C'est l'histoire d'une amitié corrosive et in fine explosive, avec des dégâts incommensurables, pour les deux protagonistes mais surtout pour un pays malade, la France. Le gouvernement de Sébastien Lecornu n'a pas tenu le choc Bruno Le Maire, le grand fossoyeur des finances publiques (mais il n'est pas le seul, son mentor, le président Emmanuel Macron, également). Le Premier ministre, qui n'en est pas à une cachotterie près – je fais allusion à son prétendu diplôme de Master -, s'est bien gardé de signifier à ses partenaires du gouvernement qu'il faisait revenir le loup Le Maire dans la bergerie. Les langues se délient ce lundi 6 octobre, on a surtout retenu la colère froide du ministre de l'Intérieur et patron des Républicains (la droite), Bruno Retailleau ; il a commenté sur le plateau de TF1 le départ surprise de Lecornu. Les oreilles de l'éphémère occupant de Matignon (à peine 28 jours, le séjour le plus bref de la 5e République) vont siffler… « Hier j'ai été reçu pendant 1h30 par le Premier ministre, quelques minutes avant que la composition du gouvernement ne soit donnée. Il m'a caché la nomination de Bruno Le Maire« , déclare le ministre démissionnaire de l'Intérieur. Il enfonce Lecornu en ajoutant que cela pose « un problème de confiance« . « Quand on est dans une équipe, il y a besoin de confiance (…) Moi je ne peux pas m'engager dans un gouvernement où on ne me dit pas tout« . Le retour aux affaires de Le Maire était susurré depuis quelques semaines mais c'était trop gros pour que le personnel politique accorde de l'importance à un tel scénario. Tout s'est vite emballé après la confirmation officielle des membres du gouvernement hier dimanche 5 octobre. Retailleau, reconduit au ministère de l'Intérieur, a fustigé le casting sur les réseaux sociaux. Il a clamé que les noms ne traduisent pas « la rupture promise » par Matignon. En fait tout le monde a tiqué sur le nom Le Maire, au poste de ministre des Armées. On a appris peu après que les anciens Premiers ministres Gabriel Attal et Edouand Philippe ont refusé de piloter ce département, calculs politiques obligent (ils ne veulent pas cramer leurs chances pour 2027, Macron étant devenu toxique). Alors Le Maire, qui avait filé en Suisse (pour y donner des cours), a dit Oui… « Je viens pour servir les Français. Je viens pour servir nos soldats« , a posté le ministre sur le réseau X hier soir. Mais voilà, personne ne partage son enthousiasme. La cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, s'est gaussée du retour « pathétique » de « l'homme qui a mis la France en faillite« . La leader des Ecologistes Marine Tondelier a fustigé « la prime à l'incompétence« . Bref, l'appétit pour l'ancien grand argentier de la République tend vers zéro. Ce qui devait arriver arriva : Retailleau a publiquement manifesté sa défiance, le peu de crédit qui restait à Lecornu s'est volatilisé. Face au déluge d'attaques le Premier ministre en a conclu que les conditions pour gouverner n'étaient « pas remplies« , il a donc démissionné, départ accepté par l'Elysée. Donc on efface tout et on recommence.
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