Le nouveau Premier ministre français, Sébastien Lecornu, a annoncé, lundi 15 septembre, la suppression des « avantages à vie » accordés aux anciens membres du gouvernement. La mesure entrera en vigueur le 1er janvier 2026. « C'est fait », a-t-il confirmé sur le réseau X, en précisant que seules des protections policières temporaires et renouvelables selon le niveau de menace resteront possibles pour les anciens Premiers ministres et anciens ministres de l'Intérieur. Cette décision intervient deux jours après une promesse formulée par Sébastien Lecornu dans un entretien à la presse régionale, où il estimait qu'« on ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'Etat n'en font pas ». Le locataire de Matignon, nommé le 9 septembre et officiellement entré en fonctions le 10 septembre, enchaîne ainsi un premier geste de sobriété de l'Etat dans un contexte social tendu. Quels « avantages » sont visés et combien coûtent-ils ? Dans les faits, les anciens Premiers ministres disposent aujourd'hui, sur demande, d'une voiture avec chauffeur, d'un secrétariat (limité à dix ans et jusqu'à 67 ans) et d'une protection policière. Selon les estimations, 17 ex-locataires de Matignon sont potentiellement concernés ; le coût annuel de ces dispositifs est évalué à 4,5 millions d'euros, dont 3 millions pour la seule sécurité (contre 2,8 millions pour la protection de 10 ex-PM en 2019). Pour les anciens ministres, les avantages cessent à la sortie du gouvernement, hors indemnités transitoires. Le Premier ministre a également indiqué vouloir limiter "tous les autres moyens" mis à disposition des anciens Premiers ministres pour une durée non plus illimitée mais bornée, confirmant l'orientation générale de réduction du train de vie de l'Etat. Cette séquence s'inscrit dans la volonté affichée par Sébastien Lecornu d'ouvrir son mandat par des mesures budgétaires jugées symboliques et rapides, alors que l'exécutif cherche à ramener le calme avant une nouvelle journée de grève le 18 septembre. Le chef du gouvernement reçoit par ailleurs, cette semaine, responsables syndicaux et politiques pour engager le dialogue. Analyse – les arguments « pour » et « contre » Les "pour" * Exemplarité et cohérence budgétaire : le signal d'austérité au sommet peut renforcer l'acceptabilité des efforts demandés au pays, pour des économies immédiates (même modestes) et répétées chaque année. * Lisibilité démocratique : la fin de privilèges « à vie » pour des fonctions temporaires répond à une attente d'équité et désamorce un ressentiment récurrent vis-à-vis des élites. Les "contre" * Impact budgétaire limité : à l'échelle d'un budget national, 4,5 M€ par an restent marginaux ; la mesure relève surtout du symbolique et ne règle pas les déséquilibres structurels. * Risque sécuritaire et opérationnel : bornage trop strict des moyens pour d'ex-PM potentiellement menacés ou encore très exposés médiatiquement ; la protection devra rester strictement indexée au risque pour éviter tout angle mort. * Judiciarisation possible : la redéfinition d'avantages existants peut susciter des recours (interprétation des circulaires antérieures, conditions d'extinction des moyens), nécessitant des textes d'application clairs. Ainsi, politiquement payante et socialement lisible, la fin des avantages « à vie » marque une rupture symbolique de début de mandat. Son efficacité réelle dépendra toutefois des décrets d'application, du calibrage au risque des protections résiduelles et d'une trajectoire budgétaire plus large pour en amplifier la portée. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!