Vendredi 10 octobre 2025 – Le militant écologiste Ameur Jeridi est revenu aujourd'hui sur la situation environnementale dramatique que connaît le gouvernorat de Gabès, où la pollution industrielle a engendré des conséquences graves sur la santé des habitants et sur les écosystèmes marins et agricoles. Une « erreur environnementale mais un choix économique » Selon Jeridi, le problème de la pollution à Gabès n'est pas nouveau. Il trouve ses origines dans la création du groupe chimique dans les années 1970. Ce projet, décrit comme une « erreur environnementale mais une réussite économique », visait à décentraliser l'industrie, créer des emplois et exploiter les ressources naturelles à des fins d'exportation. Cependant, cette stratégie a été mise en œuvre sans aucune réflexion écologique, à une époque où la conscience environnementale en Tunisie n'en était qu'à ses débuts. L'éveil tardif de la conscience écologique en Tunisie L'activiste a rappelé que la prise de conscience environnementale en Tunisie a commencé dans les années 1970 avec la création de la première association environnementale en 1971, suivie de la Commission nationale de l'environnement en 1978, placée sous la tutelle de la Primature. Ce n'est qu'en 1988 que fut créée la première agence environnementale exécutive, l'Agence nationale de protection de l'environnement, tandis que la première version du ministère de l'Environnement n'a vu le jour qu'en 1998 — soit vingt ans après la première institution de ce type dans le monde, fondée en France. Des dégâts écologiques majeurs Cette absence de politique écologique à long terme a conduit à une pollution atmosphérique, marine et terrestre considérable. Selon Jeridi, près de la moitié de l'oasis de Gabès n'est plus productive, tandis que la mer a connu un phénomène de désertification biologique, marqué par la disparition d'algues et d'espèces de poissons. Le militant affirme que le problème demeure aujourd'hui inchangé, malgré les multiples alertes des associations environnementales. Des solutions existantes mais presque impossibles à appliquer Jeridi souligne que des solutions techniques existent, mais qu'elles sont extrêmement coûteuses. Deux pistes principales sont évoquées : * Déplacer le groupe chimique loin du littoral pour réduire la contamination marine. * Installer des systèmes de filtration performants capables de réduire les émissions gazeuses à zéro, notamment celles de phosphogypse, un sous-produit dangereux qui ne devrait plus être rejeté dans la mer, mais enfoui dans des zones éloignées des nappes phréatiques et des zones habitées. Un défi national nécessitant une volonté politique Au-delà de Gabès, Jeridi rappelle que la Tunisie fait face à de multiples crises environnementales, notamment la gestion des décharges sauvages et des déchets dangereux. Pour lui, seule une stratégie nationale audacieuse impliquant le secteur privé, des financements conséquents, voire des emprunts internationaux, pourrait inverser la tendance. Mais cela exige, insiste-t-il, une volonté politique réelle, un soutien médiatique durable et une mobilisation citoyenne. En conclusion, Ameur Jeridi estime que la réhabilitation environnementale de Gabès nécessitera de longues années de travail planifié, avec des projets structurants pilotés par l'Etat, garant de la protection de l'environnement et du droit des citoyens à un cadre de vie sain. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!