La campagne électorale pour la mairie de New York prend un tournant inédit. Selon le New York Times, le démocrate Zahran Mamdani, favori des sondages avant le scrutin de novembre, a affirmé qu'en cas d'élection, il ordonnerait l'arrestation de Benyamin Netanyahou si le Premier ministre israélien venait à se rendre dans la ville. Pour Mamdani, Netanyahou est un « criminel de guerre » responsable d'une politique d'extermination à Gaza, visé par une mandat de la Cour pénale internationale (CPI). Un engagement qui défie la ligne fédérale Dans son entretien avec le quotidien américain, Mamdani a déclaré qu'il appliquerait la justice internationale là où le gouvernement fédéral ne le fait pas : « Cette période exige que les villes et Etats prouvent ce que signifie réellement défendre nos valeurs et nos peuples », a-t-il insisté. Il a également promis d'agir de la même manière si le président russe Vladimir Poutine, lui aussi visé par une mandat de la CPI depuis 2023, entrait à New York. Cette posture le place en frontal avec Washington. En février dernier, le président Donald Trump a pris des mesures pour sanctionner la CPI après son mandat visant Netanyahou, estimant que l'institution « n'avait aucune autorité » ni sur Israël ni sur les Etats-Unis. Lors d'une réunion à la Maison-Blanche cet été, Netanyahou avait d'ailleurs ironisé sur les menaces de Mamdani, qualifiant l'idée d'« absurde », avant que Trump n'ajoute : « Il vaut mieux qu'il se tienne tranquille, sinon il aura de sérieux problèmes. » Sur le plan juridique, les experts interrogés par le New York Times jugent l'arrestation « pratiquement impossible ». En cause : le loi de protection des forces armées américaines votée en 2002, qui interdit aux autorités locales et fédérales de coopérer avec la CPI. Cependant, une clause d'exception permet aux Etats-Unis d'aider à livrer à la justice des ressortissants étrangers soupçonnés de génocide, crimes de guerre ou crimes contre l'humanité. Selon Beth Van Schaak, ancienne ambassadrice américaine chargée de la justice pénale internationale, cette disposition ouvre une porte théorique, même si elle reste difficile à appliquer politiquement. Une ville partagée, une opinion mobilisée New York abrite la deuxième plus grande communauté juive au monde, ce qui rend la question hautement sensible. Si certains dirigeants communautaires s'inquiètent des positions de Mamdani, le quotidien rapporte que de larges pans de la population se montrent solidaires des victimes de Gaza et favorables à une pression accrue sur Israël. Un sondage New York Times–Université de Siena indique que Mamdani devance légèrement ses adversaires, avec environ 30 % de soutien y compris chez une minorité d'électeurs juifs. Pour ses partisans, ses promesses incarnent une volonté de rompre avec le silence fédéral et de replacer le débat sur la responsabilité internationale. Une promesse à haute portée symbolique Au-delà de la faisabilité juridique, l'annonce de Mamdani s'inscrit dans une stratégie de mobilisation militante et de différenciation politique. En liant son nom à des causes aussi clivantes que Gaza ou la justice internationale, le candidat transforme l'élection municipale en tribune mondiale. Elle interroge surtout l'image des Etats-Unis : longtemps présentés comme un bastion des libertés, ils se retrouvent confrontés à des élus locaux qui dénoncent l'impunité des puissants et affirment vouloir appliquer le droit international au cœur même de New York, siège des Nations unies. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!