dans ce contexte, la posture indienne est perçue comme un test de sa capacité à concilier ses besoins énergétiques avec les contraintes géopolitiques croissantes. En choisissant de défier Washington, New Delhi affirme une fois de plus son rôle de puissance émergente qui refuse de se laisser dicter ses choix stratégiques. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!