Fitch Ratings a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+, faisant basculer le pays dans la catégorie des « simples A ». L'agence justifie sa décision par la paralysie politique qui rend improbable, à court terme, un plan crédible de réduction du déficit. Après un pic de 5,8 % du PIB en 2024, le solde budgétaire devait théoriquement revenir à -5,4 % cette année ; l'objectif affiché par le précédent exécutif de -4,6 % en 2026, fondé sur un effort de 44 milliards d'euros, apparaît désormais hors de portée, la plupart des prévisionnistes ne voyant au mieux qu'un déficit autour de -5 %. La bascule vers A+ entraîne des effets techniques : certains fonds, notamment étrangers — 54 % de la dette française est détenue par des non-résidents — limitent statutairement l'exposition aux signatures notées « A ». Des ventes forcées peuvent en résulter et tendre les taux. Pour autant, la réaction pourrait rester mesurée : l'état des finances publiques est déjà largement intégré par les marchés, qui disposent d'outils pour apprécier le risque en temps réel. La décision met fin à une anomalie de valorisation relevée par plusieurs économistes : l'écart de notation avec des pays européens financés parfois à des taux inférieurs devenait difficile à justifier. Ainsi, l'Italie emprunte à des rendements comparables — voire plus bas sur certaines maturités — alors même que son dette/PIB atteint 138 % contre 114 % pour la France, les investisseurs saluant surtout la trajectoire : le déficit italien a reculé de 7,2 % (2023) à 3,4 % (2024). L'Espagne (A-) et le Portugal (A-) ont également amélioré leur profil budgétaire. Fitch refuse le bénéfice du doute au nouveau premier ministre Sébastien Lecornu, qui tente de bâtir une majorité de passage pour voter un budget avant la fin de l'année. En mars, l'agence avait laissé la note inchangée malgré une loi de finances 2025 adoptée tardivement et au rabais ; elle se montre aujourd'hui moins patiente. Les regards se tournent vers Moody's (24 octobre) et Standard & Poor's (28 novembre), susceptibles d'ajuster à leur tour leur appréciation. Sur le plan fondamental, les marges de manœuvre de l'exécutif restent étroites. La dette publique a atteint 3 345 milliards d'euros au premier trimestre ; selon des estimations d'économistes, le déficit stabilisant la dette se situe autour de 2,8 % du PIB. La charge d'intérêts pèse de plus en plus : 58,8 milliards d'euros en 2024, avec une trajectoire qui pourrait dépasser 107 milliards en 2029 selon des projections de la Cour des comptes. Cette dynamique, couplée à une prime de risque potentiellement plus élevée, complexifie tout ajustement budgétaire rapide. Reste une inconnue politique : la perspective d'un compromis transversal sur le budget 2026. Si certains acteurs poussent à une dissolution, un tel scénario risquerait d'ajouter de l'incertitude, de peser sur la croissance, d'élargir le déficit et d'alourdir la dette — autant d'éléments que les agences de notation et les marchés prendront en compte dans leurs prochains arbitrages. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!