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Pollution marine et menace pour l'équilibre écologique: Va-t-on s'y attaquer réellement ?
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 08 - 2022

En Tunisie, l'immersion des déchets est une pratique remarquable dans toute la bande côtière et a des répercussions négatives sur les créatures marines et les êtres humains.
Les mers et les océans couvrent plus de 70 % de la surface de la Terre, et les écosystèmes marins sont importants pour la vie humaine en raison de leur valeur vitale et économique, grâce à leurs ressources nutritives qui ont également une importance opérationnelle, car elles contiennent des réserves minérales, comme le sel et le pétrole. Or, cette richesse est soumise à la destruction quotidienne, que ce soit au niveau des plages ou dans les eaux profondes, de sorte que la mer n'est plus capable de fournir des services écologiques aux humains et aux êtres vivants. Par ailleurs, l'immersion des déchets se poursuit jusqu'à nos jours à cause de la croissance démographique et l'ampleur des activités humaines partout dans le monde. En Tunisie, cette pratique est remarquable dans toute la bande côtière et a des répercussions négatives sur les créatures marines et les êtres humains à cause, d'un côté, du désistement de l'Etat, et, d'un autre côté, de la fausse croyance citoyenne bien ancrée stipulant que la mer s'autonettoie, d'où la sous-estimation de l'impact de l'immersion des déchets qui a des conséquences désastreuses sur le plan sanitaire, économique et social. Partant de ce constat alarmant, le Ftdes a consacré un long chapitre à la ''Pollution marine et menace pour l'équilibre écologique'', dans le cadre de son étude sur ''Quelle réalité environnementale en Tunisie ?''.
Une malédiction pour l'écosystème maritime
La bande côtière tunisienne, qui s'étend sur 1.300 km, souffre de plusieurs types de polluants. Au cours de l'été 2021, la baignade était interdite dans 17 plages réparties sur 6 gouvernorats, selon les déclarations du ministère de la Santé, qui anime un réseau national de surveillance des plages comprenant 537 points de contrôle permanent, répartis sur toute la bande côtière, selon les résultats des analyses de 13 laboratoires de contrôle bactériologique.
L'Office national de l'assainissement (Onas), chargé de la gestion du service d'assainissement et la lutte contre toutes les sources de pollution maritime, est tenu pour premier responsable de cette situation désastreuse due au déversement d'eaux usées non traitées dans la mer. En raison de l'irresponsabilité de l'Onas et de l'inexécution de ses missions sous prétexte qu'il ne dispose pas des moyens humains, logistiques et matériels pour traiter l'eau comme il se doit, la vie marine s'est détériorée, engendrant une catastrophe environnementale, notamment en rapport avec la détérioration de la qualité de l'eau, dont la couleur est devenue un peu louche et l'odeur nauséabonde et s'est transformée en un foyer de bactéries provoquant la propagation de maladies, notamment les maladies dermatologiques et le choléra, en plus de l'extinction de nombreux animaux marins, sans oublier les répercussions fâcheuses sur le tourisme et l'économie dans les zones côtières, à cause de la pollution de la plupart des plages qui a engendré la perte des petits métiers libéraux.
S'ajoutent à cela les polluants provenant d'établissements industriels qui déversent leurs eaux usées sans traitement ou sans prendre en compte les standards nationaux et internationaux. C'est ce qu'on constate aujourd'hui dans plusieurs zones côtières en Tunisie : à Nabeul, Sousse, Monastir, Sfax et Gabès.
Soulèvement de la banlieue sud de Tunis
Les habitants de Oued Melyen et la société civile ont pointé du doigt l'Onas d'être responsable de cette situation, en raison de sa politique de déversement direct des eaux usées dans l'Oued Melyen, dont les eaux se déversent dans le golfe de Tunis. La couleur des eaux de mer s'est noircie, et on sentait une odeur écœurante, ce qui a alimenté le soulèvement des populations victimes depuis la mise en place de l'Onas, si bien que les plages de Radès, Ez-Zahra, Hammam-Lif et Borj Cedria sont passées d'un paradis attractif pour les citoyens et notables, surtout les beys, pour passer leurs vacances, en un désert sans vie. Ce soulèvement s'est déclenché après de nombreuses revendications pour stopper le déversement des eaux usées sans traitement dans l'Oued Melyen et exigeant des structures étatiques de jouer leur rôle et d'appliquer les lois sur les entreprises industrielles polluantes qui déversent leurs eaux usées, à leur tour, dans l'oued faute de station d'assainissement. Les habitants ont également exigé de mettre un terme au déversement anarchique sans une véritable réaction positive des autorités compétentes. Notons que pendant ces dernières années, la société civile a commencé à bouger et à brandir plusieurs slogans, dont «fermez l'Onas, la mer de la banlieue sud abattue, demain on la récupérera». En 2019, elle a réalisé une première analyse bactériologiques de la mer d'Ez-Zahra à l'Institut Pasteur, et une autre en juillet 2020 dans un laboratoire au Centre international de technologie de l'environnement « Citet ». Ces analyses ont confirmé la pollution de la mer d'Ez-Zahra. Les résultats de la seconde analyse ont été concluants, puisqu'ils ont révélé une concentration de 350 germes fécaux pour tout 100 millilitres d'eau sur la plage à 150 mètres d'Oued Melyen, ce qui équivaut à 3 fois le maximum autorisé selon les normes tunisiennes. En conséquence, des mouvements de terrain ont été lancés, dénonçant la politique de l'Onas et la mauvaise gestion de ce dossier par les autorités compétentes. Plus de 3.500 citoyennes et citoyens ont participé à ce mouvement, qui ont réussi à mettre en lumière ces violations, devenant ainsi une affaire publique. Médiatisée, cette protestation a obligé l'Onas à se déplacer sur les lieux et à prendre une initiative visant à absorber la colère populaire en présentant une étude intitulée ''Etude de l'impact environnemental et social de l'étude d'un projet d'implantation d'une banque marine dans le golfe de Tunis'', présentée par un bureau d'études dans le cadre d'un appel à consultation publique. Le combat environnemental marin mené par la société civile de la banlieue sud se poursuit, alors que des militants ont formé une coalition d'associations participatives pour sauver la mer des griffes de l'Onas et entreprises industrielles et pour inviter le gouvernement à prendre des mesures urgentes permettant de sauver la vie dans la bande côtière de la banlieue sud.
Le Groupe chimique et les établissements industriels ruinent le golfe de Gabès
A Gabès, le Groupe chimique est l'employeur principal pour la population locale, mais également un destructeur massif de la vie humaine. L'Etat couvre cet établissement sous prétexte de sa forte valeur ajoutée en termes d'employabilité, malgré le fait qu'il ne respecte pas les lois, les conventions ou les protocoles environnementaux tunisiens qui stipulent la nécessité de lutter contre la pollution et protéger les eaux méditerranéennes sous toutes leurs formes. Le Groupe chimique déverse des quantités importantes de phosphogypse, s'élevant à environ 15.000 tonnes par an, et c'est un produit chimique toxique résultant de la conversion du phosphate naturel pour produire de l'acide phosphoreux. Le phosphogypse contient des métaux lourds et de nombreuses matières radioactives, notamment du strontium, du cadmium, du plomb, du nickel, de l'uranium et autres. Il est classé, selon la législation tunisienne, dans la catégorie des déchets dangereux. Cette substance cause plusieurs dommages, notamment la mort d'organismes marins, de végétaux et animaux, la désertification de la mer et la réduction de la biodiversité dans le golfe de Gabès, à l'exception des types de poissons capables de s'adapter à la pollution, ce qui a entraîné la détérioration de la situation économique des petits pêcheurs. Aussi, à cause du phosphogypse, la couleur de la mer s'est noircie, dans laquelle il est impossible de se baigner, ce qui a nui aux activités touristiques de la ville, en plus de la propagation de nombreuses maladies, notamment le cancer, dues à la pollution industrielle causée par cette substance dangereuse.Le problème de la pollution à Gabès reflète la politique de l'Etat tunisien qui pousse les jeunes chômeurs à faire le choix entre l'emploi, l'environnement et la santé, insinuant l'impossibilité de trouver une stratégie consensuelle. C'est dans cette optique que le collectif de jeunes Stop Pollution a été créé pour défendre le droit de Gabès à un environnement sain, et a mené, depuis sa création, un marathon de luttes pour réduire la pollution causée par le Groupe chimique et a organisé des déplacements de terrain aux niveaux régional, national et international afin d'attirer l'attention sur la souffrance de la population et son droit confisqué sous prétexte de promotion de l'investissement.
Le plastique ruine la biodiversité marine
Les matières plastiques laissées par les baigneurs et les pêcheurs qui utilisent des filets en plastique sont à l'origine de l'extinction de nombreuses créatures marines par suffocation à cause des filets de pêcheurs ou en avalant des morceaux de plastique ou des déchets. Le plastique entrave également le mouvement des créatures marines : le rapport de l'Organisation régionale pour la protection du milieu marin Environnement pour l'année 2021 estime que le nombre d'oiseaux marins qui meurent annuellement à cause des déchets plastiques au niveau mondial est d'un million d'oiseaux, tandis que le nombre d'organismes fongiques qui meurent à cause de cela est estimé à cent mille.
Selon le Programme des Nations unies pour l'environnement, au moins 11 millions de tonnes de plastique sont rejetées dans les mers chaque minute, ce qui équivaut à un camion poubelle déversé chaque minute, et on recense 51.000 milliards de particules de microplastique dans nos mers à l'échelle mondiale. Le plastique a, donc, des répercussions sur la santé humaine, et des effets négatifs sur l'économie des pays et sur l'économie mondiale. En 2018, on estime que les coûts de la pollution plastique marine mondiale pour le tourisme, la pêche et l'aquaculture, en plus d'autres coûts (tels que le nettoyage), pourraient être d'au moins 6 à 19 milliards de dollars. Face à cette situation, en 2017, le même programme a lancé la campagne «Mers propres » dans 63 pays, visant à réduire l'utilisation de plastiques inutiles, évitables (y compris les plastiques à usage unique) et à éliminer progressivement les microplastiques fins ajoutés.
Cependant, la Tunisie ne s'y est pas jointe, comme si la pollution plastique des plages est d'une importance secondaire. Notre système maritime est également exposé à des violations liées aux choix politiques de l'Etat tunisien face à la rareté des eaux et à la sécheresse ; l'Etat s'étant tourné vers le dessalement coûteux de l'eau de mer comme solution de mobilisation des ressources hydriques et de résoudre la crise de l'eau.
A noter qu'il existe actuellement deux stations en cours d'exploitation à Zarat et Sfax, et quatre stations en cours d'achèvement à Sousse, Zarzis, Menzel Temime et Ksour Essaf. Le danger de ces stations réside dans le sel qui est déversé dans la mer, causant, par conséquent, l'augmentation de la salinité de l'eau et réduisant le taux d'oxygène, ce qui affecte les organismes marins.


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