Emmanuel Macron a accepté la démission de Sébastien Lecornu, moins d'un mois après sa nomination, puis lui a fixé un ultimatum : conduire des « négociations ultimes » et présenter, d'ici 48 heures, une « plateforme d'action et de stabilité » capable de soutenir la reformation d'une équipe gouvernementale viable. L'échéance court jusqu'à mercredi soir, signe d'une gestion de crise à la minute près. Le choc est institutionnel. En 27 jours à Matignon, Sébastien Lecornu devient l'un des Premiers ministres les plus éphémères de la Ve République. Sa démission intervient quelques heures après l'annonce d'une équipe largement reconduite, qui a aussitôt déclenché une fronde chez des alliés courtisés, notamment au sein de la droite parlementaire. C'est autour de la composition de l'exécutif que la rupture s'est cristallisée. Bruno Le Maire a annoncé son retrait du gouvernement, décision qui a agi comme détonateur politique. Dans la foulée, Bruno Retailleau a publiquement dénoncé une formation « qui ne reflète pas la rupture promise » et a convoqué le comité stratégique de son parti. Ce double mouvement — retrait de Le Maire et mise en garde de Retailleau — a précipité l'onde de choc et fragilisé plus encore la perspective d'un soutien parlementaire minimal. Pour l'Elysée, l'objectif des 48 heures est clair : arracher un socle commun, même restreint, avec des forces antagonistes et revenir rapidement avec un cap lisible. À défaut, plusieurs scénarios restent sur la table : nomination d'un nouveau Premier ministre, recomposition plus large ou, en ultime recours, recours aux outils institutionnels les plus lourds si aucun accord durable n'émerge. La marge de manœuvre au Parlement est ténue. Sans majorité claire, l'exécutif sait qu'une déclaration de politique générale ou un texte budgétaire clé peut se heurter à une coalition de rejet. L'ultimatum vise donc à sécuriser, au minimum, un engagement écrit sur quelques priorités partagées — calendrier, séquençage des réformes, principes de nominations — afin d'éviter une chute immédiate d'un éventuel gouvernement recomposé. Au-delà du périmètre partisan, l'épisode a une portée économique et extérieure. La visibilité de la trajectoire budgétaire, les arbitrages industriels et la coordination européenne dépendent d'un exécutif stabilisé. En ce sens, le retrait de Bruno Le Maire, figure centrale des dernières années sur les dossiers économiques et financiers, ajoute une inconnue à court terme : qui portera la crédibilité budgétaire et la lisibilité de la stratégie économique française dans les négociations européennes à venir ? En deux jours, l'Elysée joue un pari de maîtrise : transformer une démission en rebond contrôlé. Si une plateforme d'action émerge à temps, la crise restera comme un avertissement sévère. Si elle échoue, la France s'enfoncera dans un territoire institutionnel inédit, avec un exécutif sommé de changer d'équipe, de méthode... ou d'échelle. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!