A chaque fois que le « semi-candidat » à la présidentielle Dominique de Villepin s'exprime dans les médias – ce qui arrive souvent, la presse l'adore ! – il tire en direction du palais de l'Elysée. C'est à croire qu'il dispute à l'ex-président François Hollande le statut de pourfendeur numéro 1 du chef de l'Etat, Emmanuel Macron. De Villepin revient troubler le sommeil du président de la République… De l'avis unanime la messe est dite pour le Premier ministre François Bayrou. Il a voulu éviter sa destitution au prix du déshonneur, en annonçant le rabotage de l'aide médicale d'Etat pour les sans-papiers (une obsession malsaine de l'extrême droite, le ténor à l'Assemblée nationale), Bayrou a le déshonneur et il aura la déchéance publique ce 8 septembre. Après ça le déluge ? De Villepin pense qu'il y a moyen de conjurer un chaos politique et économique indescriptible. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac alerte sur le fracas de la dissolution, que son mentor avait lui-même douloureusement expérimentée en 1997, avec le socialiste Lionel Jospin. De Villepin est d'avis qu'on peut éviter «une crise de régime», mais avec une potion amère que le président refuse de prendre : un Premier ministre de gauche après la disgrâce de Bayrou… «Il faut faire les choses dans l'ordre. Il faut commencer par le bloc qui est arrivé en tête aux dernières élections, c'est un bloc de gauche. Sollicitons les personnalités qui sont susceptibles de constituer ce gouvernement. S'il échoue, alors on s'adressera au bloc central», a soutenu l'ancien chef de la diplomatie ce mercredi 3 septembre sur TF1. «Je demande que le président écoute les Français, marque une rupture franche (…) Il a tout mélangé en appelant Michel Barnier en 2024, un parti qui n'avait fait guère plus de 5 %. Il a brouillé les cartes, il n'a pas respecté le jeu démocratique», a-t-il martelé, reprenant son argumentaire le lendemain des législatives. Le blocage actuel, qui a commencé dès l'annonce des résultats des législatives anticipées de 2024, lui donne raison. «En cas d'échec successif, bien évidemment, il ne restera que l'option de la dissolution». Mais la dissolution «c'est la politique du pire, l'impossibilité d'une majorité. Pourquoi voulez-vous qu'au terme d'un nouveau scrutin, le résultat soit très différent ?», a-t-il souligné. La même posture que Hollande, qui confiait lundi dernier sur France 5 qu'il y a encore une fenêtre de tir pour éviter le traumatisme d'une nouvelle dissolution. «À partir de là, c'est le président qui est en première ligne. Et nous rentrons là dans une véritable crise de régime, avec la mise en cause du président qui sera tôt ou tard confronté à la démission», met en garde de Villepin… Bon, ne nous y trompons pas, il le dit pour l'intérêt supérieur de la France certes, mais également pour s'éviter des rendez-vous électoraux auxquels son nouveau parti n'a pas eu le temps de se préparer, que ce soit pour les législatives ou la présidentielle. Mais le fait est qu'il donne de l'épaisseur à une idée qui germe déjà. Olivier Faure, patron du Parti socialiste, a clairement dit qu'il est fin prêt pour remplacer Bayrou… La question est est-ce que Macron est disposé à lui donner les clés de Matignon ? Le chef de l'Etat a demandé à son camp, y compris les soutiens de Bayrou, de tendre la main aux socialistes, avec des compromis pour un programme commun. Mais le président n'a jamais dit qu'il veut un homme de gauche à Matignon. Il l'avait envisagé pour l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, mais y a vite renoncé. Pa ailleurs il se dit que Macron est prêt à lâcher du lest sur la taxe Zucman – l'imposition des ultra riches -, qu'il avait pourtant qualifiée d'inconstitutionnelle et que le Sénat a sabrée en juin 2025. L'ancien Premier ministre Gabriel Attal s'était débattu avec la contribution des superprofits mais n'a pas eu le temps d'aller au bout (il n'a fait que 8 mois à Matignon). Est-que cette fois l'Elysée réussira à concocter une mixture que socialistes et macronistes ingéreront sans broncher ? Le futur très proche nous le dira. Ce qu'on sait c'est que la Macronie a toujours bloqué systématiquement toutes les tentatives d'intrusion de la gauche, jusqu'à l'élection de la présidente du Parlement, alors que le dernier scrutin a placé en tête Faure, Jean-Luc Mélenchon, les Verts et compagnie (le Nouveau Front populaire).
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